Apprendre à surmonter sa détresse, en islam (partie 1 de 5)
Description: Pourquoi, selon le Coran, des épreuves surviennent-elles dans nos vies?
- par J. Hashmi (© 2011 IslamReligion.com)
- Publié le 28 Nov 2011
- Dernière mise à jour le 28 Nov 2011
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Guerre. Famine. Souffrance. Pas une journée ne s’écoule sans que les médias ne nous transmettent l’horreur et la souffrance de milliers de personnes à travers le monde. À un niveau plus personnel, nous avons tous, pour la plupart, dans nos vies, connu des épreuves difficiles ou des périodes de dépression : un être cher qui nous quitte, une faillite, un(e) époux(se) qui nous trompe… Pourquoi Dieu permet-Il que de mauvaises choses arrivent à de bonnes personnes? Voilà une question qui, depuis la nuit des temps, hante l’esprit de beaucoup de gens, toutes religions confondues. C’est aussi un des plus grands obstacles à la foi, qui a poussé d’innombrables personnes à rejeter l’idée même de l’existence d’un Dieu.
Les théistes ont tenté, de diverses façons, de réconcilier Dieu avec le mal. Certains païens ont prétendu que Dieu déteste le mal, mais qu’Il est impuissant à l’arrêter. Cette idée est cependant rejetée par le Coran, car elle remet en question le statut de Dieu en tant que Glorieux (al-aziz), Tout-Puissant (al-jabar), Puissant (al-qawiyy) et Celui qui n’est pas atteint par la faiblesse (al-qadir). D’autres ont prétendu que Dieu est peut-être capable de prévenir le mal, mais qu’Il ne sait pas où et quand le mal aura lieu. Cette idée réduit Dieu à un pompier qui n’arrive sur les lieux de l’incendie que lorsque l’édifice est déjà à moitié brûlé. On comprend donc pourquoi cette idée est inacceptable, car on retrouve, parmi les noms de Dieu, l’Omniscient (al-alim), Celui qui voit tout (al-basir), Celui qui entend tout (al-sami’) et Celui à qui le monde appartient et qui le contrôle en tout temps (al-Malik). En fait, il est blasphématoire de remettre en question la puissance de Dieu; si Dieu voulait faire disparaître tout mal de la terre, rien ne pourrait L’en empêcher.
Certaines religions polythéistes avancent une autre hypothèse : Dieu est bon, mais il existe, parallèlement à Lui, d’autres divinités mauvaises qui entravent Sa bonté et qui répandent la corruption sur terre. Dieu est donc pris dans une lutte contre ces autres divinités. Peut-être Satan est-il un contre-dieu contre lequel Dieu doit constamment lutter. Mais cette idée – de divinités multiples – est elle aussi rejetée par le Coran, qui donne à Dieu les attributs d’Unique (al-wahid, al-ahad), de Premier (al-awwal) et de Dernier (al-akhir). Le Coran martèle le fait qu’il n’existe pas d’autres divinités à part Dieu. Par exemple, il dit :
« Votre Dieu est un Dieu unique. Nul ne doit être adoré en dehors de Lui. » (Coran 2:163)
Le Coran compte plus d’un millier de versets rappelant l’unicité de Dieu.
Les anciens gnostiques avaient tant de difficulté à réconcilier le mal présent dans le monde avec Dieu, qu’ils finirent par conclure que Dieu Lui-même devait être mauvais. Selon eux, Dieu ne pouvait être à la fois Tout-Puissant et Tout-Aimant; et s’Il est capable de prévenir le mal, mais ne le fait pas, Il doit forcément être mauvais. Cette idée est également rejetée par le Coran, qui affirme que Dieu est Très Aimant (al-Wadoud), le Très Aimable (al-Barr) et le Très Généreux (al-Karim). Le Coran fait aussi référence à Dieu en tant que Très Miséricordieux (ar-Rahim), Très Clément (ar-Rahman), le Pardonneur (al-Ghaffar), le Seigneur de la Grâce infinie (dhoul fadl al-Adthim) et la Source ultime de Paix et de Sécurité (al-Salam).
Le Coran affirme donc que Dieu est à la fois Tout-Puissant et Très Aimant. Alors comment réconcilier ces deux attributs, compte tenu du fait que le mal fait des ravages partout dans le monde? La perspective islamique est que Dieu permet aux mauvaises choses d’arriver pour parvenir à un bien plus important. Dieu afflige Ses serviteurs afin de les rendre meilleurs. Car à travers les souffrances, les gens peuvent développer des qualités qu’ils garderont toujours : la persévérance et la patience face à l’adversité, de même que l’humilité et la soumission. Mais surtout, la souffrance pousse souvent les gens à se tourner vers Dieu pour réclamer Son secours; elle établit la distinction entre les véritables croyants et les hypocrites.
Souffrir amène les gens à se souvenir de Dieu
Les êtres humains ont tendance à oublier Dieu lorsqu’ils se sentent bien et qu’ils n’ont pas de problèmes et à se souvenir de Lui lorsqu’une épreuve les afflige subitement. Le Coran donne l’exemple d’un vaisseau : lorsqu’il vogue calmement, ses occupants ne se soucient guère de Dieu; mais lorsque le vent se lève et menace de faire chavirer le vaisseau, ses occupants se mettent alors à implorer Dieu avec la plus grande sincérité. Le Coran dit :
« Votre Seigneur est Celui qui fait voguer le vaisseau en mer, pour vous, afin que vous alliez à la recherche de Ses bienfaits. Il est certes toujours miséricordieux envers vous. Et quand le danger vous guette en mer, ceux que vous invoquez en dehors de Lui vous abandonnent. Puis, quand Il vous ramène sains et saufs à terre, vous vous détournez. L’homme est vraiment très ingrat! » (Coran 17:66-67)
Cet exemple peut s’appliquer à nos vies quotidiennes. Une personne peut avoir tendance à oublier Dieu quand elle est financièrement confortable; mais si elle perd son emploi, il est probable qu’elle implore Dieu de l’aider. Quand le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) se mit à prêcher le message de Dieu, ce sont les pauvres et les esclaves qui composèrent la majeure partie de ses fidèles, au début. Les riches et prospères leaders de la Mecque, pour leur part, continuèrent de mener leur vie loin de Dieu. Il est bien connu que les personnes les plus riches sont souvent les moins proches de Dieu, tandis que les faibles et les pauvres ont plus tendance à croire et à être proches de Dieu. Ce qui signifie que souffrir n’est pas nécessairement une mauvaise chose et que la prospérité n’est pas nécessairement une bonne chose. Dieu dit, dans le Coran :
« Mais il se peut que vous détestiez une chose alors qu’elle est bonne pour vous, et il se peut que vous aimiez une chose alors qu’elle est mauvaise pour vous. Dieu sait, tandis que vous ne savez pas. » (Coran 2:216)
Cela fait partie de la psychologie humaine : nous oublions Dieu en périodes de bonheur et nous nous souvenons de Lui en périodes de détresse. Alors Dieu nous envoie diverses épreuves afin que nous nous tournions vers Lui et implorions Son secours et Sa grâce. Combien de gens se sont tournés vers Dieu et furent guidés vers l’islam après avoir été atteints par toutes sortes d’épreuves? Un exemple qui vient à l’esprit est celui d’un politicien bien intentionné qui souhaite accomplir de bonnes choses pour son peuple. Mais lorsqu’il se retrouve au pouvoir, le système le corrompt. Très vite, il se retrouve à accepter et à accorder des pots-de-vin, il mène la vie impie des riches politiciens, il devient gaspilleur et dépensier. Puis, Dieu fait en sorte qu’il soit arrêté; l’homme perd sa fortune, son épouse et se retrouve en prison. Finalement, après avoir médité sur sa vie, sur ses gains et ses pertes, il se tourne vers Dieu. C’est ainsi que de mauvaises choses survinrent dans la vie de cet homme afin qu’il connaisse un bien plus grand et plus important pour lui. Quand il était prospère, il se dirigeait tout droit vers l’Enfer; mais quand Dieu l’affligea de détresse, l’homme prit un autre parcours. La souffrance d’avoir tout perdu et le temps passé en prison sont un faible prix à payer pour la félicité éternelle au Paradis. Pour conclure, Dieu fait en sorte que de mauvaises choses arrivent à de bonnes personnes afin qu’elles en tirent un bien plus grand, à long terme.