Sophie Jenkins, ex-catholique-protestante, Royaume-Uni
Description: Sophie décide d’affronter ses idées-reçues sur l’islam et de faire ses propres recherches sur le sujet.
- par Sophie Jenkins
- Publié le 07 Apr 2014
- Dernière mise à jour le 07 Apr 2014
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Je suis née au sein d’une famille de classe moyenne inférieure. Ma mère est femme au foyer, tandis que mon père travaille dans une firme d’électronique. Mon père vient d’une famille catholique, tandis que ma mère vient d’une famille protestante. Ensemble, ils ont brièvement fréquenté l’église quaker, au début des années 70; mais quand je suis venue au monde, ils étaient devenus athées, ce qui fait qu’on ne parlait jamais de religion chez nous. Cependant, ils m’assurèrent toujours que si, en grandissant, je souhaitais adopter une religion, ils me soutiendraient dans cette décision.
Enfant, déjà, je croyais en Dieu, en dépit du fait qu’on ne m’en parlait pratiquement jamais. Et j’avais le profond sentiment que ce que l’on m’enseignait, à l’école, dans les cours de christianisme, ne pouvait être la vérité. Je ne croyais pas que Jésus fut le fils de Dieu, pas plus que je ne croyais au Saint-Esprit. Évidemment, on nous martelait qu’il s’agissait là de la vérité et que toutes les autres religions étaient fausses, ce qui me rendait perplexe. Lorsque vous êtes enfant, vous avez tendance à penser que les adultes ont le plus souvent raison. Mais, sur ce sujet, j’avais de la difficulté à croire mon enseignante; alors je décidai de garder pour moi ma façon de voir. Tout au fond de moi, je ne croyais qu’en un Dieu unique, sans intermédiaires; mais on me disait que seuls les hérétiques pensaient ainsi, ce qui me faisait éprouver un peu de honte. L’ambiance, autour de moi, était très anti-islam, surtout que l’affaire Salman Rushdie faisait alors beaucoup de bruit, ce qui faisait en sorte que j’étais terrifiée par les musulmans en général. Il y avait deux enfants musulmans à l’école primaire que je fréquentais, mais ils se faisaient fort discrets, sauf, peut-être, Ali qui refusait de prier avec nous en congrégation.
Je priais souvent Dieu de me montrer le droit chemin et je me tournais toujours vers Lui lorsque j’avais besoin d’aide. Vers l’âge de 11 ou 12 ans, je savais, sans l’ombre d’un doute, que Dieu existait. Et, lorsque j’entrai à l’école secondaire, je compris que je n’avais peut-être pas tort, au bout du compte, de croire en un seul Dieu, sans associés et sans intermédiaires. À cette époque, tout ce que je « savais » de l’islam se résumait aux clichés de religion violente qui considère les femmes comme des moins que rien. On nous enseignait, à l’école, que l’islam s’était propagé par l’épée, que les femmes étaient des esclaves qu’il fallait recouvrir de la tête aux pieds et que les musulmans adoraient Mohammed. Chaque fois que j’allais faire des emplettes à Manchester et que je croisais une musulmane, je la regardais d’un air dégoûté en pensant, à part moi, « comment peux-tu t’imposer une telle chose? ». La vue de ces femmes me rendait furieuse. Il y a une seule vérité, cependant, qu’on nous enseignait sur l’islam, à savoir que les musulmans croient en un Dieu unique, ce que j’ignorais avant de l’apprendre en classe.
J’étudiai brièvement la plupart des autres religions; le judaïsme, l’hindouisme et le bouddhisme, mais elles me parurent toutes fabriquées de toutes pièces et contradictoires. Puis, un jour, je ne sais trop ce qui me prit, mais je sentis une urgence de vérifier par moi-même ce qu’on m’avait enseigné sur l’islam. Et, comme on m’avait dit que les musulmans croyaient en un seul Dieu, je voulus m’assurer que c’était vrai. Je trouvai un livre intitulé « L’essentiel de l’islam » à la bibliothèque et je l’empruntai. Je m’empressai de l’ouvrir à la section portant sur la femme en islam et je fus très étonnée de ce que j’y appris. On y disait à peu près le contraire de tout ce que j’avais entendu à ce sujet. Je ne doutai pas un instant de la véracité de ce que je lisais; je savais que c’était la vérité et que Dieu avait répondu à mes prières. L’islam était bel et bien la vérité que j’avais espéré trouver. Et pourtant, une certaine culpabilité m’envahit, ce sentiment qui m’était inconsciemment resté de mes années à l’école primaire, où on nous martelait que l’islam était une fausse religion et que ceux qui la suivaient étaient perdus. Je tentai alors de trouver des signes démontrant que l’islam n’était pas la vérité, mais en vain. Au fond, je savais que tous les livres qui affirmaient que l’islam était une fausse religion mentaient. Et je savais, je sentais au plus profond de mon âme que tous les livres qui parlaient positivement de l’islam disaient la vérité.
Je compris que j’étais musulmane de cœur, même si j’avais de la difficulté à l’accepter. Je gardai le silence sur ce fait et n’en parlai à personne. Je lus tout ce que je pouvais sur l’islam, j’obtins une traduction anglaise du Coran, que j’eus d’abord de la difficulté à comprendre, car il était rédigé en vieil anglais. Mais cela ne me découragea point; je savais que l’islam et moi, c’était pour la vie et que rien ne me ferait reculer. J’étudiai cette religion en profondeur durant deux années et demie. Puis, en janvier 1997, j’entrai dans un chatroom musulman, où je trouvai des gens prêts à m’aider. Lorsque j’y retournai, la deuxième fois, je prononçai enfin la shahadah (profession de foi), en direct, devant des musulmans de partout dans le monde.
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