Le judaïsme (partie 1 de 4): Introduction
Description: Qu’est-ce que le judaïsme et qui sont les juifs?
- par Aisha Stacey (© 2015 IslamReligion.com)
- Publié le 26 Oct 2015
- Dernière mise à jour le 23 Sep 2018
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Le dictionnaire en ligne Merriam Webster décrit le judaïsme comme une religion développée par les anciens Hébreux et caractérisée par la croyance en un Dieu unique et transcendant, qui S’est manifesté à Abraham, à Moïse et aux prophètes hébreux. Il le définit également comme une vie religieuse basée sur les Écritures et sur les traditions rabbiniques.[1] Il serait également correct d’ajouter qu’ont été intégrés, au sein du judaïsme, les pratiques et croyances culturelles, sociales et religieuses du peuple juif.
Selon le Jewish People Policy Institute, il y avait environ 13,1 millions de juifs, dans le monde, en 2007. La plupart habitent aux États-Unis et en Israël. Plusieurs de ces personnes s’identifient comme juives, mais ne croient en aucune loi juive et ne pratiquent aucun des rites associés au judaïsme. Le site Judaism 101[2] affirme que plus de la moitié des juifs vivant en Israël, de nos jours, se considèrent comme « laïques » et ne croient pas en Dieu et que la moitié des juifs vivant aux États-Unis ne fréquentent aucune synagogue.
D’une manière générale, les juifs considèrent que quiconque naît d’une mère juive est juif lui aussi. Certains groupes acceptent également les enfants de pères juifs (même si la mère est non-juive), mais cela demeure l’exception. De plus, un juif ne perd jamais, techniquement parlant, son statut de juif, même s’il se convertit à une autre religion; il perd cependant les éléments religieux de son identité juive. Les juifs ne tentent généralement pas de convertir les autres au judaïsme, mais il est possible, pour un non-juif, de se convertir au judaïsme, bien qu’il s’agisse souvent d’un processus compliqué, qui requiert l’intervention d’un rabbin[3], dont le rôle consiste à faire trois tentatives énergiques pour dissuader la personne de se convertir.
Les gens perçoivent le judaïsme soit comme une religion ou une race, ou encore comme une culture ou un groupe ethnique. Cependant, aucune de ces descriptions n’est tout à fait correcte. Pour les besoins de cet article, nous nous limiterons au judaïsme en tant que religion organisée.
Le judaïsme, dans sa forme originale, fut d’abord révélé au prophète Moïse. Cependant, les juifs retracent leurs origines au prophète Abraham, comme les chrétiens et les musulmans. Les prophètes Abraham, Isaac et Jacob sont connus, dans le judaïsme, comme les Patriarches et sont reconnus par l’islam.
Selon la tradition juive, Abraham était le fils d’un marchand d’idoles qui, dès l’enfance, commença à remettre en question la religion de son père, tout en cherchant à connaître la Vérité. Il finit par croire que l’univers ne pouvait qu’être l’œuvre d’un Créateur unique et se mit à parler de cette croyance aux gens autour de lui. Cette croyance est généralement reconnue comme le fondement de la première religion monothéiste de l’histoire.[4]
« Dis : « Quant à moi, mon Seigneur m’a guidé vers un droit chemin, une religion droite, la religion d’Abraham, qui était entièrement soumis à Dieu et qui n’était point polythéiste. » (Coran 6:161)
« Abraham était un exemple (à suivre). Il était obéissant envers Dieu, il était droit, et n’était point du nombre des polythéistes. » (Coran 16:120)
Il n’y a pas, dans le judaïsme, de dogme formel ou d’ensemble de croyances et les actions sont considérées comme beaucoup plus importantes que les croyances. Les juifs croient en un Dieu unique et créateur avec lequel ils peuvent établir un contact personnel.
Le rabbin Moshe ben Maimon (alias Moïse Maïmonide) a établi 13 principes de la foi qui sont généralement acceptés par les divers mouvements au sein du judaïsme. Récemment, toutefois, ils ont été remis en question par certaines écoles de pensée plus libérales. Mais nous les énumérerons pour les besoins de cet article, car ils résument les préceptes généraux du judaïsme. Les opinions personnelles sur ces préceptes sont acceptées car, tel que mentionné plus haut, les actions sont considérées comme plus importantes que les croyances.
Dieu existe.
Dieu est unique.
Dieu est incorporel.
Dieu est éternel.
Les prières doivent être adressées à Dieu et à rien ni personne d’autre.
Les paroles des prophètes sont véridiques.
Moïse fut le plus grand de tous les prophètes et ses prophéties sont véridiques.
La Torah écrite (i.e. les 5 premiers livres de la Bible) et la Torah orale (enseignements désormais contenus dans le Talmud et autres écritures) furent révélées à Moïse.
Il n’y aura pas d’autre Torah.
Dieu connaît les pensées et les actions des hommes.
Dieu rétribuera les bons et châtiera les mauvais.
Le Messie viendra.
Les morts seront ressuscités.
Le site web Judaism 101 décrit la nature de la relation entre Dieu et l’humanité et entre Dieu et les juifs, telle que comprise par les différentes écoles de pensée juives. « Nos écritures racontent la façon dont se sont développées ces relations. »[5] Les écritures juives donnent un aperçu des obligations mutuelles; toutefois, les divers mouvements juifs sont souvent en désaccord sur la nature de ces obligations. « Certains (orthodoxes) affirment qu’elles sont absolues et qu’elles constituent des lois immuables de Dieu; d’autres (conservateurs) les voient comme des lois de Dieu qui peuvent changer et évoluer avec le temps; enfin, d’autres (réformistes) affirment qu’il s’agit de lignes directrices que chacun est libre de suivre ou non. »[6]
Le judaïsme possède une riche histoire de textes religieux, mais le texte central et le plus important demeure la Torah. Le mot Torah, surtout pour les non-juifs et les chrétiens, évoque le plus souvent les cinq premiers livres de l’Ancien Testament, que les juifs appellent les livres de Moïse : la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Quand les musulmans parlent de la Torah, ils utilisent le terme tawrat et cela fait référence à la loi qui fut révélée au prophète Moïse.
Quand les juifs parlent de la Torah, ils font habituellement référence à l’ensemble des écritures juives, connues sous le nom de Tanakh. Tanakh est aussi un acrostiche pour Torah (la loi), Nevi’im (les prophètes) et Ketuvim (les écritures), les trois parties, donc, des écritures juives (que les chrétiens appellent l’Ancien Testament). Dans certains contextes, le Tanakh peut faire référence à l’ensemble de la loi et des enseignements juifs.
Le Talmud vient deuxième en importance et en autorité; il explique les écritures et la façon d’interpréter et d’appliquer la loi. Il a été compilé et mis par écrit dans une œuvre d’ensemble appelée la Mishnah. À travers les siècles, des commentaires additionnels élaborant sur la Mishnah furent rédigés à Jérusalem et à Babylone. Ces commentaires sont connus sous le nom de Gémara.
La Gémara renferme une quantité importante d’écrits. Ceux-ci incluent des commentaires rédigés par des centaines de rabbins, de l’an 200 à l’an 500, qui expliquent la Mishnah aux niveaux historique, religieux, légal et social, entre autres. Ensemble, la Gémara et la Mishnah forment le Talmud, lequel fut complété au 5e siècle de notre ère. Il existe deux Talmuds, l’un compilé à Jérusalem et l’autre au royaume de Babylone. Le Talmud babylonien fut compilé plus tard et est plus détaillé; c’est habituellement celui auquel on fait référence lorsque l’on parle du « Talmud ».
Dans la deuxième partie, nous parlerons des raisons pour lesquelles les juifs (ou Enfants d’Israël) sont souvent appelés « le peuple élu », autant dans la littérature islamique que juive.
Note de bas de page:
[1] (http://www.merriam-webster.com/dictionary/judaism)
[2] (http://www.jewfaq.org/judaism.htm)
[3] Un enseignant ou érudit juif.
[4] Mais pas selon l’islam, qui enseigne que les prophètes de Dieu (incluant Adam, le père de l’humanité) ont tous enseigné et pratiqué un monothéisme pur.
[5] (http://www.jewfaq.org/beliefs.htm)
[6] Ibid.
Le judaïsme (partie 2 de 4): Le peuple élu
Description: Qui est le peuple élu et est-il, oui ou non, tombé en disgrâce?
- par Aisha Stacey (© 2015 IslamReligion.com)
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Dans le dernier article, nous avons appris que la religion organisée et structurée révélée au prophète Moïse est devenue, avec le temps, le judaïsme. Le nom tire probablement son origine de Juda, un des fils du prophète Jacob et leader de l’une des douze tribus d’Israël, ou encore du royaume de Juda. Les juifs, sous l’égide de Dieu, devinrent un peuple puissant avec, à sa tête, divers rois (qui furent également prophètes de Dieu) incluant Saul, David et Salomon, qui érigea le premier grand temple. Vous trouverez plus de détails sur l’ancien royaume d’Israël en visitant ce site (note en bas de page).[1]
Cependant, les juifs, en tant que peuple, retracent leurs origines au prophète Abraham, comme les musulmans. L’islam, le judaïsme et le christianisme sont considérés comme des religions abrahamiques et monothéistes. Dans l’islam et le judaïsme, les juifs sont le plus souvent appelés enfants d’Israël (à ne pas confondre avec l’état d’Israël). Israël est un autre nom du prophète Jacob (en islam, Yaqoub) et c’est pourquoi l’expression « enfants d’Israël » fait référence aux descendants de ce prophète.
Près de mille ans après le prophète Abraham, les juifs vivaient comme esclaves en Égypte et leur leader était le prophète Moïse[2] (que les juifs appellent Moshe Rabbenu – qui signifie « Moïse notre maître »). Il libéra son peuple de l’esclavage et reçut la Torah en révélation qui, en plus des dix commandements, contenait 613 règles, que certains juifs continuent de suivre de nos jours encore.
Les juifs croient qu’il n’existe qu’un seul Dieu, auquel ils sont liés par une puissante alliance.
« Je te comblerai de bénédictions, je multiplierai ta descendance et je la rendrai aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que les grains de sable au bord de la mer. Ta descendance dominera sur ses ennemis. Tous les peuples de la terre seront bénis à travers ta descendance parce que tu m'as obéi. » (Genèse 22 :17-18)[3]
« [Et Dieu dit à Moïse] : Maintenant, si vous m'obéissez et si vous restez fidèles à mon alliance, vous serez pour moi un peuple précieux parmi tous les peuples, bien que toute la terre m'appartienne. Mais vous, vous serez pour moi un royaume de prêtres, une nation sainte. Telles sont les paroles que tu transmettras aux enfants d’Israël. » (Exode 19 :5-6)[4]
Selon plusieurs sites web juifs, le fait qu’ils se considèrent comme le peuple élu ne signifie pas nécessairement qu’ils se croient supérieurs aux autres peuples. Certains versets bibliques tels Exode 19:5 signifient simplement que Dieu a élu les juifs pour recevoir et étudier la Torah, pour adorer Dieu, pour respecter le repos du Sabbat et pour célébrer certaines journées dans l’année. Les juifs ne furent pas élus pour être meilleurs que d’autres peuples; ils furent plutôt choisis pour recevoir de plus lourdes responsabilités et un châtiment plus lourd en cas de refus.
Selon eux, Dieu a élu le peuple juif pour en faire un exemple de sainteté et de comportement moral dans le monde. Cela est d’ailleurs confirmé dans les écritures islamiques.
« Ô enfants d’Israël ! Rappelez-vous Mon bienfait dont Je vous ai comblés et comment Je vous ai préférés à toutes les autres nations (de l’époque). » (Coran 2:47)
« Nous avons donné à Moïse le Livre, dont Nous avons fait un guide pour les enfants d’Israël, (leur disant) : « Ne prenez pas de protecteur en dehors de Moi. » (Coran 17:2)
« Ô enfants d’Israël! Rappelez-vous Mon bienfait dont je vous ai comblés. Et si vous tenez vos engagements vis-à-vis de Moi, Je tiendrai les miens; et c’est Moi seul que vous devez craindre. » (Coran 2:40)
Ainsi, pour respecter leur alliance avec Dieu, les juifs s’efforcent de respecter Ses lois et tentent de mener leur vie de façon vertueuse. Le juif religieux tente de se rappeler Dieu dans tout ce qu’il fait et de transformer chaque acte du quotidien en acte d’adoration. Cependant, le Coran affirme que les juifs ont failli à leurs obligations et violé leur engagement envers Dieu :
« Croyez à ce que J’ai révélé et qui confirme ce que vous possédez déjà (comme Écritures); ne soyez pas les premiers à le rejeter. Et n’échangez pas Mes révélations contre un prix dérisoire. C’est Moi seul que vous devez craindre. » (Coran 2:41)
« Puis, ils ont violé leur engagement; alors Nous les avons maudits et Nous avons endurci leur cœur. Ils présentent les mots hors de leur contexte [pour en fausser le sens] et oublient une partie de ce qui leur a été rappelé. » (Coran 5:13)
L’islam enseigne que tous les prophètes furent envoyés à leur peuple avec le même message fondamental :
« Ô mon peuple! Adorez Dieu! Vous n’avez aucune autre divinité en dehors de Lui. » (Coran 11:50)
Parmi les prophètes que l’islam reconnaît se trouve une chaîne de prophètes envoyés aux juifs (et connus des chrétiens et des musulmans). Cette chaîne inclut Moïse, David, Salomon, Zacharie, Jean-le-Baptiste et Jésus, fils de Marie. Mais les juifs refusent de croire en Jésus, même si sa mission était très claire :
« Par la suite, Jésus fils de Marie suivit leurs pas, confirmant ce qui avait été (révélé), avant lui, dans la Torah. Et Nous lui avons donné l’Évangile, pour servir de guide et de lumière et confirmer ce qui avait été (révélé) auparavant dans la Torah, afin de guider et avertir ceux qui sont pieux. » (Coran 5:46)
Le prophète Mohammed est le dernier des prophètes. Les juifs refusent de croire en lui également et refusent de croire aux références faites à lui dans la Torah.
« Ô vous [juifs et chrétiens] à qui les Écritures ont été données! Croyez à ce que Nous avons révélé [à Mohammed] et qui confirme ce que vous aviez déjà. » (Coran 4:47)
Dans la troisième partie, nous parlerons des similitudes entre le judaïsme et l’islam.
Le judaïsme (partie 3 de 4): Se concentrer sur les similitudes et non sur les différences
Description: Pourquoi les juifs sont tombés en disgrâce et les similitudes entre le judaïsme et l’islam.
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Dans la deuxième partie, nous avons parlé des juifs en tant que peuple élu et conclu avec l’affirmation du Coran selon laquelle les juifs ont violé leur engagement envers Dieu. Selon l’islam, donc, les juifs sont bel et bien tombés en disgrâce. Dans la Torah (et la Bible), nous trouvons le passage suivant :
« Tu es, en effet, un peuple saint pour l'Éternel ton Dieu, il t'a choisi parmi tous les peuples qui se trouvent sur la surface de la terre pour que tu sois son peuple précieux. Si l'Éternel s'est attaché à vous et vous a choisis, ce n'est nullement parce que vous êtes plus nombreux que les autres peuples. En fait, vous êtes le moindre de tous. Mais c'est parce que l'Éternel vous aime et parce qu'il veut accomplir ce qu'il a promis par serment à vos ancêtres. » (Deutéronome 7:6-8)
Dans le Coran, cependant, révélé plus de 650 ans après Jésus, nous découvrons des circonstances différentes :
« Ceux des enfants d’Israël qui ont rejeté la foi ont été maudits par la bouche de David et de Jésus, fils de Marie, parce qu’ils se rebellaient et transgressaient. Ils ne s’interdisaient pas les uns aux autres les actes blâmables qu’ils faisaient. Comme était mauvais ce qu’ils faisaient! » (Coran 5:78-79)
Il va de soi que l’on s’interroge sur les raisons qui ont fait tomber les juifs en disgrâce aux yeux de Dieu. Le Coran nous apprend que les juifs se sont montrés ingrats envers les bénédictions de Dieu à leur égard. Malgré tout ce que leur octroyait Dieu, ils continuaient de transgresser, de mentir et de blasphémer.
Le judaïsme et l’islam ont beaucoup en commun. Le christianisme, le judaïsme et l’islam sont les trois grandes religions monothéistes. Elles professent toutes une croyance en un Dieu unique. Il est toutefois indéniable que les croyances chrétiennes diffèrent de celles des deux autres religions. Les juifs et les musulmans sont de stricts monothéistes et considèrent Dieu comme une entité unique et indivisible, contrairement à une majorité de chrétiens, qui considèrent que Dieu fait partie d’une trinité composée du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
« Dis : « Il est Dieu, l’Unique. » (Coran 112:1)
« Écoute, Israël, l'Éternel est notre Dieu, il est le seul Éternel. » (Deutéronome 6:4)
Étudions plus en détail quelques-unes des similitudes entre le judaïsme et l’islam.
·Le judaïsme n’accepte pas le concept chrétien du péché originel et l’islam le rejette également; l’être humain ne naît pas pécheur, il naît dans un état de pureté. En islam, chaque personne est responsable de ses propres actions et ses péchés ou le fardeau de ses péchés ne peuvent être transmis à ses descendants.
« Nulle âme ne portera le fardeau d’une autre, en plus du sien. » (Coran 35:18)
·Les juifs ne reconnaissent pas le besoin d’un sauveur agissant comme intermédiaire entre l’homme et Dieu. L’islam affirme clairement que Dieu n’a nullement besoin de Se sacrifier, pas plus qu’Il n’a besoin de sacrifier l’un de Ses prophètes pour racheter les péchés de l’humanité et lui accorder Son pardon. L’islam refuse farouchement cette vision des choses. Le fondement de l’islam repose sur la certitude que rien ne doit être adoré en dehors de Dieu ou parallèlement à Lui.
Cela est également vrai pour le judaïsme. Toutefois, les similitudes concernant la rédemption se terminent là, car le judaïsme ne reconnaît pas Jésus comme prophète de Dieu et n’accepte pas son rôle de Messie[1] auprès du peuple juif. L’islam enseigne que Jésus n’a pas été envoyé pour racheter les péchés du monde, mais pour dénoncer les leaders des enfants d’Israël, qui avaient sombré dans la luxure et le matérialisme. Sa mission consistait à confirmer la Torah, à rendre licites certaines choses qui étaient auparavant illicites et à réaffirmer la croyance en un Créateur unique.
« Nul ne doit être adoré à part Dieu. » (Coran 3:62)
·La pratique commune la plus évidente est la déclaration de l’unicité de Dieu, que les musulmans répètent dans leurs cinq prières quotidiennes (salat) et que les juifs répètent au moins deux fois par jour (matin et soir) lors de leur attestation de l’unicité de Dieu, connue sous le nom de Shema Yisrael.
·Ils partagent la croyance selon laquelle Jérusalem est un lieu saint et, plus particulièrement, le dôme du Rocher, connu des juifs sous le nom de mont du Temple. Selon les deux religions, cet endroit est celui où Abraham amena son fils pour le sacrifier (son fils aîné Ismaël, selon l’islam et son second fils, Isaac, selon le judaïsme). Ismaël est considéré par les deux religions comme le père de la nation arabe, tandis qu’Isaac est considéré comme le père de la nation juive.
·Le judaïsme et l’islam partagent plusieurs concepts fondamentaux comme celui sur le jugement divin et la vie après la mort.
·Le judaïsme et l’islam ont tous deux un système de loi religieuse qui ne fait pas de distinction entre la vie religieuse et laïque. En islam, le système de loi s’appelle Shariah, tandis que dans le judaïsme, il s’appelle Halakha.
·Le judaïsme et l’islam considèrent tous deux l’étude des lois religieuses comme une forme d’adoration.
Les deux religions partagent également les pratiques fondamentales du jeûne et de la charité, de même que des règles alimentaires similaires et certains aspects des rituels de purification. Avec tant de similitudes entre leurs religions respectives, on peut se demander pourquoi les juifs et les musulmans semblent autant se détester. Aussi, si l’islam est une progression naturelle remontant à Adam et Ève en passant par toute la lignée des prophètes jusqu’au dernier prophète, Mohammed, pourquoi ne voit-on pas plus de juifs embrasser l’islam? Nous tenterons de répondre à cette question dans la quatrième partie, en plus de conclure cette discussion sur le judaïsme.
Note de bas de page:
[1] (En hébreu: celui qui est oint). Dans la tradition juive, un homme de la lignée de David qui fera sortir les juifs d’exil, qui reconstruira le Temple de Jérusalem et qui sera à l’origine d’une période de prospérité et de paix.
Le judaïsme (partie 4 de 4): Si semblables et pourtant différents
Description: Les similitudes et l’histoire communes à l’islam et au judaïsme.
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Dans les trois articles précédents sur le judaïsme, nous avons appris, entre autres, que le judaïsme et l’islam ont beaucoup en commun. Le paysage politique du 21e siècle semble présenter les juifs et les musulmans comme des ennemis jurés alors que ce n’est pas tout à fait le cas. Les deux religions partagent une histoire commune et, à certains moments, au cours de l’histoire, leurs fidèles ont vécu, travaillé et coopéré ensemble. Plusieurs musulmans se demandent pourquoi les juifs ne voient pas l’islam comme une extension de leur religion et pourquoi, par conséquent, ils ne l’embrassent pas. En réalité, de nombreux juifs ont déjà fait ce pas, mais il est vrai que la vaste majorité s’y refuse. Dans ce dernier article, nous continuerons d’étudier les similitudes entre les deux religions et nous jetterons un regard sur leurs interactions historiques.
Le judaïsme et l’islam partagent un même héritage traditionnel. Les deux religions partagent presque tous les mêmes prophètes et reconnaissent Abraham comme ancêtre. Les deux prêtent les mêmes attributs à Dieu, dont ceux de Créateur, d’Administrateur, de Juge et de Pardonneur. Les deux religions voient Dieu comme à la fois Omnipotent et Omniscient. Les affinités entre les deux religions se poursuivent au niveau des valeurs morales, du respect pour la vie et pour les parents, des dons de charité et des bonnes actions. Même leurs croyances au sujet des derniers moments de l’humanité sont similaires. Le judaïsme et l’islam enseignent tous deux que même si le clairon marquant la fin des temps retentit et qu’une personne tient à la main une graine qu’elle s’apprêtait à mettre en terre, elle devrait la semer quand même. Enfin, il y a de nombreux points communs théologiques et politiques entre les deux religions.
Selon la Torah, Abraham est l’ancêtre des juifs par l’intermédiaire de son fils Isaac, né de Sarah, afin de remplir une promesse faite dans la Genèse. Selon la tradition islamique, le prophète Mohammed est un descendant d’Ismaël, également fils d’Abraham. La tradition juive reconnaît elle aussi que les descendants d’Ismaël sont les Arabes.
« Abraham est le père des prophètes; tous les prophètes envoyés après lui faisaient partie de ses descendants. Il eut deux fils, faits également prophètes par Dieu : Ismaël, aïeul des Arabes (et parmi les descendants duquel Dieu envoya le prophète Mohammed), et Isaac, à qui Dieu envoya un fils qui devint le prophète Jacob (aussi connu sous le nom d’Israël) et du nom duquel furent nommés les Enfants d’Israël et leurs prophètes. »[1]
« Et Nous lui avons donné Isaac et Jacob, que Nous avons tous deux guidés. Et Nous avions guidé Noé, auparavant ; et de sa descendance, (Nous avons guidé) David, Salomon, Job, Joseph, Moïse et Aaron. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants. Et Zacharie, Jean, Jésus et Élie : chacun d’eux était du nombre des vertueux. Et Ismaël, Élisée, Jonas et Lot : Nous avons favorisé chacun d’eux sur (Nos) autres créatures, de même qu’une partie de leurs ancêtres, de leurs descendants et de leurs frères, et Nous les avons choisis et guidés vers le droit chemin. » (Coran 6:84-87)
Historiquement, les juifs et les musulmans ont toujours partagé une culture commune et prospéré ensemble, parfois des siècles durant. Ce lien fut évident durant les 700 années de règne musulman en Espagne (Andalousie). Là, les juifs occupèrent certains des plus importants postes politiques, certains furent médecins pour les dirigeants musulmans et d’autres furent les auteurs de profondes théories philosophiques. Moïse Maïmonide rédigea son Guide des Égarés, une explication philosophique des écritures, à Cordoue. Une statue en son honneur y est toujours érigée. Les juifs firent de grandes percées en mathématiques, en astronomie, en philosophie et en chimie; cette époque est parfois appelée l’âge d’or de la culture juive. En 1492, quand l’Andalousie fut envahie par les catholiques et que les leaders musulmans furent destitués, les juifs et les musulmans fuirent ensemble en Afrique du Nord, en Égypte, en Palestine, en Syrie et en Irak.
« Dieu ne vous interdit pas d’être bons et justes envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre religion et qui ne vous ont pas expulsés de vos demeures. Car Dieu aime ceux qui traitent (les autres) de façon équitable. Il vous interdit seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus à cause de votre religion et qui vous ont expulsés de vos demeures ou ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés… les voilà les véritables injustes. » (Coran 60: 8-9)
Le traitement des juifs et des chrétiens par les musulmans est bien documenté. Le calife Omar, sous lequel Jérusalem fut conquise environ six ans après la mort de Mohammed, émit un décret visant à protéger les sites religieux chrétiens en plus d’inviter 70 familles juives de Tibériade à venir s’installer à Jérusalem, d’où les Romains les avaient expulsées. Les juifs et les musulmans ont beaucoup en commun et leur croyance commune la plus importance est celle en l’unicité de Dieu (monothéisme pur).
Avec tant de similitudes, on pourrait se demander pourquoi il n’y pas plus de juifs qui se convertissent à l’islam. Dans les premiers temps de l’islam, plusieurs juifs se sont convertis à l’islam et l’un d’eux en particulier, Abdoullah Ibn Salam, devint un proche compagnon du prophète Mohammed. Son histoire détaillée se trouve sur ce site (note en bas de page).[2]
Voici une courte liste de juifs qui se sont convertis à l’islam :
·Rashid-al-Din Hamadani, physicien persan du 13e siècle.
·Yaqoub ibn Killis, vizir égyptien du 10e siècle.
·Leila Mourad, chanteuse et actrice égyptienne des années 40 et 50.
·Lev Nussimbaum, écrivain, journaliste et orientaliste du 20e siècle.
·Jacob Querido, successeur du messie juif auto-proclamé Sabbatai Zevi (17e siècle).
·Ibn Sahl de Séville, poète andalou du 13e siècle.
Nous savons peu de choses sur le nombre de juifs convertis à l’islam, de nos jours. Leur nombre pourrait être plus élevé qu’on ne le croit si l’on considère que l’islam, selon Pew[3], est une religion dont le nombre de fidèles augmente de 2,9% par année, ce qui est un rythme plus rapide que celui de la population mondiale, qui augmente de 2,3% annuellement.
Des données provenant de l’état d’Israël suggèrent que le taux de conversion à l’islam chez les juifs de ce pays a doublé au cours des dernières années. « Les juifs qui se sont convertis ont avoué l’avoir fait après avoir pris la décision d’approfondir leur connaissance de l’islam. Plusieurs se sont dit déçus par le judaïsme » a affirmé un membre sénior de la cour islamique. Et ils se convertissent en dépit du fait que le ministère des affaires religieuses israélien et le ministère de l’Intérieur leur rendent la tâche difficile. Un converti raconte : « Ils m’ont fait courir dans tous les sens, me faisant bondir d’un bureau à l’autre. Ils m’ont fait voir un psychiatre pour s’assurer que je n’avais pas reçu un lavage de cerveau. Ils ont tout fait pour que je désespère et que je retourne au judaïsme. »[4]
Lorsque l’on considère les similitudes entre les deux religions, une conversion de ce genre peut paraître comme un tout petit pas à faire. Mais compte tenu de l’atmosphère politique et sociale régnant à l’heure actuelle, ceux qui choisissent de le faire font preuve d’un courage remarquable.
Note de bas de page:
[1] Tiré de Usool al-Deen al-Islami par Shaykh Muhammad ibn Ibraaheem al-Tuwayjri.
[2] (http://www.islamreligion.com/articles/4703/viewall/)
[3] Le Pew Research Centre est un groupe de réflexion américain basé à Washington, D.C. qui fournit des informations sur divers sujets et diverses tendances qui façonnent les États-Unis et le monde en général.
[4] (http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3274735,00.html)
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