Hussein Abdulwaheed Amin, ex-catholique, Irlande (partie 2 de 4): Étude des sources de savoir chrétiennes
Description: Hussein parle de son étude de la Bible et nous offre un survol de ses conclusions.
- par Hussein Abdulwaheed Amin
- Publié le 09 Jul 2012
- Dernière mise à jour le 09 Jul 2012
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Saint-Paul et l’Église à ses débuts
Je considérais, à cette époque, avoir poussé mes recherches sur l’islam le plus loin possible; il était donc temps, pour moi, d’entreprendre une sérieuse étude sur le Jésus historique et l’Église chrétienne des premiers temps du christianisme. Je fus stupéfait de mes découvertes, car j’apprenais des choses dont je n’avais jamais entendu parler au cours de mes quatorze années d’éducation religieuse, à l’école catholique. Au fur et à mesure que j’en apprenais davantage, je ne pouvais que rejeter ce que je considérais maintenant comme des innovations doctrinales du plus connu des évangélistes de l’aube du christianisme, Saul de Tarsus, mieux connu sous le nom de Saint-Paul l’Apôtre. Pourtant, Paul n’était pas du tout un apôtre. En fait, il n’avait jamais rencontré Jésus en personne, ce qui ne l’empêchait pas de prétendre qu’il recevait régulièrement des visions de Jésus, où ce dernier lui disait des choses qui venaient soi-disant amender et/ou annuler les témoignages historiques et théologiques de ceux qui avaient connu et suivi Jésus de son vivant. L’abrogation que fit Paul de la Loi de Moïse fut décriée par l’Église de Jérusalem, dirigée par Pierre et formée, entre autres, des disciples juifs de Jésus. Ils se considéraient comme un mouvement du judaïsme et n’acceptaient pas les Gentils à moins qu’ils ne se convertissent au judaïsme en se soumettant, par exemple, à la circoncision et aux lois diététiques juives. Pour ces premiers disciples juifs de Jésus, la notion d’un Fils de Dieu physique et littéral aurait été blasphématoire et en contradiction directe du premier commandement. Dans l’Exode 20:2-5, on peut lire :
« Je suis l'Éternel ton Dieu (…) Tu n'auras pas d'autre dieu que moi. (…) je suis un Dieu qui ne tolère aucun rival. »
Et dans Deutéronome 6:4 :
« Écoute, Israël, l'Éternel est notre Dieu, il est le seul Éternel. »
Il semble n’y avoir aucune place pour un « fils de Dieu » ou une trinité lorsqu’on lit ces écrits, mais seulement pour Dieu « le Père », tel que l’appellent les chrétiens, ou Allah, tel que l’appellent les musulmans (Allah est tout simplement le terme arabe pour Dieu. Il ne s’agit pas d’une autre divinité, comme certains semblent le croire.) Les juifs et les chrétiens de langue arabe utilisent le nom Allah, eux aussi, et on le retrouve même dans la Bible de langue arabe.
Le fait qu’un fils de Dieu littéral et physique était (et est toujours) blasphématoire pour les juifs me fut plus tard confirmé dans le cadre d’une correspondance privée avec un enseignant universitaire en sciences religieuses de confession juive. Au sujet de la compréhension qu’ont les juifs du Messie, il me dit : « Le personnage décrit [i.e. Jésus] est clairement un être humain et non une divinité ou un fils de Dieu. »
Le travail missionnaire de Paul visait essentiellement les païens polythéistes du Nord de la Méditerranée. À Corinthe, exaspéré, il abandonna sa mission auprès des juifs qui demeuraient obstinément fidèles à l’adoration exclusive de Dieu et à Son Unicité. Dans Actes 18:6, il déclare aux juifs :
« Si vous êtes perdus, ce sera uniquement de votre faute. Je n'en porte pas la responsabilité. À partir de maintenant, j'irai vers les non-juifs. »
L’idée de divinités ayant des enfants était assez familière aux Gentils, tels les Grecs. Je soupçonne que Paul a probablement altéré le message de Jésus pour le rendre plus acceptable à ces gens et faire en sorte que le plus grand nombre possible se convertisse au christianisme, le plus vite possible. Dans Actes 17:22-23, on voit Paul, à Athènes, parler aux Grecs de leur religion pour ensuite leur présenter sa version corrompue du christianisme. On le voit également, dans d’autres passages, inventer des faits et des doctrines sans se baser sur aucune référence aux écritures juives, aux enseignements de Jésus ou même à ses propres « visions ». Par exemple, dans 1Corinthiens 7:25, en réponse à une question sur les célibataires, Paul admet qu’il n’a « pas d’indication expresse de la part du Seigneur », mais poursuit en offrant son propre point de vue en sa qualité autoproclamée d’un « homme qui, par la grâce du Seigneur, est digne de confiance. »
La validité douteuse du Nouveau Testament
Lorsque, plus jeune, je fréquentais l’école catholique, je considérais, aveuglément, la Bible comme la Parole de Dieu. Mais maintenant, après avoir étudié l’histoire des écrits de la Bible et de leur compilation, j’en arrivais à considérer le Nouveau Testament comme hautement suspect. Car c’est bel et bien Paul et ses disciples qui en rédigèrent la majeure partie. Par exemple, à partir du chapitre 16, les Actes des Apôtres suivent Paul dans sa mission, mais pas Barnabé, qui fut pourtant un véritable disciple de Jésus. Barnabé fut reconnu comme le fondateur de l’Église chrétienne de Chypre et comme l’auteur d’un évangile qui était parfaitement accepté des premiers chrétiens. Mais cet évangile fut arbitrairement exclu de la Bible lorsque le Nouveau Testament fut officiellement compilé, pour la première fois, à la demande de l’empereur romain Constantin (un païen), trois siècles après la mort de Jésus. Barnabé s’était, au départ, porté garant de Paul quand les disciples de Jésus, de Jérusalem, ne voulurent rien savoir de lui (Paul), mais s’était ensuite éloigné de lui suite à une amère dispute (Actes 15: 36-40).
Quant aux quatre évangiles aujourd’hui acceptés comme canoniques par la chrétienté (et ce, depuis le concile de Nicée, qui eut lieu en l’an 325), ils furent compilés à partir de témoignages de troisième et quatrième mains, qui furent offerts longtemps après la mort de Jésus.
Marc 65-75 de notre ère.
Luc 80-85 de notre ère.
Matthieu 85-90 de notre ère.
Jean 95-140 de notre ère.
Source: Université de Calgary, Département des sciences religieuses[1]
Comment la véritable parole de Dieu pourrait-elle contenir deux généalogies différentes de Jésus (Matthieu 1:1-17 et Luc 3:23-37)? Et pourquoi, de toute façon, inclure une généalogie si Jésus est bel et bien le « fils de Dieu »? Par ailleurs, combien de milliers de personnes Jésus a-t-il nourries avec le pain et le poisson? Deux évangiles donnent deux chiffres différents. Les chiffres, il va de soi, ne sont qu’un détail sans importance; mais ces exemples mettent en évidence un point beaucoup plus important, à savoir que les évangiles, qui prétendent relater la vie et les enseignements de Jésus, ne peuvent être la parole de Dieu, car Dieu ne se trompe pas. Par conséquent, ces écrits ne peuvent être utilisés comme source de doctrine.
D’une manière générale, il faut garder à l’esprit que non seulement les évangiles n’ont pas été rédigés par des contemporains de Jésus, mais ils l’ont été rétrospectivement, dans un climat de dissociation du judaïsme et dans la recherche des bonnes grâces de la Rome païenne, à la suite de l’insurrection ratée des juifs contre les Romains (66-74). En revanche, l’évangile de Barnabé, rédigé antérieurement et beaucoup plus authentique, fut exclu de la Bible officielle et supprimé par l’establishment de l’Église, dominée par Paul, dès le quatrième siècle.
De plus, et même s’il semble ridicule de souligner cela, Jésus, ses apôtres et ses disciples étaient juifs et leurs écritures étaient en hébreu, tandis que le Nouveau Testament fut d’abord rédigé en grec. Cela sans parler des versions de la Bible dans lesquelles l’Église catholique a autorisé, dans les évangiles, des citations où Jésus et ses disciples paraphrasent des textes qui ne font même pas partie de l’Ancien Testament en hébreu, mais qui font partie de la Septante, une traduction grecque rédigée en Égypte vers 270 avant J.-C. Dans ces versions de la Bible, on affirme :
Dans un certain nombre de cas, cette version diffère passablement, dans sa signification, du texte hébreu massorétique.
Il n’est donc pas crédible que Jésus et ses disciples fassent des citations à partir d’une traduction en langue étrangère contenant des différences significatives, plutôt qu’à partir de leurs écritures originales en langue hébraïque. Cela jette un doute encore plus grand sur le caractère authentique du Nouveau Testament et ébranle sa crédibilité en tant que source doctrinale fiable.
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