Penomee (Dr Kari Ann Owen), ex-juive, USA

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Description: Diverses expériences ébranlent le sentiment d’appartenance à la société américaine et occidentale de Kari Ann Owen.  C’est alors qu’elle décide de chercher sa voie ailleurs.

  • par Dr Kari Ann Owen
  • Publié le 06 Oct 2008
  • Dernière mise à jour le 06 Oct 2008
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« Il n’y a pas d’autre Dieu qu’Allah et Mohammed est Son messager. »

Telles sont les paroles de la shahadah (profession de foi par laquelle une personne devient musulmane).

Le Créateur possède de nombreux noms et attributs.  Sa sagesse est omniprésente et se manifeste par l’amour, la tolérance et la compassion présents dans notre communauté.

C’est Lui qui nous fait sortir d’un individualisme belliqueux, tel qu’on le retrouve dans les sociétés occidentales, pour nous guider et nous amener à croire en Lui, ce qui nous apporte une dignité en tant qu’êtres humains et nous fait prendre conscience de nos obligations envers les autres créatures.

Mon cheminement vers la shahadah a débuté lorsque Tony Richardson (un acteur), pour qui j’avais beaucoup d’admiration, est mort du sida.  Il était déjà un professionnel brillant et reconnu mondialement lorsque je le rencontrai dans les coulisses lors de la présentation de la pièce Luther, à l’âge de 14 ans.

Écrire des pièces de théâtre a toujours été, pour moi, une façon de trouver un certain équilibre spirituel et émotionnel tout au fond de moi et aussi une réconciliation entre moi et un monde que je trouve plutôt brutal (ce que je crois lié à certaines épreuves vécues dans mon enfance).  Plutôt que de me battre avec le monde, je remets mes conflits intérieurs entre les mains des acteurs qui jouent dans mes pièces.  Étonnamment, certains d’entre nous avons même grandi ensemble.

Je commençai donc à produire des pièces à l’âge de 17 ans et je gardai toujours espoir de réaliser un jour mon rêve d’enfance, qui était d’étudier et de travailler avec M.Richardson.  Lorsqu’il vint s’installer aux États-Unis (il était Anglais), où il vécut son homosexualité, le sida l’emporta.   Cela fut un choc pour moi et je sentis que cet événement avait ébranlé davantage mon sentiment d’appartenance envers la société américaine.

Je me mis à chercher en dehors de cette société, et en dehors des sociétés occidentales en général, un sens à ma vie.  Je dirigeai mes recherches vers l’islam.

Pourquoi l’islam?

Les ancêtres de ma mère étaient des juifs d’Espagne qui vivaient entourés de musulmans jusqu’à ce que l’Inquisition expulse la communauté juive en 1492.  Dans ma mémoire historique, que je ressens profondément, l’appel du muezzin est aussi profond que les mouvements de l’océan et le mouvement oscillant des bateaux, que le bruit des sabots des chevaux à travers le désert ou qu’une déclaration d’amour face à l’oppression.

Je sentis la naissance d’une histoire au fond de moi et la pièce prit forme lorsque j’appris qu’un calife ottoman avait fait preuve d’humanité envers des réfugiés juifs à l’époque où mes ancêtres se faisaient expulser.  Dieu guida mon apprentissage et j’appris l’islam en faisant la connaissance de personnes aussi diverses que l’imam Siddiqi, de la South Bay Islamic Association, la sœur Hussein, de Rahima, et ma chère sœur adoptive, Maria Abdin, qui fait partie des Premières Nations; elle est musulmane et elle écrit pour le magazine IQRA.  Ma première interview fut dans une boucherie halal (viande considérée comme licite dans la loi islamique), dans le San Francisco Mission District, où ma vision de ce que c’était que de vivre l’islam fut profondément influencée par la première musulmane que je rencontrai.  C’était une cliente, qui portait le hijab; elle était d’une grande gentillesse, possédait de très belles manières et elle parlait, lisait et écrivait quatre langues.

Son intelligence, alliée à son absence totale d’arrogance, eut un effet profond sur moi; je voyais pour la première fois de quelle façon l’islam peut modeler le comportement humain.

Je ne me doutais pas, à ce moment-là, que non seulement une pièce allait naître, mais une nouvelle musulmane.

Mes recherches m’amenèrent à découvrir plus qu’une simple série de faits, sur l’islam, car l’islam est une religion vivante.  J’appris comment les musulmans se comportent avec une dignité et une bienveillance telles qu’elles les élèvent au-dessus de l’esclavage américain de la compétition sexuelle et de la violence.  J’appris que les femmes et les hommes de religion musulmane peuvent se trouver en présence les uns des autres sans s’entre-déchirer, verbalement et physiquement.  Et j’appris qu’une tenue vestimentaire modeste peut élever le comportement humain et faire prendre conscience, aux hommes et aux femmes, de leur valeur spirituelle.

Pourquoi cela m’apparut-il aussi étonnant, et aussi étonnamment nouveau?

Comme la plupart des femmes américaines, j’ai grandi dans cette atmosphère d’esclavagisme; non seulement y avait-il dans ma famille des gens atteints de déviances sexuelles, mais dès mon plus jeune âge, avant même que j’aie sept ans, mon apparence physique fut constamment jugée de façon négative par mes camarades.  J’appris dès mon enfance que dans la société américaine, ma valeur, en tant qu’être humain, ne consistait qu’en mon pouvoir de séduction (ou, dans mon cas, en l’absence de ce dernier).  Inutile de préciser que dans un tel environnement, les garçons et les filles, les hommes et les femmes, développent souvent un ressentiment envers le sexe opposé.  Ils souhaitent désespérément être acceptés de leurs pairs, et cette acceptation dépend souvent de l’apparence physique et de la perception qu’ont les autres de cette apparence, et non pas de la gentillesse, de la compassion ou même de l’intelligence.

Bien que je ne m’attende pas à trouver la perfection chez les musulmans, il demeure que les différences sociales sont profondes entre le monde occidental et le monde islamique, et ne peuvent que profondément étonner une personne comme moi.

Mes handicaps ne me permettent pas de jeûner ni de prier dans les mêmes positions que les musulmans.  Mais j’aime et je respecte l’islam que j’ai connu par l’attitude et les paroles d’hommes et de femmes que j’ai rencontrés à AMILA (American Muslims Intent on Learning and Activism) et ailleurs, chez qui je trouve une absence de conflits émotionnels et un sens de la spiritualité très développé.

J’admire profondément le respect de l’islam pour le droit des femmes et des hommes, pour la modestie vestimentaire, pour la sobriété et le mariage, deux importants aspects de ma vie, car je suis sobre depuis maintenant 21 ans et je suis également heureuse dans mon mariage.  Je trouve merveilleux de penser que plus d’un milliard de musulmans, de par le monde, partagent mes croyances et voient comme moi l’importance du mariage sur le développement d’une personne et l’importance de rester loin de l’alcool et des drogues.

Quel est, donc, le plus grand bénéfice de l’islam?

Dans une société qui exerce sur nous de constantes pressions pour que nous cédions à nos instinct les plus bas sans égard aux conséquences, l’islam nous amène à nous considérer comme des êtres humains créés par Dieu, avec la capacité de prendre nos responsabilités dans nos relations avec les autres.  Par la prière, la charité, la sobriété et l’éducation, si nous suivons la voie de l’islam, il y a de fortes chances pour que nous élevions des enfants qui ne connaîtront pas la violence ni l’exploitation qui trop souvent privent parents et enfants d’écoles et de quartiers sécuritaires et parfois même, de leur vie.

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