L’histoire d’Ammar Ibn Yasir
Description: Ammar était un proche compagnon du prophète Mohammed, le fils de martyrs morts pour la cause de l’islam, un guerrier courageux et un musulman dévoué jusqu’à son dernier jour.
- par Aisha Stacey (© 2019 IslamReligion.com)
- Publié le 07 Jan 2019
- Dernière mise à jour le 07 Jan 2019
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Ammar ibn Yasir fut l’un des premiers à embrasser l’islam. Lui et ses parents souffrirent beaucoup aux mains des gens de Qouraysh, la tribu élite de La Mecque. Ammar faisait partie du petit groupe qui avait émigré en Abyssinie et qui migra plus tard à Médine, où il fit partie de ceux qui bâtirent la première mosquée. Il prit part à toutes les batailles que mena la nouvelle nation musulmane et il est également connu pour avoir rapporté plusieurs hadiths.[1]. On se rappelle surtout de lui pour avoir rapporté le hadith sur les ablutions sèches.
Les historiens croient qu’Ammar ibn Yasir serait né à La Mecque vers l’an 570 de notre ère. Il avait environ le même âge que le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) et les deux étaient amis proches. Certains historiens rapportent qu’Ammar aurait joué un rôle dans le premier mariage de Mohammed en présentant Khadija à ce dernier. Alors quand Mohammed commença à inviter sa famille et ses amis à l’islam, Ammar et ses parents furent parmi les premiers à répondre à son appel. Le père d’Ammar, Yasir, aurait rêvé que son épouse et son fils l’appelaient d’une vallée, au loin, et qu’eux et lui étaient séparés par du feu. Ils embrassèrent l’islam ensemble. Au début, ils assistaient aux leçons secrètes dans la maison d’al-Arqam, mais quand leur foi s’affermit et que leur conversion devint connue de tous, ils subirent maints abus et humiliations de la part des ennemis de cette nouvelle religion.
La plupart des hommes riches et puissants de La Mecque rejetèrent l’appel du Prophète, tandis que la plupart de leurs esclaves et des pauvres, en général, y répondirent. Quand les esclaves, les pauvres et les opprimés commencèrent à remettre en question leur façon d’être traités et à revendiquer leurs droits en tant qu’êtres humains, l’élite de La Mecque les tortura systématiquement. Un homme du nom d’Abou Jahl était connu comme l’un des pires tortionnaires; il forçait des esclaves à marcher sur des charbons ardents, il les ligotait sous le soleil brûlant ou encore empilait de grosses pierres sur leur poitrine. Ammar et sa famille étaient torturés si souvent que le Prophète leur enjoignait la patience et leur rappelait qu’ils étaient destinés au Paradis.
La mère d’Ammar se prénommait Soumayya; elle fut la première martyre de l’islam. C’était une fidèle enthousiaste de la nouvelle communauté musulmane. Toute la souffrance qu’elle endura ne diminua en rien sa foi. Un jour, dans un accès de rage, Abou Jahl planta une lance dans sa poitrine; elle mourut quasi instantanément. Par la suite, Abou Jahl et ses acolytes torturèrent et tuèrent le père et le frère d’Ammar. Ammar était effondré. Le chagrin et la peur eurent raison de lui et il fit ce que ses parents et son frère avaient refusé de faire jusqu’à en mourir : il maudit l’islam et le prophète Mohammed. C’est alors qu’Abou Jahl le relâcha. Il se rendit en courant voir le prophète Mohammed, qui le réconforta et lui rappela que Dieu est très pardonneur. Ce verset du Coran fut révélé en réponse au désespoir d’Ammar :
« Quiconque renie Dieu après avoir cru en Lui – à l’exception de celui qui y est contraint alors que sa foi demeure ferme, dans son cœur – ceux qui ouvrent délibérément leur cœur à l’incroyance, sur eux [s’abat] la colère de Dieu, et ils recevront un terrible châtiment. » (Coran 16: 106)
Plusieurs des nouveaux musulmans qui commençaient à peine à apprendre leur nouvelle religion ne comprirent pas les actions du prophète Mohammed. Ils critiquèrent Ammar et le traitèrent de mécréant, mais le Prophète leur dit qu’ils avaient tort. Il leur dit : « Non, il n’est pas mécréant; il est rempli de foi, de la tête aux pieds. »[2]
Mais Dieu ne permit pas que ces persécutions se poursuivent. Le Prophète envoya un petit groupe de musulmans, incluant Ammar et d’autres qui avaient été torturés, en Abyssinie, où ils cherchèrent refuge auprès d’un bon roi chrétien. Après un temps, Ammar retourna à La Mecque et fit partie du groupe ayant décidé de migrer à Médine.
Après la migration à Médine, Ammar fit partie d’un groupe qui travailla très fort à la construction de la première mosquée. Le Prophète remarqua qu’alors que les autres hommes transportaient une brique à la fois, Ammar en transportait deux. Il dit : « Ils recevront une récompense, tandis que toi, Ammar, tu en recevras deux. »[3] Ammar s’efforçait constamment de s’améliorer et travaillait avec ardeur au service de l’islam. Il prit part à toutes les batailles, incluant la bataille de Badr, au cours de laquelle Abou Jahl fut tué. Lorsque cela se produisit, le Prophète se tourna vers Ammar et lui dit : « Le meurtrier de ta mère est mort ». Par ailleurs, Ammar fit partie de ceux qui étaient présents lors du sermon d’adieu du Prophète.
Ammar a rapporté de nombreux hadiths. On se rappelle surtout de lui pour avoir rapporté le hadith sur les ablutions sèches. Un homme vint voir Omar ibn al-Khattab et dit : « Je suis en état d’impureté et je n’ai pas d’eau [pour faire mes ablutions] ». Ammar ibn Yasir dit à Omar : « Te souviens-tu lorsque toi et moi nous retrouvâmes en état d’impureté lors d’un voyage? Tu avais refusé de prier, mais je m’étais roulé au sol et j’avais prié. Plus tard, je le mentionnai au Prophète, qui me dit : « Il aurait été suffisant de faire comme ça ». Puis, il tapa légèrement la terre avec ses mains, souffla l’excès de poussière et passa ses mains sur son visage et sur le dessus de ses mains [comme s’il se lavait les mains]. »[4]
Non seulement cette narration nous apporte-t-elle une information claire sur la façon de faire des ablutions sèches, mais elle démontre également la proximité entre Ammar, le prophète Mohammed et le cercle restreint des compagnons proches de ce dernier. Il se sentait assez à l’aise avec Omar pour lui rappeler ce souvenir. D’ailleurs, durant le règne de ce dernier en tant que calife, Ammar fut nommé gouverneur d’Irak. Ammar était plus qu’un jeune homme ayant cherché réconfort auprès du Prophète après le meurtre des membres de sa famille.
Jeune, Ammar avait été traumatisé et craintif, mais il devint un homme fort dont l’amour pour l’islam ne vacilla jamais. Il mourut lors de la bataille de Siffin, à l’âge vénérable de quatre-vingt-dix ans. Le prophète Mohammed avait d’ailleurs prédit la nature de sa mort, lorsqu’il avait dit : « Hélas! Un groupe de rebelles, très éloigné du droit chemin, tuera Ammar. Ammar les aura appelés au Paradis, tandis qu’ils l’auront appelé à l’Enfer. Celui qui le tuera, de même que ceux qui le dépouilleront de ses armes et de ses habits, iront tout droit en Enfer. »[5]