Karima Burns, ex-chrétienne, États-Unis
Description: Cette étudiante de l’Iowa est devenue musulmane après avoir été totalement fascinée par sa lecture du Coran, qu’elle devait consulter pour un travail universitaire en langue arabe.
- par Karima Burns
- Publié le 15 Dec 2014
- Dernière mise à jour le 15 Dec 2014
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J’étais assise dans la mosquée Alhambra, à Grenade, en Espagne, observant les écritures qui ornaient les murs. C’était la plus belle calligraphie que j’avais jamais vue. « En quelle langue est-ce écrit? », demandai-je à un touriste espagnol. « En arabe », qu’il me répondit.
Le jour suivant, lorsque notre guide touristique me demanda en quelle langue je voulais mon dépliant d’information, je lui dis que je le voulais en arabe.
« En arabe? », me demanda-t-elle, surprise. « Parlez-vous arabe? »
« Non », répondis-je. « Pouvez-vous m’en donner un en anglais également? »
À la fin de mon voyage, j’avais un sac rempli de guides d’information, rédigés en arabe, de tous les sites que j’avais visités en Espagne. À tel point, en fait, que je dus donner quelques-uns de mes vêtements afin de libérer de l’espace, dans mes bagages; je tenais à ces guides, rédigés en arabe, comme à la prunelle de mes yeux. J’en ouvrais quelques-uns chaque soir et admirais la calligraphie arabe. Je m’imaginais être capable d’écrire d’aussi belles lettres et je me disais qu’il valait sûrement la peine de connaître cette culture qui avait produit une langue écrite aussi artistique. Je me promis d’étudier cette langue dès mon entrée à l’université, à l’automne.
Deux mois auparavant, j’avais quitté ma famille, en Iowa, pour aller visiter l’Europe, seule. Je n’avais que 16 ans et, comme mon entrée à la Northwestern University était prévue pour l’automne, j’avais voulu « voir le monde » avant. C’est du moins ce que j’avais dit à mes amis et à ma famille. En réalité, je cherchais des réponses. J’avais quitté l’église quelques mois auparavant et je ne savais plus dans quelle direction aller. Je savais que je n’étais pas à l’aise avec ce qu’on m’avait enseigné, mais je ne connaissais pas d’alternatives.
Là où j’avais grandi, dans le Midwest, il n’y avait pas de place pour la confusion : soit vous faisiez partie de l’église, soit vous n’en faisiez pas partie. Je ne connaissais donc rien d’autre que l’église. Et lorsque je quittai pour l’Europe, j’espérais, secrètement, trouver autre chose.
Dans l’église que j’avais fréquentée, il nous était interdit d’adresser nos prières à Dieu directement; nous ne pouvions les adresser qu’à Jésus, en espérant qu’il transmettrait notre message à Dieu… J’avais toujours senti que quelque chose n’allait pas avec ce raisonnement et, sans en parler à personne, j’adressais secrètement mes prières à Dieu. Je croyais sincèrement que nous ne pouvions adresser nos prières qu’à une seule et unique entité. Mais, en même temps, je me sentais un peu coupable, car je faisais une chose clairement interdite.
Par ailleurs, il y avait le problème de ce que nous étions censés faire durant notre « quotidien ». J’allais à la messe chaque dimanche et j’essayais d’appliquer ce que j’apprenais sur l’honnêteté, la bonté et la compassion. Et je trouvais toujours déstabilisant de voir des personnes fréquentant notre église agir de manière totalement différente durant les jours de semaine. Les règles n’étaient-elles plus valides durant la semaine? Ne s’appliquaient-elles que les dimanches? Je tentai de trouver des réponses, mais en vain. À part les dix commandements, qui interdisaient, entre autres, le meurtre, le vol et le mensonge, nous n’avions aucun document ni aucune règle pour nous guider en dehors de l’église.
Un jour, je me rendis chez un de mes enseignants et vit toute une rangée de Bibles sur une étagère de la bibliothèque. Je lui demandai ce que c’était et il me répondit : « Différentes versions de la Bible ». Il ne semblait pas le moindrement troublé par le fait qu’il existait différentes versions de la Bible. Mais, personnellement, je n’étais pas à l’aise avec ce fait. Certaines versions étaient vraiment différentes des autres, sans compter que toutes ne comportaient pas le même nombre de chapitres! Tout cela était très déroutant.
Cet automne-là, j’entrai à l’université déçue, déçue de n’avoir pas trouvé les réponses que j’étais allée chercher en Europe. Mais j’avais ramené avec moi une passion pour une langue nouvelle : l’arabe. Ironiquement, j’avais contemplé, sur les murs de l’Alhambra, les réponses que je cherchais; mais cela allait me prendre plus de deux ans pour le réaliser.
La première chose que je fis, en entrant à l’université, fut de m’inscrire à un cours d’arabe. J’étais un des trois uniques étudiants de ce cours très impopulaire. Je me plongeai dans l’étude de l’arabe avec une telle passion que mon enseignant en demeura quelque peu interdit. Je faisais mes devoirs avec une plume à calligraphie et je me rendis dans un secteur arabe de Chicago uniquement pour trouver une bouteille de Coca-Cola arborant des inscriptions en arabe. Je demandai à mon enseignant de me prêter des livres en arabe juste pour le plaisir d’admirer la calligraphie. Peu avant d’entamer ma deuxième année d’université, je considérai faire une majeure en études moyen-orientales. Je m’inscrivis à certains cours qui portaient sur cette région du globe. Et, dans l’un de ces cours, l’enseignant nous fit lire le Coran.
J’ouvris le Coran, un soir, pour faire le devoir qu’on nous avait demandé de faire. Et, après l’avoir feuilleté et lu des passages çà et là, je n’arrivai plus à le déposer. Je pensai : « Wow, c’est incroyable. J’y trouve tout ce en quoi j’ai toujours cru. Et cela répond à toutes ces questions sur la façon de se comporter en dehors des lieux de culte et, en plus, il affirme très clairement qu’il n’y a qu’un seul et unique Dieu. »
Tout était tellement sensé! Je n’arrivais pas à croire qu’il existait un livre comportant tout ce en quoi j’avais toujours cru et que j’avais cherché désespérément. Le lendemain, je retournai en classe avec l’intention de demander à mon enseignant qui était l’auteur du Coran, car je souhaitais lire d’autres ouvrages qu’il avait peut-être écrits. Dans la copie qu’on m’avait donnée, il y avait un nom d’inscrit. Je n’étais pas sûre s’il s’agissait de l’auteur du livre et si ça fonctionnait comme l’Évangile (selon Marc, Luc, etc), qui était constitué d’écrits attribués à des personnes « inspirées ».
Mon enseignant me dit que le nom écrit sur ma copie du Coran n’était pas celui de l’auteur, mais du traducteur, car, me dit-il, « selon les musulmans, personne n’a rédigé ce livre ». Il me dit que, toujours selon les musulmans, « le Coran est la parole de Dieu et n’a jamais été modifié depuis qu’il a été révélé, récité et transcrit. » Inutile de vous dire à quel point j’étais fascinée par ce que j’apprenais. La passion que j’éprouvais pour l’arabe se transforma en une passion pour l’islam et je souhaitai, plus que tout, me rendre au Moyen-Orient.
Lors de ma dernière année d’université, je me rendis en Égypte pour poursuivre mes études. Mon lieu favori devint le « Caire islamique », où les mosquées m’émerveillaient et me réconfortaient à la fois. Lorsque je me trouvais dans l’un de ces lieux de culte, je ressentais vraiment, au fond de moi, la beauté et la puissance de Dieu. Et, comme depuis le début, je n’avais de cesse d’admirer les superbes calligraphies qui ornaient les murs.
Un jour, une amie me demanda pourquoi je ne me convertissais pas à l’islam si j’aimais tellement cette religion. « Mais je suis déjà musulmane », que je lui répondis. Ma réponse me surpris moi-même. Mais je réalisai que cette religion était si sensée et logique et qu’elle m’inspirait tellement que je l’avais faite mienne de manière toute naturelle. Pourquoi devais-je me convertir? Mon amie me dit que pour officialiser ma conversion, il me fallait me rendre dans une mosquée et prononcer une attestation de foi devant deux témoins. Ce que je fis. Puis, lorsqu’ils me donnèrent un « certificat de conversion », je l’enfouis, sans plus de cérémonie, dans un tiroir avec mes autres documents personnels; en ce qui me concernait, j’avais toujours été musulmane. Je n’avais pas besoin d’un bout de papier suspendu sur mon mur pour m’en convaincre. À l’instant même où j’avais lu le Coran, j’avais su que c’était la vérité et qu’au fond de mon cœur, j’étais musulmane. Je savais que j’y avais trouvé un « chez-moi » que j’avais toujours cherché. Alors, plutôt que ce certificat, je suspendis au mur une photo de la mosquée Alhambra.
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