Anja, ex-chrétienne, Allemagne (partie 1 de 4)
Description: L’intérêt pour l’islam de cette étudiante universitaire grandit sur une période de deux ans et demi. Partie 1.
- par Anja
- Publié le 16 Jun 2014
- Dernière mise à jour le 16 Jun 2014
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« Aujourd’hui, J’ai parfait votre religion pour vous et J’ai accompli Mon bienfait sur vous. Et J’ai choisi l’islam comme religion pour vous. » (Coran 5:3)
Je suis née en 1967, dans une petite ville du comté de Sauerland, en Allemagne. Mon jeune frère et moi avons grandi à la campagne, dans une maison multifamiliale, avec mes parents et mes grands-parents. Mon grand-père était directeur d’une école primaire. Mon père, pour sa part, avait rêvé de devenir travailleur forestier, mais avait fini par être enseignant dans une école secondaire. Il aime toujours beaucoup la nature, mais au fil du temps, il semble avoir perdu son amour pour Jésus, au grand désespoir de ma grand-mère, qui a toujours été une fervente chrétienne. Elle est membre d’une petite église au sein de laquelle elle est très active et a tenté, toute sa vie, d’être le meilleur exemple chrétien possible pour ses enfants. Mon grand-père, cependant, est à peine croyant, ce que ma grand-mère n’a découvert qu’après son mariage. Et même s’il s’est toujours senti obligé d’assister à la messe, cela n’a eu aucun effet sur sa quasi absence de foi. Jusqu’à aujourd’hui, après chaque service, mes grands-parents ne peuvent s’empêcher d’entamer des discussions animées sur le christianisme en général et sur le contenu des sermons du prêtre en particulier. Cette situation a inévitablement affecté leurs trois fils; aujourd’hui, seul l’un d’eux fréquente l’église régulièrement.
Ma mère, quant à elle, vient d’une famille où la foi occupe une place importante et où elle n’est jamais sujette à discussion. Où, en fait, rien n’est jamais sujet à discussion. Comme ma mère était la plus jeune enfant, on ne l’a jamais vraiment prise au sérieux. Jusqu’à maintenant, elle regrette qu’on ne lui ait pas permis de choisir la profession qu’elle voulait. On a décidé, pour elle, qu’elle allait épouser mon père, qui était nécessairement un bon parti puisqu’il était le fils d’un enseignant. Et, comme ils étaient tous deux chrétiens, cela ne pouvait que garantir, croyait-on, le succès du mariage.
Pourtant, dès les premières années, le mariage connut des périodes difficiles à cause, justement, de tensions à caractère religieux. Tandis que ma grand-mère était élue première femme au conseil des aînés de son église, mes parents quittaient l’église l’un après l’autre. Puis, vint un jour où ils sentirent qu’ils n’avaient plus rien en commun. Alors, après vingt ans de mariage et plusieurs tentatives de réconciliation, tous deux furent d’accord pour mettre un terme à leur union et leur divorce fut prononcé en 1986.
À cette époque, mon frère et moi n’étions pas très religieux, au désarroi de ma grand-mère. En fait, nous n’avions même pas été baptisés. L’église à laquelle appartenait ma famille ne baptisait pas les enfants, seulement les adultes qui sont en mesure de prendre cette décision de manière éclairée. Et, lorsque nous atteignîmes l’âge adulte, nous décidâmes tous deux de ne pas nous faire baptiser.
Pourtant, j’étais intéressée, et même fascinée par les religions. Le christianisme offre une approche acceptable, la croyance en un Dieu unique, qui a pris contact avec l’humanité par l’intermédiaire de prophètes. Dieu a ainsi pu enseigner aux gens qui ils étaient et comment ils se devaient d’agir, entre eux, et avec leur environnement. Mais avant longtemps, j’avais compris qu’il y avait un problème avec divers concepts chrétiens. Par exemple, que chaque être humain est accablé par le péché et que le péché originel nous colle à la peau depuis notre naissance. Que Dieu a envoyé Son fils sur terre afin qu’il souffre et qu’il meurt sur la croix pour nous libérer du fardeau de nos péchés. Un nombre de questions surviennent inévitablement dans notre esprit : le fils de Dieu, qui était censé être à la fois un homme et Dieu Lui-même, priait pour être sauvé de la crucifixion; mais à qui adressait-il donc ses prières? Sa vie a constitué un tournant dans l’histoire de l’humanité, au point où l’on parle, aujourd’hui encore, de la période « avant » Jésus-Christ et de la période « après » Jésus-Christ. Selon le christianisme, croire en lui est la seule et unique façon d’être sauvé. N’a-t-il pas dit : « Le chemin, c'est moi, parce que je suis la vérité et la vie. Personne ne va au Père sans passer par moi. » (Jean 14:6)
Avec la mort de Jésus, venu pour nous sauver, l’au-delà perd son aspect terrifiant. Le christianisme prêche que Dieu est amour; comment, alors, peut-il y avoir un Enfer? Le diable, qui était un moyen d’oppression pour garder les membres de l’Église à leur place, a été mis à la retraite. Les valeurs du christianisme contemporain se résument à peu près à « aimez votre voisin ». Tant que nous ne causons de tort à personne, tout va bien. Jésus a dit : « Ne vous imaginez pas que je sois venu pour abolir ce qui est écrit dans la Loi ou les prophètes; je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir. » (Mathieu 5:17) Dans le christianisme moderne, on ne parle plus des commandements. L’Église s’adapte à son époque, quoique pas assez rapidement pour certains de ses membres.
La Bible n’a presque plus de crédibilité. Elle contient sûrement quelques vérités, mais qui décide de ce qui est vrai, dans son contenu, et de ce qui ne l’est pas? Qui décide de ce qui est valide et de ce qui ne l’est pas? L’Église? Les théologiens? Ou chaque individu? N’est-il pas vrai que la plupart des gens, au meilleur de leurs connaissances et de leur conscience, se créent un système de croyance personnel? Soyons honnêtes et reconnaissons, au moins, que ce en quoi croient la plupart des « chrétiens » d’aujourd’hui n’a plus rien à voir avec le christianisme. Alors qu’ils cessent donc d’appeler leurs croyances « christianisme ».
J’entends déjà les chrétiens protester. Car selon eux, tant que la base commune est là, alors tout va. Mais… où est-elle, au juste? La vraie révélation, les paroles que Dieu a transmises à Jésus de Nazareth, où sont-elles? Dans la Bible, il n’y a pas un seul chapitre qui leur soit dédié.
Les phrases cliché sur la foi, qui ont souvent divisé l’Église, ont, le plus souvent, été tirées de comptes-rendus et de lettres historiques ou encore décidées lors de conférences théologiques, puis érigées au rang de doctrine. Combien de fois ai-je entendu : « N’essaie pas de comprendre, tu ne le peux pas; il te suffit d’avoir la foi »! Je crois, personnellement, que si Dieu nous a donné un cerveau et un intellect, c’est pour en faire bon usage. Et je crois que si je m’interroge sur un message transmis par Dieu, j’ai droit à des réponses plus claires que celles-là.
C’est d’ailleurs exactement ce que j’avais dit à mon professeur de religion, quand nous étions allés, avec la classe, passer un weekend dans un monastère peu de temps avant la remise des diplômes. Ils appelaient cela « journées de réflexion ». La réponse de mon enseignant me surprit. Il me dit : « Dieu ne te laissera pas tomber, tu vas voir. » Sa prédiction finit par s’avérer, même s’il avait probablement imaginé les choses différemment.
Mon intérêt pour Dieu et la religion me rattrapa quand mon chemin croisa celui de l’islam. Après avoir obtenu mon diplôme d’études secondaires, je déménageai dans une autre ville pour aller étudier l’économie à l’université. À cette époque, je croyais avoir choisi un domaine d’études qui me permettrait de me trouver facilement un emploi. Je n’éprouvais qu’un intérêt tiède pour l’économie, mais je me dis que mes années d’études passeraient rapidement. Je me trompais. L’atmosphère du département était suffocante et très déprimante. Les salles d’audition étaient bondées et étouffantes et des cours ennuyeux étaient donnés par des professeurs encore plus ennuyeux. Personne ne les écoutait et les étudiants passaient les périodes de cours à parler de tout et de rien.
La vie étudiante était à l’opposé des cours, c’est-à-dire trépidante. Jusque-là, j’avais vécu toute ma vie dans une petite ville. Mais tout à coup, c’était comme si tout un monde nouveau s’ouvrait à moi. J’eus l’occasion de rencontrer toutes sortes de personnes différentes avec lesquelles je discutai de Dieu et du monde en général. Parmi mes nouvelles connaissances se trouvaient quelques étudiants étrangers de confession musulmane. Alors le sujet de l’islam fut soulevé.
J’avoue que je trouvais plutôt amusant, à l’époque, de savoir qu’il y avait des gens, en ce monde, qui suivaient, avec le plus grand sérieux, des lois divines datant d’avant le Moyen-Âge. Mais, en réalité, les choses étaient bien différentes de l’image que je m’en faisais. La vie des étudiants étrangers, en Allemagne, n’a rien à voir avec les contes des Mille et une nuits. Au début, je le reconnais, je posais à mes voisins de résidence musulmans des questions plutôt ridicules ou encore provocatrices. Je leur demandais, par exemple, pourquoi le fait de couper des tomates ne faisait pas l’objet d’un rituel ou pourquoi les musulmans, qui invoquent Dieu avant et après avoir bu ou mangé ne L’invoquaient jamais avant et après avoir bu une bière au pub?
Mais, plus j’en apprenais sur l’islam et moins ces blagues me paraissaient amusantes. Je découvris que l’islam n’était pas aussi étrange que je l’avais imaginé et qu’il contenait de nombreux aspects que j’avais toujours aimés dans le christianisme, dont la croyance en un Dieu unique. Dieu, en arabe, est appelé « Allah », nom qui ne veut rien dire de plus que « le Dieu » et qui est même utilisé dans la version arabe de la Bible.
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