Stephanie, ex-catholique, Afrique du Sud (partie 2 de 6)

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Description: Sa vie en tant que catholique.

  • par Stephanie
  • Publié le 02 Feb 2015
  • Dernière mise à jour le 02 Feb 2015
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Ma vie en tant que catholique

En 2007, je me mis à fréquenter assidûment l’église catholique de mon quartier et entamai une longue initiation d’un an au catholicisme romain.  Le jour où je devins officiellement catholique, le 23 mars 2008, fut l’un des plus heureux de ma vie et j’en garde encore un excellent souvenir.

J’ignorais alors que ma quête ne s’arrêterait pas là…

En tant que nouvelle catholique, j’étais littéralement en amour avec ma nouvelle église et je m’y sentais comme chez moi.  L’année suivante (2009), je devins membre du ministère des sacristains (ceux qui préparent l’autel pour la messe avant chaque célébration), ce que j’aimais de tout mon cœur (j’avais déjà fait la même chose chez les anglicans).  Mais je fus bientôt insatisfaite de la façon dont les choses se déroulaient, à l’église, car j’avais cru, au départ, qu’il s’agissait d’un milieu strict et traditionnel.  J’en voulais particulièrement à la façon moderne et quelque peu désinvolte d’adorer le Seigneur, parmi les fidèles, en plus de me sentir à part, car j’étais la seule femme qui se couvrait la tête.  Je ne pouvais me résoudre à accepter l’explication moderne voulant que se couvrir la tête n’était désormais plus nécessaire.  Je croyais que les versets du 1 Corinthiens 11:3-16 demeuraient valides jusqu’à la fin des temps et au sein de toutes les cultures et sociétés.

Parce qu’il y avait eu un déclin marqué de la modestie, chez les femmes, après l’apparition du féminisme radical des années 60, j’en attribuai le blâme au féminisme, que je détestais profondément, car il avait dépouillé la femme de sa modestie et de sa dignité.  Je défendais la position de l’Église voulant que la femme soit soumise à son mari et qu’elle demeure silencieuse à l’église.  Fidèle à ces enseignements, je refusais d’accepter les rôles qui revenaient traditionnellement aux hommes.  Ce faisant, je me retrouvai en situation de conflit avec mes amies féministes; je me sentais très mal dans cette situation, car je passais pour une misogyne.  J’étais constamment en désaccord avec l’Église lorsqu’elle laissait les femmes occuper des rôles de leadership et tout ce qui sentait, même vaguement, le féminisme me poussait à écrire des lettres mal reçues au journal catholique local!  Puisque ces enseignements, sur les femmes, étaient dans la Bible, pourquoi n’étaient-ils pas suivis?  Après réflexion, je finis par reconnaître que c’était, en partie, parce que certains de ces enseignements n’étaient tout simplement pas raisonnables.  Aussi, si je défendais la modestie (qui est une chose raisonnable), j’étais constamment isolée, entourée de femmes, à l’église, qui étaient vêtue de manière quasi indécente.  Je ne comprenais pas pourquoi on ne nous enseignait rien, à l’église, sur la modestie.  Le catéchisme catholique était parfois très clair et parfois trop vague; il parlait de modestie d’une manière générale, mais sans fournir aucune ligne directrice, nous laissant agir selon notre jugement personnel.  Je me sentais malheureuse et amère à force de défendre une cause perdue d’avance.  Et je trouvais ironique d’avoir choisi le nom catholique « Dolores », qui signifie « chagrin »!

Chaque fois que je voyais une musulmane en hijab, je l’enviais et souhaitais être à sa place.  Je sentais, avec les musulmanes, une affinité que je n’avais jamais ressentie avec les femmes catholiques.  Chaque fois que j’en croisais une, je lui souriais.  Souvent, on me prenait moi-même pour une musulmane (à cause de mon foulard) et je préférais cela à être prise pour une religieuse.  Cela m’embarrassait quand des étrangers me disaient « bonjour ma sœur » et le prêtre de l’église que je fréquentais me réprimandait parce qu’il estimait que je m’habillais comme une personne que je n’étais pas.  C’est la raison pour laquelle je m’étais mise à attacher mon foulard selon le même style que les musulmanes, mais tout en portant un crucifix, afin d’éviter toute confusion.  Ce faisant, les gens ne me prenaient plus pour une musulmane, mais j’avais tout de même conscience de ressembler à l’une d’elles.  Cela ne me dérangeait pas, car je les admirais.  D’ailleurs, je ne ratais jamais une occasion de les défendre, lorsqu’on les critiquait, même si cela me faisait sentir un peu hypocrite.  Qui étais-je?  Une catholique?  Ou une musulmane?  Je lisais des romans dont l’histoire se déroulait au Moyen-Orient et dont les personnages étaient musulmans et j’écoutais les nouvelles sur Al-Jazeera, juste pour voir des femmes voilées et des musulmans se prosterner en prière, ce qui ne faisait qu’augmenter mon intérêt pour cette religion.

À l’époque où je m’étais convertie au catholicisme, j’avais eu un avant-goût de la vie de religieuse à cinq reprises, dans quatre couvents différents.  Les quatre premières fois furent en septembre 2006, dans un couvent anglican, en novembre et décembre 2008, dans un couvent carmélite, en janvier 2009, dans un autre couvent catholique et, à nouveau dans un couvent carmélite, d’octobre 2009 à janvier 2010 – mais sans succès.

Je me souviens d’un incident au couvent carmélite.  On m’avait installée dans les quartiers réservés aux invitées.  On était en novembre ou décembre 2009 et l’on m’avait interdit de porter mon foulard à l’intérieur du couvent, ce qui m’avait beaucoup attristée.  Le couvent était situé dans une banlieue où se trouvait également une mosquée.  C’est ainsi que j’entendis l’émouvant appel à la prière (adhan) à plusieurs reprises, surtout lorsque j’étais dans la salle de bain et que la fenêtre était ouverte.  Lorsque je l’entendais, je me tenais devant le miroir et, sortant un foulard de ma poche, je le mettais sur ma tête, m’imaginant être une musulmane!  Et je me demandais comment ce serait d’être musulmane.

Une autre de mes entreprises, en tant que catholique, fut mon aspiration à devenir penseur et écrivain.  Après que j’eus développé une vie spirituelle riche, en 2007, je vécus certaines expériences spirituelles et décidai d’écrire sur les sujets de l’eucharistie, la trinité et l’incarnation (de même que sur le statut de la femme, la modestie et le voile).  J’étais très absorbée par ces mystères chrétiens et, même si la trinité fut d’abord difficile à saisir, pour moi, je sentais qu’elle avait du sens si on l’abordait de façon spirituelle, sans qu’elle soit nécessairement compréhensible pour l’esprit.  (Je me disais qu’il y avait deux types de logique – la logique de la raison et la logique de la foi.  La première relevait de l’intellect humain, tandis que la seconde relevait d’un intellect plus élevé, plus spirituel et n’avait de sens que si l’on croyait aveuglément.  Le problème était que la « foi aveugle » pouvait facilement se transformer en opinions personnelles…)  La doctrine voulant que Marie (que la paix soit sur elle) soit la mère de Dieu m’apparaissait également étrange, tout en possédant une certaine logique dans la mesure où Jésus était considéré comme Dieu.  En dehors de ces doctrines, je développai la notion de Dieu en tant « qu’état de suprême bonheur ».  À la longue, ces réflexions m’emplirent de crainte, vis-à-vis de Dieu, car je réalisai à quel point je limitais Dieu à de simples concepts.  Cela pouvait facilement amener à penser que nous, êtres humains, avions un certain pouvoir sur Dieu.

      J’acceptais les doctrines chrétiennes sans jamais les remettre en question (jusqu’à récemment, lorsque je me suis sentie obligée de les remettre en question parce que je n’étais plus heureuse de ma situation).  À cause de mes écrits, je sentais que j’avais été privilégiée, au niveau du savoir, et que, par conséquent, je serais encore plus redevable de mes actions au Jour du Jugement si jamais j’abandonnais le catholicisme.  Et c’est la raison pour laquelle, en dépit de mon insatisfaction avec cette religion, je n’osais pas l’abandonner; je me voyais déjà brûler en Enfer.  Je ne pouvais, non plus, renoncer à croire à Jésus en tant que Dieu.  J’étais convaincue que je demeurerais catholique malgré tout, car ma foi était ferme.  Par ailleurs, je ne voulais même pas penser à ce que dirait ma mère si je tournais le dos à ma religion.  Je tremblais à la seule idée de laisser tomber Jésus.  Et pourtant, je ne pouvais plus me mentir à moi-même et nier mon intérêt croissant pour l’islam, même si je tentais de repousser cette idée de mes pensées.

En août 2010, je découvris un autre couvent catholique abritant des sœurs cloîtrées dominicaines, très éloigné de chez moi, qui répondait à toutes mes attentes et même au-delà.  Leur spiritualité correspondait à la mienne – elles se concentraient surtout sur la Vérité et la Pureté, les deux valeurs que j’estimais le plus.  Après une visite de deux mois, je demeurai parmi elles et fit mon entrée officielle dans leur ordre le 7 novembre 2010.  Je croyais vraiment avoir enfin trouvé mon chez-moi, mais mon insatisfaction profonde ne me quittait pas.  J’avais de la difficulté avec le fait d’être totalement coupée du monde qui m’entourait, tout en ne me sentant pas libre.  Deux mois plus tard, je décidai de quitter le couvent et je retournai chez moi sans aucun regret.  À ce moment-là, mon désir d’être religieuse, qui m’avait habitée durant cinq ans, avait définitivement disparu.  Nous étions alors en janvier 2011.

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