Comment savons-nous que Dieu est unique? Une perspective philosophique et théologique (partie 2 de 3)
Description: L’existence de Dieu et Son Unicité se reconnaissent par la raison et la révélation. Dans cette deuxième partie, nous nous pencherons sur trois autres arguments rationnels démontrant l’unicité et la singularité de Dieu.
- par Hamza Andreas Tzortzis
- Publié le 21 Dec 2015
- Dernière mise à jour le 21 Dec 2015
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L’argument logique
La logique nous dit que si plus d’un Dieu avait créé l’univers, ce serait le chaos total et nous ne retrouverions pas le même niveau d’ordre dans le cosmos. Certains diront que leur voiture fut fabriquée par plus d’une personne et qu’elle fonctionne parfaitement et qu’il est donc possible de retrouver ordre et stabilité là où plusieurs créateurs se sont mis à l’œuvre.
Pour répondre à cette objection, il faut d’abord comprendre que la meilleure explication à l’origine de l’univers est le concept de Dieu et non pas celui de « designer » ou de « créateur ». S’il existe une possibilité de plusieurs designers ou créateurs, tel que démontrée dans l’exemple de la voiture, il ne peut y avoir plus d’un Dieu. Cela parce que Dieu, par définition, est un être possédant une volonté illimitée et que s’il y avait plus d’un Dieu, leurs volontés s’affronteraient inévitablement, ce qui créerait un véritable chaos. Certains diront qu’ils peuvent s’entendre pour diviser leur travail, mais cela signifierait que leurs volontés deviendraient limitées et si tel était le cas, ils ne seraient plus, par définition, des dieux!
Cela est bien expliqué par Ibn Abi Al-Izz, dans son commentaire de ‘Aqidah at-Tahawiyyah:
« L’argument qu’ils avancent le plus souvent est l’argument d’exclusion, qui va comme suit : s’il y avait deux créateurs et qu’ils n’arrivaient pas à s’entendre sur une chose (l’un voudrait déplacer telle chose, mais l’autre s’y opposerait ou l’un voudrait créer un être, mais l’autre refuserait, etc), alors logiquement, il n’y a que trois possibilités pour résoudre ce problème. La première est que la volonté des deux créateurs soit appliquée; la deuxième, que seule la volonté d’un des créateurs soit appliquée et la troisième, que la volonté de ni l’un ni l’autre ne soit appliquée. La première ne peut être retenue, car deux volontés contraires ne peuvent être appliquées. La troisième est également à rejeter, car rien ne se produirait, dans l’univers, et cela impliquerait également qu’aucun des deux n’est en mesure d’appliquer sa volonté, ce qui en fait des êtres qu’on ne peut définir comme divinités. Enfin, si la volonté d’un seul des deux est appliquée, lui seul mérite le titre de Dieu et celui dont la volonté n’est pas appliquée ne peut être considéré comme un Dieu. »
Différenciation conceptuelle
Qu’est-ce qui nous fait comprendre les différences et la dualité? Comment faisons-nous la distinction entre deux personnes marchant sur la rue? La réponse se trouve dans ce qu’on appelle la différenciation conceptuelle. Ces concepts incluent l’espace, la distance, la forme et les caractéristiques physiques. Considérez le diagramme suivant :
La raison pour laquelle vous arrivez à percevoir deux objets, dans ce diagramme, est qu’ils sont de couleurs, de tailles et de formes différentes et qu’il y a une distance entre eux. En l’absence de ces caractéristiques, arriveriez-vous à percevoir ces objets? Non, car elles sont essentielles pour que vous arriviez à percevoir les choses. Maintenant, comme la cause de l’univers se trouve à l’extérieur de l’univers (si la cause faisait partie de l’univers, cela voudrait dire que l’univers s’est créé lui-même, ce qui est absurde, car il faudrait qu’à un moment donné, l’univers ait à la fois existé et non-existé), on peut supposer qu’elle ne possède pas de différenciateurs conceptuels comme la distance, la forme, la couleur et la taille, car ces concepts n’ont du sens qu’au sein de l’univers. Alors s’il n’y a pas ce différenciateurs conceptuels, nous ne pouvons prétendre à une multitude de causes, car il est impossible de percevoir la pluralité ou la multiplicité en l’absence de ces concepts.
Si vous n’avez aucun concept pour reconnaître une pluralité de causes, cela signifie-t-il que même une cause unique ne peut exister? Non, car s’il n’y avait pas de cause à l’univers, cela voudrait dire que l’univers, dans les termes de Bertrand Russell, « est tout simplement là et c’est tout ». Cela voudrait dire que l’univers est infini, ce qui n’est pas le cas, puisqu’il a connu un début. C’est ainsi qu’une cause unique et indépendante est nécessaire pour expliquer le fait que l’univers a commencé à exister, un jour, et qu’une pluralité de causes ne peut être perçue en l’absence de différenciateurs conceptuels.
Unicité
La cause de l’univers doit être unique, comme le dit le Coran : « Rien ne Lui ressemble ». Si la cause de l’univers n’était pas unique, cela voudrait dire qu’il y a des similitudes entre l’univers et sa propre cause. Cela est impossible, car il faudrait alors que la cause de l’univers soit incluse dans l’univers lui-même (si vous définissez l’univers comme la somme de toutes les choses), ce qui signifierait que l’univers s’est créé lui-même. Certains demanderont : pourquoi la cause de l’univers ne doit-elle pas ressembler à l’univers? Parce que cette cause doit être immatérielle, puisqu’elle a créé la somme de tout ce qui est matériel (l’univers lui-même). Un autre principe qui soutient cet argument est la première loi de thermodynamique, qui affirme que l’énergie ne peut être créée ni détruite ou, en d’autres termes, que l’énergie (i.e. la matière) ne peut se créer elle-même. Si la cause était matérielle, alors cela défierait ce principe. On doit donc conclure que la cause de l’univers est immatérielle et, par conséquent, unique.
Comment cela est-il relié à l’unicité de Dieu? S’il y avait plus d’une cause à l’univers, elles ne seraient pas uniques. Et si l’on suppose qu’il pourrait y avoir deux causes immatérielles plutôt qu’une, je vous répondrais que cela va à l’encontre du principe du rasoir d’Ockham.
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