Anne Collins, ex-chrétienne, États-Unis
Description: Après un long cheminement, une fervente protestante découvre l’islam et le pardon de Dieu.
- par Anne Collins
- Publié le 03 Feb 2014
- Dernière mise à jour le 03 Feb 2014
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J’ai été élevée dans une famille chrétienne pratiquante. À cette époque, les Américains étaient plus religieux qu’ils ne le sont aujourd’hui; par exemple, la majorité des familles assistaient à la messe du dimanche. Mes parents étaient impliqués dans les activités de notre paroisse et il n’était pas rare que des ministres (prêtres protestants) viennent chez nous. Ma mère enseignait à l’école du dimanche et il m’arrivait de l’assister dans cette tâche.
Même si je ne m’en souviens pas très bien, je crois que j’étais plus religieuse que les autres enfants de mon âge. À l’un de mes anniversaires, ma tante m’offrit un exemplaire de la Bible, tandis que ma sœur reçut d’elle une poupée. Je me souviens également avoir demandé un livre de prières à mes parents et d’avoir lu ce livre quotidiennement des années durant.
À l’école secondaire, je fus inscrite à un programme d’étude de la Bible deux années durant. Avant de commencer ce programme, j’avais lu certaines parties de la Bible, mais sans les comprendre vraiment, et c’est pourquoi mes attentes étaient élevées : j’allais enfin pouvoir en apprendre davantage sur le livre de Dieu. Malheureusement, nous étudiâmes plusieurs passages de l’Ancien et du Nouveau Testaments que je trouvai inexplicables, pour ne pas dire étranges. Par exemple, la Bible parle du péché originel, ce qui signifie que tous les êtres humains naissent pécheurs. Pourtant, j’avais, à l’époque, un frère qui était encore bébé et je savais bien que les bébés n’étaient pas des pécheurs. Par ailleurs, la Bible renferme des histoires très étranges et troublantes sur les prophètes Abraham et David, par exemple. Il m’était impossible de concevoir que des prophètes se comportent de la façon décrite dans la Bible, mais je n’osais interroger notre enseignant, à ce sujet, de crainte d’être jugée. Heureusement, il y avait parmi nous un garçon qui ne se gênait pas de poser les questions qui me tracassaient et qui, n’obtenant pas de réponses satisfaisantes, persistait à les poser.
La question qui me troublait le plus était celle de la trinité. Je n’arrivais tout simplement pas à comprendre le concept. Comment Dieu pouvait-Il être divisé en trois parties, dont l’une était humaine? J’avais étudié les mythologies grecque et romaine, à l’école, et je trouvais que l’idée de la trinité et des personnes saintes investies de pouvoirs surnaturels rappelait beaucoup les diverses « divinités » grecques et romaines, qui étaient chargées de différents aspects de la vie humaine. Le garçon, dans ma classe, qui posait beaucoup de questions en posa plusieurs à ce sujet et ne reçut jamais de réponses satisfaisantes. Notre enseignant, professeur de théologie de l’Université du Michigan, finit par lui dire de prier pour que Dieu raffermisse sa foi.
De mon côté, c’est ce que je fis et je priai.
À l’école secondaire, j’avais, pendant un temps, secrètement souhaité devenir sœur. J’étais attirée par la routine des prières à heures régulières, par l’idée d’une vie entière dévouée à Dieu et par le fait de me vêtir de manière à identifier clairement mon appartenance religieuse. Le plus grand obstacle à cette ambition était le fait que je n’étais pas catholique. Je vivais dans une ville du Midwest où les catholiques constituaient une infime minorité assez mal vue. De plus, mon éducation protestante m’avait inculqué une aversion pour les statues et l’iconographie religieuse et un rejet de l’idée voulant que des personnes mortes, considérées comme saintes, puissent venir en aide aux gens.
À l’université, je continuai de réfléchir et de prier. Les étudiants aiment discuter et débattre de sujets relatifs à la religion et j’entendis de nombreux points de vue. Comme Yusuf Islam (Cat Stevens), j’étudiai les courants spirituels orientaux : le bouddhisme, le confucianisme et l’hindouisme… mais n’y trouvai aucune réponse à mes questions.
Je fis la rencontre d’un musulman originaire de la Libye, qui me parla un peu de l’islam et du Coran. Il me dit que l’islam était la plus moderne des religions révélées. Mais parce que je percevais l’Afrique et le Moyen-Orient comme des régions rétrogrades, j’avais de la difficulté à associer islam et modernité. Ma famille invita ce Libyen à une messe de Noël. La messe fut très bien organisée et franchement mémorable. Mais, à la fin du service, il me demanda : « Qui a mis au point cette façon de faire? Qui vous a enseigné à quel moment vous devez vous lever, vous asseoir et vous agenouiller? Bref, qui vous a enseigné cette façon de prier? » Je lui parlai de l’histoire de l’Église, malgré le fait que ses questions m’avaient irrité au plus haut point. Mais, plus tard, elles me firent réfléchir.
Les gens qui avaient mis au point cette façon de prier étaient-ils qualifiés pour le faire? Comment savaient-ils que les prières devaient être accomplies de cette façon? Avaient-ils reçu des instructions divines?
Même si je ne croyais plus en plusieurs enseignements du christianisme, je continuais d’assister aux messes. Lorsque la congrégation récitait des prières que je jugeais blasphématoires, comme le Symbole de Nicée, je gardais le silence. Je me sentais parfois comme une étrangère, dans cette église.
Et un jour, j’appris avec horreur qu’une personne proche de moi ayant des problèmes maritaux était allée voir un vicaire de notre église pour être conseillée. Et, profitant de sa douleur et de sa faiblesse, il l’emmena dans un motel pour la séduire.
Jusqu’à ce malheureux événement, je n’avais jamais remis en question le rôle du clergé dans la vie chrétienne. Maintenant, je n’avais plus le choix. Beaucoup de chrétiens croient que le pardon ne peut leur être accordé que par l’intermédiaire de la communion, accomplie par un prêtre ou un pasteur. Pas de pasteur, pas d’absolution, pour eux.
Je retournai à l’église, où je pris place sur un banc et observai les pasteurs devant moi. Au fond, ils n’étaient guère meilleurs que les membres de la congrégation – certains étaient même pires. Comment pouvait-il être vrai que l’intervention d’un homme, n’importe quel homme, fut nécessaire à la communion avec Dieu? Pourquoi ne pouvais-je m’adresser directement à Dieu et recevoir Son absolution directement?
Peu de temps après, je trouvai une traduction anglaise du Coran, dans une librairie; je l’achetai et entamai aussitôt ma lecture. Je le lus, par intermittence, sur une période de huit ans. Durant cette période, je continuai d’étudier d’autres religions et je devins de plus en plus consciente de mes péchés, chose qui m’effrayait. Comment pouvais-je déterminer si Dieu allait me pardonner? Je ne croyais plus au modèle chrétien du pardon. Mes péchés me pesaient terriblement et je ne savais comment échapper à leur fardeau. Je ressentais un profond besoin d’être pardonnée.
J’ouvris le Coran et lus :
« Et tu trouveras que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent : « Nous sommes chrétiens. » C’est qu’ils comptent parmi eux des prêtres et des moines, et qu’ils ne sont point orgueilleux. Quand ils écoutent ce qui a été révélé au messager, tu vois leurs yeux déborder de larmes, parce qu’ils ont reconnu la vérité. Ils disent : « Seigneur ! Nous croyons! Inscris-nous parmi ceux qui témoignent (de la vérité). Pourquoi ne croirions-nous pas en Dieu et à ce qui nous est parvenu de la vérité? Et pourquoi n’aurions-nous pas espoir que notre Seigneur nous fasse entrer [au Paradis] en compagnie des gens vertueux? » (Coran 5:82-84)
Je vis des musulmans prier, à la télé, et voulus apprendre à prier comme eux. Je trouvai un livre, écrit par un non-musulman, qui décrivait la prière. Et, sur la base de ses explications, je tentai de prier comme une musulmane. Je priai à ma manière, de façon un peu étrange et désespérée, secrètement, des années durant. Je mémorisai quelques versets du Coran en anglais, sans savoir que les musulmans le mémorisaient en arabe.
« Aujourd’hui, J’ai parfait votre religion pour vous et J’ai accompli Mon bienfait sur vous. Et J’ai choisi l’islam comme religion pour vous. » (Coran 5:3)
En lisant ce verset, je pleurai de joie, car je savais qu’avant même la création de la terre, Dieu avait rédigé ce Coran, pour moi et pour tous ceux qui voulaient bien l’entendre. Dieu savait, depuis tout ce temps, que moi, Anne Collins, habitant à Cheektowaga, dans l’État de New York, je lirais ce verset en mai 1986 et que je serais sauvée.
Je savais que j’avais maintenant beaucoup de choses à apprendre, comme accomplir la prière correctement. Le problème était que je ne connaissais aucun musulman.
Aujourd’hui, les musulmans sont bien plus visibles, aux États-Unis, qu’ils ne l’étaient à l’époque. Je ne savais où les trouver. Je trouvai le numéro de téléphone d’une société islamique locale et le composai; mais lorsqu’un homme répondit, prise de panique, je raccrochai. Qu’étais-je censée lui dire? Se montrerait-il suspicieux à mon égard? Et pourquoi voudraient-ils de moi, dans leur communauté?
Au cours des deux mois qui suivirent, j’appelai la mosquée à quelques reprises et, à chaque fois, paniquée, je raccrochai. Finalement, je fis la chose qui m’apparaissait la plus facile : j’écrivis une lettre pour demander de l’information. Le frère, à la mosquée, m’appela au téléphone et, après m’avoir parlé, m’envoya des brochures sur l’islam. Je lui dis que je voulais devenir musulmane, mais il me dit : « Attend d’être vraiment sûre. » Je fus un peu agacée par sa réponse, mais au fond, je savais qu’il avait raison.
Je devins obsédée par l’islam, au point d’y penser jour et nuit. À plusieurs reprises, je me rendis à la mosquée, en voiture, et en fis le tour plusieurs fois, espérant apercevoir un ou une musulmane et me demandant comment c’était, à l’intérieur. Finalement, un jour de novembre 1986, alors que j’étais en train de cuisiner, le fait que j’étais musulmane s’imposa à moi comme une évidence. J’envoyai une seconde lettre à la mosquée, dans laquelle j’avais écrit : « Je crois en Allah, le Seul et Unique Dieu; je crois que Mohammed était Son messager et je souhaite faire partie de ceux qui en attestent. »
Le frère me téléphona dès le lendemain et je prononçai la shahadah au téléphone. Il me dit alors que Dieu venait de me pardonner tous mes péchés et que j’étais aussi pure qu’un bébé venant de naître.
Je sentis le fardeau de mes péchés quitter mes épaules et je me mis à pleurer de joie. Je dormai peu, cette nuit-là, pleurant et répétant le nom de Dieu.
Il m’avait enfin accordé Son pardon. Alhamdoulillah!
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