Noora Alsamman, ex-catholique, États-Unis
Description: Noora décrit les frictions avec sa famille suivant sa conversion.
- par Noora Alsamman
- Publié le 16 Sep 2013
- Dernière mise à jour le 23 Sep 2013
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Je me suis convertie à l’islam à l’âge de 15 ans. Ma mère est d’origine syrienne, née à Détroit, et mon père Américain, né de parents polonais et slovaque. Je suis également née à Détroit, au Michigan. Ma grand-mère est maronite, tandis que mon père et ma mère sont tous deux catholiques. À l’âge de 15 ans, je voulais devenir religieuse. Puis, un jour, dans mon cours d’histoire mondiale, à l’école, le professeur nous a parlé des grandes religions. Lorsqu’il aborda l’islam, un jeune Égyptien, dans ma classe, se mit à le corriger chaque fois qu’il donnait une information erronée. Je me dis « wow!, il doit avoir une foi vraiment profonde pour se permettre de corriger ainsi le professeur! ». Alors un jour, je lui demandai quelle était la différence entre le catholicisme et l’islam et il me répondit que peu de choses les différenciaient. Insatisfaite de sa réponse, je demandai à ma mère si je pouvais avoir une copie du Coran en anglais. Elle m’en procura une et quand je commençai à le lire, je fus incapable de le déposer. Je le lus, page après page, et je sus immédiatement qu’il provenait de Dieu, qu’aucun homme n’aurait pu écrire un texte comme celui-là. Et comme j’aime bien la poésie, j’aimai encore plus ce livre. C’est alors que, dans mon cœur, je sus que j’étais devenue musulmane.
C’est à partir de ce moment, aussi, que commencèrent tous mes problèmes. Je me mis à prier, jeûner, etc, et mes parents, surtout ma mère, se liguèrent contre moi. Comme j’étais jeune, je m’étais imaginé qu’ils aimeraient l’islam autant que moi, mais je me trompais. Ils me confisquaient mon hijab, mon tapis de prière, mon Coran et tous mes livres sur l’islam. Mon père fouillait ma chambre chaque jour, ce qui m’obligeait à cacher mon hijab. Ma mère m’interdit de fréquenter des ami(e)s musulman(e)s et n’hésita pas à appeler les parents de mes ami(e)s pour leur demander de cesser de me parler d’islam, car cela me rendait, selon elle, très confuse.
Mes parents me forçaient à aller à l’église. Je m’asseyais et je regardais les gens en me disant qu’ils étaient totalement égarés et que le prêtre ne faisait que leur raconter des mensonges et leur lire des passages de la Bible qu’il choisissait hors contexte pour mieux les interpréter. Je disais à ce prêtre que j’aimais l’islam et que je ne comprenais pas pourquoi il trouvait une si belle religion si mauvaise. Il me dit que cela provenait du diable. Jamais je n’oublierai ses yeux, lorsqu’il me dit cela, et je me dis que c’était plutôt lui qui ressemblait au diable en personne.
Ma mère me cuisinait du porc exprès et me faisait croire qu’il s’agissait de bœuf. Mais j’allais chercher l’emballage dans la poubelle et c’était bel et bien écrit « porc ». Et mon père me disait « dans ma maison, soit tu es catholique, soit tu quittes ». Je devais aller jusqu’à cacher mon Coran dans les conduits d’air climatisé, car s’ils le trouvaient, ils le mettaient aux ordures. Ils poussèrent leur harcèlement jusqu’à retirer le loquet sur ma porte de chambre, de sorte que je ne pouvais plus me cacher pour prier et ils riaient de moi quand ils me voyaient prier. Je ne peux exprimer à quel point j’étais blessée par l’attitude de mes parents.
Puis, j’entrepris d’enseigner l’islam à ma jeune sœur. Mes parents me dirent de cesser ou de quitter la maison. Je cessai, mais j’avais eu le temps de lui apprendre beaucoup de choses sur l’islam et elle remettait désormais en question plusieurs aspects du catholicisme. Je promis à Dieu que lorsque je serais un peu plus âgée, je pratiquerais l’islam entièrement. Je cessai de prier pour un temps (que Dieu me pardonne). Je n’avais nulle part où aller et aucuns moyens financiers. Et, même les parents de mes ami(e)s musulman(e)s me disaient de respecter mes parents. Mes ami(e)s musulman(e)s ne comprenaient pas ce que je traversais et ils n’étaient pas suffisamment matures pour bien me conseiller.
Un jour (j’avais vingt ans), à l’époque où j’étais à l’université, j’appelai la femme qui m’avait donné un Coran, car j’avais entendu dire qu’une nouvelle mosquée venait d’être construite dans les environs. Elle me dit qu’ils organisaient justement un repas communautaire, ce soir-là. J’y allai et lorsque j’entendis l’appel à la prière, je me mis à pleurer. Je répétai la shahada en public, au cours du mois de Ramadan, et je me promis à moi-même de prendre ma religion au sérieux et de ne plus porter attention à ce que diraient mes parents et les autres en général. Je me sentais, à ce point, comme Yunus, dans le ventre de la baleine. J’étais déterminée. Alors je laissai tomber mes mauvaises habitudes et la mauvaise compagnie et je m’entourai de musulmans.
Je commençai à porter le hijab régulièrement et mes parents tentèrent de m’en empêcher. Parfois, je préférais ne pas sortir plutôt que de sortir sans hijab. Parfois, je ne mettais mon hijab qu’une fois dans ma voiture afin qu’ils ne me voient pas, car ma mère, sarcastique, me répétait que l’islam disait d’obéir à ses parents et que je devais donc leur obéir. Elle me disait que j’avais l’air d’une vieille femme, avec mon hijab et mes vêtements modestes. Une autre fois, ma mère ne voulait pas que l’amie de ma sœur me voie avec un hijab, alors tout juste avant qu’elle n’arrive, ma mère et ma sœur l’arrachèrent de ma tête. Et, pour me défendre, je frappai ma mère. Que Dieu me pardonne.
Ma mère me dit que j’étais une égoïste, car je persistais à porter le hijab et à embarrasser ma sœur et toute ma famille. Elle détestait être vue en public avec moi. Ma grand-mère, de son côté, s’était elle aussi liguée avec les autres membres de ma famille. Lorsqu’elle me voyait prier, elle faisait exprès de me parler et, comme je ne répondais pas, elle se mettait à crier : « Ne m’entends-tu pas quand je te parle?! »
Même qu’une fois, elle me dit qu’elle ne croyait pas que Jésus fut né de manière miraculeuse. S’ils entendaient les cd de Coran que je faisais jouer discrètement, ils se mettaient à rire, à se moquer et à maudire les mots qu’ils entendaient. Mon grand-père ne m’adressa plus la parole, ma mère me dit d’aller en enfer et ma grand-mère fit de même. Ma mère tenta même de m’amener voir un psychiatre; elle lui avait dit que je m’étais convertie à l’islam et il avait suggéré de me prescrire des psychotiques.
C’était vraiment très difficile, pour moi, d’étudier avec tout ce qui se passait dans ma vie. Alors je cherchai à me marier pour pouvoir quitter la maison.
Grâce à Dieu, je fis la rencontre d’un musulman originaire de Syrie. Nous nous mariâmes et quittâmes Atlanta pour Houston. Un an plus tard, j’eus un garçon que je nommai Youssef. Gloire à Dieu! Je suis heureuse, maintenant, et j’aimerais, si possible, aller vivre à Médine, un jour. Dieu est très Généreux. Récemment, j’ai fait la rencontre d’une Jordanienne qui s’est elle aussi convertie à l’islam et qui est, elle aussi, passée par de rudes épreuves aux mains de sa famille. J’entends parler d’histoires de conversions incroyables, comme ce juif de New York qui immigra à Jérusalem pour finalement se convertir à l’islam. Sa femme, juive marocaine, s’est convertie également. Gloire à Dieu. Je Le remercie de tout cœur de m’avoir guidée vers l’islam.
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