Abdul-Lateef Abdullah, ex-protestant, États-Unis (partie 1/2) : Apprendre l’islam
Description: Comment il a appris l’islam, alors qu’il était étudiant, et l’impact que cela eut sur sa vie quotidienne.
- par Abdul-Lateef Abdullah
- Publié le 24 Sep 2012
- Dernière mise à jour le 24 Sep 2012
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Mon expérience avec l’islam a commencé alors que j’étais étudiant de troisième cycle, à New York, en 1998. Jusque-là, c’est-à-dire jusqu’à l’âge de 25 ans, j’avais toujours été un chrétien protestant, même si je ne pratiquais pas vraiment ma religion. J’étais plus intéressé par la spiritualité en général et je cherchais des réponses à mes questions dans tout ce qui n’était pas une religion organisée. Pour moi, le christianisme était déconnecté de la réalité et n’avait plus de pertinence, à une époque comme la nôtre. Il m’était difficile d’y trouver quoi que ce soit de facilement applicable dans ma vie de tous les jours. Cette rupture avec le christianisme me poussa à bannir tout ce qui ressemblait, de près ou de loin, à une religion organisée, car je prenais pour acquis qu’elles étaient toutes à peu près pareilles, du moins en ce qui avait trait à leur manque de clarté et de pertinence.
Une grande partie de ma frustration avec le christianisme provenait de son manque de savoir sur la nature de Dieu et de la relation de l’individu avec Dieu. La philosophie chrétienne dépend de cette étrange relation intermédiaire que nous sommes censés avoir avec Jésus qui, d’un côté, est vu comme un homme et, de l’autre côté, comme un être divin. C’est donc cette relation imprécise et difficile avec mon Créateur qui me poussa à partir en quête de ce qui pouvait m’apporter une meilleure compréhension de Dieu et de la relation que nous sommes censés avoir avec Lui. Pourquoi ne pouvais-je simplement prier Dieu, directement? Pourquoi devais-je commencer et terminer chaque prière avec la formule « au nom de Jésus-Christ »? Comment un Créateur éternel et omnipotent pouvait-Il revêtir une forme humaine? Pourquoi aurait-Il eu besoin de faire cela? Telles étaient quelques-unes des questions que je n’arrivais pas à résoudre et pour lesquelles je ne pouvais accepter une absence de réponses claires. Je souhaitais donc ardemment trouver une approche plus claire et directe envers la religion, une approche qui pourrait me guider dans ma vie, pas juste un dogme dépourvu de véritable savoir basé sur des faits.
Au cours de mon troisième cycle universitaire, j’avais un colocataire juif qui étudiait les arts martiaux. Il étudiait plus particulièrement un art appelé silat, un art martial malaysien traditionnel basé sur les enseignements de l’islam. Chaque fois qu’il revenait d’une de ses leçons de silat, il me parlait de son caractère unique et de sa riche dimension spirituelle. Comme j’étais intéressé, à l’époque, à apprendre un art martial et que j’étais intrigué par tout ce qu’il me disait sur le silat, je décidai de l’accompagner, un samedi matin. Bien que je ne le réalisai pas à ce moment, mon expérience avec l’islam débuta ce matin, au cours de ma première leçon de silat, dans la ville de New York, le 28 février 1998. Je fis la connaissance de l’instructeur, Cikgu (mot qui signifie enseignant, en malay), l’homme qui allait m’apprendre les rudiments de l’islam. Même si je croyais, ce jour-là, débuter un cheminement en arts martiaux, j’étais plutôt en train de faire mes premiers pas vers ma future conversion à l’islam.
Dès mon premier contact avec ce nouvel univers, ma curiosité pour le silat et l’islam m’amenèrent à passer beaucoup de temps avec mon instructeur. Comme mon colocataire et moi étions également passionnés pour le silat, nous rendions visite ensemble à notre instructeur et tentions d’obtenir de lui le plus d’informations possible sur l’islam. En fait, après l’obtention de notre diplôme, au printemps 1998, il nous invita à passer tout l’été chez lui, où nous fûmes reçus par son épouse et lui-même. Là, nous approfondîmes notre connaissance à la fois du silat et de l’islam, une religion au sujet de laquelle je ne connaissais à peu près rien avant ma première leçon de silat.
Ce qui rendit ma nouvelle orientation vers l’islam si intense est qu’au fur et à mesure que j’apprenais de nouvelles notions, je les vivais également. Comme j’étudiais dans la demeure même de mon instructeur, être en présence de musulmans pratiquants faisait en sorte que j’étais constamment entouré par la vue, les sons et les pratiques de l’islam. Comme l’islam est un mode de vie à part entière, lorsque vous êtes dans un environnement islamique, vous ne le distinguez plus de votre vie quotidienne; cela devient votre quotidien. Contrairement au christianisme, qui établit une distinction claire entre la vie quotidienne et la religion, l’islam transforme les actes quotidiens en actes d’adoration de Dieu. Je fus donc à même de juger à quel point cette religion, vécue au jour le jour, allait modeler ma façon d’être, ma façon de vivre.
Au début, l’islam m’apparaissait si nouveau, si différent et si puissant. Il était également étrange à maints égards et la discipline qu’il exigeait était difficile, parfois, à comprendre. À l’époque, j’étais très libéral et j’avais l’habitude de me détourner de tout ce qui était trop rigide, dogmatique ou imposé, peu importe qui en était à l’origine! Mais avec le temps et au fur et à mesure que mon savoir sur l’islam s’enrichissait, je compris que ce que j’avais d’abord vu comme un dogme religieux était en fait le mode de vie établi, pour nous, par notre Créateur. Et ce mode de vie, je l’appris plus tard, est la seule voie menant au véritable bonheur, qui n’a rien à voir avec le mode de vie superficiel mis de l’avant par ma société et ma culture. Je finis par comprendre que la réalité est très simple, finalement. Qui, à part le Créateur de l’univers, est plus à même de savoir quel est le meilleur mode de vie pour les êtres humains?
Entre le jour de ma première leçon de silat, à New York, et le jour où je prononçai la profession de foi (shahadah), le 30 juillet 1999, je procédai à un minutieux examen de conscience comprenant deux volets importants. L’un fut la remise en question de la culture dans laquelle j’ai été élevé et le second fut ma difficulté à comprendre la véritable nature de Dieu et le rôle de la religion dans mon quotidien. Pour ce qui est de ma culture, cette remise en question ne fut pas très difficile, pour moi. J’ai été élevé en Amérique du Nord et je n’avais jamais connu autre chose avant l’islam; il a donc fallu que je vive une expérience marquante avec un enseignant exceptionnel, qui me transmit le véritable savoir, pour pouvoir reconnaître la vérité. La culture américaine est très imposante parce qu’elle nous bombarde constamment de messages faisant la promotion de la satisfaction des sens. À moins de prendre du recul par rapport à elle, nous n’arrivons pas à en distinguer les limites, qui sont fondées sur l’adoration et la foi en tout ce qui nous entoure, sauf Dieu, le Seul qui puisse nous apporter un véritable soutien dans nos vies.
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