Craig Robertson, ex-catholique, Canada (partie 2 de 2): Apprendre à accepter
Description: Après un retour au christianisme, Craig est trahi par ses amis et se sent à nouveau perdu, jusqu’à ce qu’il rencontre un musulman au travail.
- par Craig Robertson
- Publié le 13 Nov 2017
- Dernière mise à jour le 16 Nov 2017
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Je me souviens clairement de ma première rencontre avec un musulman. Un des garçons avait amené un de ses amis à la maison de jeunes chrétiens. C’était un musulman, dont j’oublie le nom. Mais je me souviens de ce que le garçon chrétien dit en le présentant : « J’ai amené mon ami, untel; c’est un musulman et j’aimerais l’aider à devenir chrétien. » J’étais quasi subjugué par ce jeune musulman de 14 ans; il était très calme et sympathique. Et croyez-le ou non, il se défendit et défendit l’islam contre une douzaine de chrétiens qui insultaient sa religion. Nous étions là, feuilletant en vain nos Bibles, de plus en plus agacés, car nous n’arrivions pas à trouver des arguments pour réfuter les siens, tandis qu’il restait calme et souriant, tout en nous expliquant pourquoi il ne fallait rien adorer en dehors de Dieu et que oui, il y a de l’amour en islam. Il était comme une gazelle entourée d’une douzaine d’hyènes, mais il demeurait calme et respectueux. Je fus impressionné.
Ce musulman laissa une copie du Coran sur la tablette d’une des étagères. J’ignore s’il l’oublia ou s’il la laissa exprès, mais je commençai à le lire. Je devins vite enragé contre ce livre, qui était beaucoup plus sensé que la Bible. Je le lançai sur un sofa et m’en éloignai, en colère. Et pourtant, ce que j’y avais lu demeura en moi et le doute s’installa dans mon esprit. Je fis de mon mieux pour oublier ce musulman et résolus de profiter du temps passé avec mes amis dans cette maison de jeunes. Ce groupe de jeunes avait pour habitude d’aller assister à la messe dans une église différente chaque weekend et passait ses samedis soirs dans une grande église plutôt que dans une boîte de nuit. Je me souviens de l’un de ces soirs où il y eut un événement qu’ils avaient appelé « Le puits » et où je me sentis particulièrement proche de Dieu; je voulais m’humilier devant Lui et Lui montrer mon amour pour Lui. Je fis ce qui me vint tout naturellement : je me prosternai. Je me prosternai comme le font les musulmans lorsqu’ils prient; mais sur le coup, je ne le réalisai pas, j’étais entièrement concentré sur le bien-être que cela me procurait. Je me sentis très pieux, dans cette position. Par la suite, je poursuivis mes activités chrétiennes, mais je sentais, en même temps, que certaines choses m’échappaient.
Notre pasteur nous disait toujours que nous devions soumettre notre volonté à Dieu et je le souhaitais de tout cœur, mais je ne savais pas comment! Je priais toujours : « Ô Dieu, fais que ma volonté soit la Tienne, fais-moi suivre Ta volonté… », mais rien de particulier ne se produisait. Je sentais que je m’éloignais petit à petit de l’Église et c’est durant cette période que mon meilleur ami, ce chrétien qui m’avait aidé à revenir vers la religion, viola ma copine, avec laquelle j’étais en couple depuis deux ans. J’étais dans une autre pièce, trop ivre pour avoir conscience de ce qui se passait et incapable de faire quoi que ce soit. Et environ deux semaines plus tard, j’appris que l’homme qui était à la tête de la maison de jeunes chrétiens avait sexuellement abusé d’un des garçons que je considérais comme mon ami.
Tout mon monde s’écroulait! J’avais été trahi par tant de mes amis, par des gens qui étaient censés être proches de Dieu et souhaiter le Paradis. Je me sentais vidé, intérieurement. Je recommençai à errer aveuglément, sans chemin particulier; je travaillais, dormais et faisais la fête. Ma copine et moi nous quittâmes peu de temps après. Tout mon être était envahi par mon sentiment de culpabilité, par ma rage et ma tristesse. Comment mon Créateur pouvait-Il permettre une chose pareille?
Peu de temps après, mon patron, au travail, vint me dire qu’un musulman avait été embauché, qu’il était très religieux et que nous devions nous efforcer de le traiter correctement. Dès que ce musulman entra sur les lieux, il se mit à faire la da’wah (i.e. à prêcher). Il ne perdit pas une minute pour nous expliquer ce qu’était l’islam et nous lui répondîmes tous que l’islam ne nous intéressait pas, sauf moi! Mon âme appelait à l’aide et même mon entêtement n’arrivait pas à faire taire cet appel à l’aide. Alors nous travaillâmes ensemble, tout en échangeant sur nos croyances respectives. À ce moment-là, j’avais déjà complètement tourné le dos au christianisme, mais dès qu’il se mit à me poser des questions, ma foi chrétienne revint au galop et je me sentis comme un croisé défendant sa religion face au vilain musulman.
La vérité, c’est que ce musulman n’était pas méchant du tout. En fait, il était bien meilleur que moi. Il ne jurait pas, ne se mettait jamais en colère et il était toujours calme, bon et respectueux. Je me dis, en moi-même, qu’il ferait un excellent chrétien! Nous continuâmes de nous interroger mutuellement sur nos religions respectives, mais après un moment, je sentis que j’étais de plus en plus sur la défensive. Puis vint un point où je ressentis de la colère, car plus je tentais de le convaincre que le christianisme était la vérité, plus je réalisais que c’était lui qui détenait la vérité. Je devins de plus en plus confus et, ne sachant plus que faire, je décidai de redonner un essor à ma foi en retournant à la maison de jeunes chrétiens. J’étais convaincu que si je pouvais à nouveau prier en ces lieux, je pourrais retrouver ma foi perdue et arriver à convertir ce musulman. Mais lorsque j’y arrivai, les portes étaient verrouillées! Il n’y avait personne en vue et je cherchai désespérément un autre lieu similaire aux alentours, mais en vain. Découragé, je retournai chez moi.
C’est alors que je réalisai que j’étais, malgré moi, poussé dans une certaine direction. Alors je priai, encore et encore, demandant à mon Créateur de soumettre ma volonté à la Sienne. Je retournai chez moi et sentis que j’avais besoin de prier comme jamais auparavant. Je m’assis sur mon lit et implorai : « Jésus, Dieu, Bouddha… qui que Tu sois, je t’en supplie, guide-moi. J’ai besoin de Toi! J’ai fait tellement de mauvaises choses dans ma vie et là, j’ai besoin de Ton aide. Si le christianisme est la bonne voie à suivre, alors raffermit ma foi en cette religion. Mais si c’est l’islam qui est la vérité, alors guide-moi dans sa direction. » Je cessai de prier, mes larmes cessèrent de couler et, tout au fond de moi, je ressentis un grand calme, car je savais quelle était la réponse. Je me rendis au travail, le lendemain et dit à mon collègue musulman : « Comment suis-je censé te saluer? » Il me demanda ce que je voulais dire par là et je lui dis : « Je veux devenir musulman ». Il me regarda et s’exclama « Allahou Akbar! ». Nous nous étreignîmes durant une longue minute et je le remerciai pour tout. C’est ainsi que débuta mon cheminement vers l’islam.
Lorsque je fais la rétrospective de tous les événements qui sont survenus dans ma vie, je réalise qu’ils me préparaient, petit à petit, à devenir musulman. Dieu m’a démontré tant de miséricorde! De tout ce qui m’est arrivé, dans ma vie, j’ai pu apprendre quelque chose. J’ai pu mieux comprendre, aussi, les raisons du hijab, de même que les raisons pour lesquelles l’alcool et les drogues sont interdits en islam, ainsi que les rapports sexuels hors mariage. Je peux enfin maintenir le cap et demeurer sur une voie médiane, sans me perdre à gauche et à droite. Je mène une vie modérée et je m’efforce d’être un honnête musulman.
Bien sûr, il y aura toujours des obstacles et des défis à surmonter; c’est le cas dans la vie de chacun. Mais à travers ces épreuves et ces douleurs émotionnelles, nous devenons plus forts et nous apprenons à nous tourner vers Dieu. Nous qui avons, à un moment de notre vie, décidé d’embrasser l’islam, nous sommes réellement bénis. Dieu nous a donné cette chance de recevoir Sa grande miséricorde. Je me suis réconcilié avec ma famille et j’aimerais maintenant fonder la mienne, si Dieu le veut. L’islam est un véritable mode de vie et même si nous ne sommes pas toujours traités de la meilleure manière par les musulmans ou les non-musulmans, nous devons toujours demeurer patients et nous tourner vers Dieu en toutes circonstances.
Si j’ai fait une erreur dans ce que j’ai dit, elle n’incombe qu’à moi et tout ce que j’ai dit d’exact provient de Dieu. Toutes les louanges sont à Dieu et puisse Dieu accorder Sa miséricorde et Ses bénédictions à Son noble prophète Mohammed. Amen.
Puisse Dieu faire augmenter notre foi et faire en sorte qu’elle Lui soit agréable. Enfin, puisse-t-Il nous accorder le Paradis. Amen!