Jenny, ex-chrétienne, Australie (partie 1 de 2)
Description: Une adolescente australienne protestante, troublée par le concept de trinité, embrasse l’islam après avoir étudié un an dans une école bouddhiste au Japon.
- par Jenny
- Publié le 07 Sep 2015
- Dernière mise à jour le 06 Sep 2015
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Souvent, quand les gens me demandent comment je me suis convertie à l’islam, je prends une profonde inspiration et je tente de leur raconter la « version abrégée » de mon histoire. Car l’islam n’est pas une religion vers laquelle je suis soudainement tournée, même si c’est l’impression que j’ai eue, à l’époque de ma conversion; j’y suis arrivée de manière graduelle, à travers diverses expériences. En écrivant mon histoire, j’espère que des personnes la lisant s’identifieront à certains éléments la composant et seront plus à même de faire leurs propres recherches sur le véritable islam.
Je suis née en 1978, en Australie, où je fus baptisée et élevée dans le christianisme. Enfant, j’avais toujours hâte d’aller à l’église et à l’école du dimanche. Même si je me souviens que j’avais hâte d’y aller, je me souviens assez peu de ce que j’y apprenais. Peut-être que j’avais hâte d’y aller parce que je revêtais mes meilleurs habits, parce que j’y rencontrais d’autres enfants ou encore parce que j’avais hâte d’aller, après les cours, déguster le fameux repas du dimanche que préparait ma grand-mère. Ma famille n’était pas religieusement stricte : on ne lisait jamais la Bible en dehors de l’église et nous ne récitions pas de prière avant de manger. Bref, la religion ne revêtait pas une grande importance dans nos vies. Je me souviens qu’en grandissant, j’allais parfois à l’église avec ma famille et qu’un peu plus tard, je devins de plus en plus contrariée en constatant que les autres membres de ma famille m’y accompagnaient de moins en moins souvent. C’est ainsi qu’au cours des deux dernières années où j’assistai à la messe du dimanche, j’y allai seule.
À l’époque où je fréquentais l’école primaire, l’éducation religieuse était une leçon hebdomadaire. Nous y apprenions les « vraies valeurs chrétiennes » et on nous y donnait à chacun une copie de la Bible. Même si je ne l’aurais pas admis, à l’époque, j’aimais bien ces leçons. Je sentais qu’elles avaient leur importance, même si je ne savais pas vraiment pourquoi.
Au secondaire, je fréquentai une école pour filles. Nous n’y recevions aucun cours de religion et, d’une certaine façon, cela me manqua, car je me mis à lire la Bible lors de mes temps libres. À l’époque, je ne la lisais que « par intérêt ». Je croyais en l’existence de Dieu, mais pas de la façon dont on nous Le présentait à l’église. Quant à la trinité, j’espérais que je finirais par comprendre son concept en vieillissant. Il y avait plusieurs choses que je ne comprenais pas et qui me rendaient perplexe; c’est pourquoi il y eu certains moments « religieux », dans ma vie, où je lisais la Bible en tentant de la comprendre du mieux que je pouvais, puis je devenais confuse et pensais que c’était au-delà de ce que j’étais en mesure de comprendre. Je me souviens d’une fille chrétienne avec laquelle je discutais souvent, dans mon cours de mathématiques. Je lui posais des questions sur certaines choses que je ne comprenais pas. Et, tandis que j’arrivais à saisir certaines de ses explications, d’autres semblaient trop illogiques ou alambiquées et faisaient en sorte que je n’arrivais pas à faire confiance à 100% au christianisme.
Je ne peux affirmer avoir toujours été à l’aise avec tous les aspects de la culture australienne. Je n’ai jamais compris pourquoi les gens buvaient autant d’alcool ou sortaient avec autant de personnes. J’ai toujours ressenti une énorme pression sociale et, adolescente, je pleurais parfois à l’idée de « grandir » à cause de ce qu’on attendait des jeunes de mon âge au sein de cette culture. Ma famille voyageait régulièrement à l’étranger et j’espérais toujours qu’à force de voyager, nous trouverions enfin un pays où je pourrais aller m’installer et où je ne ressentirais plus cette pression insupportable. Après avoir passé trois semaines au Japon lors d’un échange étudiant, j’appliquai pour y retourner dans le cadre d’un échange à long terme. Au cours de ma dernière année à l’école secondaire, je fus acceptée pour aller faire une année de secondaire supplémentaire au Japon l’année suivante.
Avant de quitter l’Australie pour le Japon, je passais par une de mes « phases religieuses ». J’avais toujours fait des efforts pour cacher ces « phases » à mes parents. Pour je ne sais quelle raison, je croyais qu’ils se moqueraient de moi s’ils apprenaient, par exemple, que je lisais la Bible. Le soir avant mon départ, j’attendis que mes parents s’endorment pour aller chercher la Bible et la mettre dans mes bagages. Je ne voulais pas qu’ils sachent que je l’emportais avec moi.
Mon année au Japon ne fut pas l’expérience la plus agréable de ma vie. J’y vécus problème par-dessus problème. À l’époque, je trouvai cela très difficile. J’avais 17 ans et, par la force des choses, j’appris d’importantes leçons. L’une d’elles était qu’il ne faut pas se fier aux apparences. À un certain moment, j’eus l’impression d’avoir tout perdu : mes amies japonaises (les amies avaient toujours été très importantes, pour moi, même lorsque j’étais en Australie), les familles japonaises qui m’hébergeaient, puis je reçus un coup de fil m’apprenant que j’allais devoir retourner en Australie deux mois plus tôt que prévu. Le soir où je reçus ce coup de fil, je sortis ma Bible. Je pensais y trouver un peu de réconfort et je me disais que peu importe la situation, Dieu savait la vérité et Il était parfaitement au courant de ce que chacun faisait et aucun racontar ni mensonge ne pouvait changer cela. J’avais toujours considéré que les épreuves nous sont envoyées non pas pour nous arrêter et nous empêcher de faire ce que nous voulons, mais pour nous aider à grandir. C’est dans cet état d’esprit que je fus déterminée à rester au Japon jusqu’au bout et à faire taire les rumeurs ridicules. Alhamdoulillah, j’y parvins.
Cette année-là, j’ai compris que non seulement chaque culture est différente, mais qu’il y a en chacune du bon et du moins bon. Et je réalisai que ce n’était pas une culture que je cherchais, mais quelque chose d’autre.
Au Japon, je fréquentais une école bouddhiste pour filles. Chaque semaine, nous nous rassemblions pour prier, chanter et écouter les longs discours du directeur. Au début, je n’étais pas très à l’aise lors de ces rassemblements. On me donna une copie du livre de chants et ces billes que les bouddhistes mettent sur leurs mains lorsqu’ils prient. Au début, je tentai de faire comme les autres, puis je décidai que je n’avais pas à attribuer la même signification que les autres aux divers rituels. C’est ainsi que lorsque je priais, j’adressais mes prières à Dieu et à Dieu seul. Je ne peux prétendre vraiment comprendre le bouddhisme, car chaque fois que je tentai d’en savoir plus à son sujet, je me butai une impasse. Je posai même des questions à un Japonais qui nous enseignait l’anglais. Il était souvent allé aux États-Unis et me dit qu’au Japon, il était bouddhiste et qu’aux États-Unis, il était chrétien! Même s’il y avait certains aspects du bouddhisme que je trouvais intéressants, j’avais de la difficulté à le considérer comme une religion.
Comme beaucoup d’autres, je me mis à choisir les éléments qui m’intéressaient dans diverses religions et philosophies et les colligeai pour former ma religion personnelle. J’aimais collectionner les citations philosophiques et, de retour en Australie, je lus La Prophétie des Andes et autres livres sur les anges. Aussi, je nourrissais précieusement ces croyances chrétiennes que je trouvais sensées, car j’y tenais. Et j’avais l’impression d’être constamment en quête de vérité.
Jenny, ex-chrétienne, Australie (partie 2 de 2)
Description: Une adolescente australienne protestante, troublée par le concept de trinité, embrasse l’islam après avoir étudié un an dans une école bouddhiste au Japon.
- par Jenny
- Publié le 14 Sep 2015
- Dernière mise à jour le 14 Sep 2015
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De retour en Australie, je devins proche d’une fille avec laquelle j’étais allée à l’école secondaire. Je l’avais toujours considérée comme une bonne amie, mais elle n’avait jamais fait partie de « mon groupe d’amies », près desquelles je m’asseyais en classe ou avec lesquelles je mangeais sur l’heure du midi. Je n’ai pas recontacté certaines des filles de ce groupe d’amies ni n’ai entendu parler d’elles depuis mon retour. Je réalisai que cette fille, de laquelle je devins proche, avait beaucoup plus en commun avec moi que je ne l’avais cru. C’était peut-être parce que j’avais beaucoup changé lors de mon séjour au Japon ou peut-être parce que j’avais appris qu’être socialement acceptée et populaire n’avait aucune importance parce que les gens qui font de tels jugements sont loin d’avoir les meilleures valeurs morales. Je ne me souciais plus de qui était ou n’était pas ami(e) avec moi; ce qui m’importait, désormais, c’était que je demeure fidèle à moi-même et je refusais de changer dans l’unique but de plaire aux autres. Je sentais que j’avais découvert ma véritable personne en perdant tout ce que j’avais naguère considéré comme important.
La fille avec laquelle j’étais devenue très amie était musulmane. Mais, à l’époque, ce détail m’indifférait. Un soir, nous étions assises au McDonalds, profitant de leur recharge de café gratuite, et nous parlions de religion, de la façon dont nous percevions Dieu. C’est surtout elle qui me posait des questions sur ma perception de Dieu. J’appréciais la discussion et je me disais qu’elle serait arriverait sans doute à comprendre mon concept de « religion personnelle ». Lorsque nous revînmes à la maison, elle sortit un livre sur les 40 hadiths qoudsi et se mit à le lire. Puis, elle m’en lut quelques-uns à voix haute, ce qui piqua ma curiosité. Je lui demandai si je pouvais lui emprunter certains de ses livres et elle accepta. Lire ces livres fut, d’une certaine façon, effrayant. Car les seuls exemples de l’islam que j’avais jamais connus provenaient de livres tels « Princesse » ou « Jamais sans ma fille ». Je me dis que ces livres, qu’elle m’avait prêtés, ne faisaient que présenter les « bons » hadiths, mais que la partie plus obscure de l’islam existait, elle aussi.
Quelque temps après, je retournai à l’université et, n’ayant plus l’occasion d’emprunter de livres à mon amie, je me mis à faire des recherches sur l’internet. J’avais déjà fait la connaissance de musulmans sur des sites de clavardage (chat), mais je les considérais comme des amis et je me disais qu’ils ne me diraient pas toute la vérité sur l’islam, se limitant à ne me parler que des bons côtés. Je leur posai tout de même quelques questions et ils me furent d’une grande aide. Je me souviens avoir demandé à un musulman s’il croyait aux anges. Les anges faisaient partie de ma « religion personnelle » et je me disais que jamais un musulman n’admettrait croire aux anges! Car l’idée (étroite) que je me faisais alors du musulman était celle d’un type qui bat sa femme, qui tue les bébés filles et qui est terroriste dans ses temps libres. Ce type de personne ne pouvait sûrement pas croire aux anges! C’est pourquoi mon étonnement fut profond lorsqu’il me répondit « bien sûr que je crois aux anges ». C’est à partir de là que je voulus sincèrement savoir en quoi d’autres croyaient les musulmans.
Je crois qu’au départ, j’ai continué de lire sur l’islam, sur l’internet, pour tenter de démontrer sa fausseté. Je cherchais toujours à découvrir son côté sombre. Après tout, tant de gens ne pouvaient avoir une telle vision négative de l’islam sans bonnes raisons. J’avais toujours trouvé que les religions, toutes les religions, avaient un côté « mauvais » et illogique; pourquoi en aurait-il été autrement avec l’islam? Je me souviens que la première fois où j’avais trouvé un site de clavardage musulman, je m’étais attendue à ce que les femmes soient réduites au silence, se contentant de lire les messages écrits par les hommes. Je m’attendais à ce qu’elles n’aient pas le droit d’avoir une opinion et à trouver en elles la musulmane typique pour laquelle j’avais toujours éprouvé de la pitié. À ma grande surprise, j’y trouvai des filles qui clavardaient dans la bonne humeur et qui donnaient haut et fort leur opinion. D’une certaine façon, ces filles étaient encore plus libérées que je ne l’étais.
Je poursuivis mes recherches internet, sur l’islam, en discutant avec de nombreuses personnes et en imprimant de nombreuses pages sur le sujet. Et plus j’en apprenais, plus j’avais peur. Dans mon entourage, je n’avais parlé à personne de mon intérêt pour l’islam, pas même à ma meilleure amie. Au début, c’était parce que je voulais éviter qu’elle ne me parle que des bons côtés de l’islam, tout en occultant les « mauvais ». Puis, quand je réalisai qu’il n’y avait pas vraiment de « mauvais » côtés à l’islam, je continuai de garde cet intérêt pour moi car je ne voulais pas qu’elle s’emballe en s’imaginant que j’allais me convertir. Je voulais prendre cette décision par moi-même, sans pression extérieure.
En fait, je n’ai jamais vraiment pris de « décision ». On me demande souvent à quel moment j’ai pris la décision de devenir musulmane, mais quand une chose aussi claire et aussi logique que l’islam vous est présentée, vous n’avez pas vraiment d’autre choix que de l’accepter. Cela ne signifie pas que prononcer la shahadah (attestation de foi) fut très facile. Plusieurs facteurs me retenaient, au départ. J’estimais que je ne connaissais pas suffisamment l’islam, puis, en y réfléchissant, je réalisai que prononcer la shahadah ne constituait pas la dernière étape de mon cheminement, mais plutôt la première. Incha’Allah (si Allah le veut), je continuerai d’apprendre. Le deuxième facteur qui me faisait hésiter à me convertir était la difficulté que j’avais à dissocier le mot « islam » de toutes les mauvaises choses que j’y avais associées. Je m’étais toujours dit que je ne pourrais jamais devenir musulmane, puis je réalisai, un peu douloureusement, que ma « religion personnelle » était très proche de ce qu’était l’islam. L’islam fit s’emboîter les pièces de ce grand puzzle; tout était sensé et logique. Trouver l’islam fut comme un long trajet en autobus; j’étais descendue à chaque arrêt afin d’observer les environs, puisant quelques informations à chacun d’eux avant de remonter dans l’autobus. En trouvant l’islam, j’étais arrivée au bout de ce long trajet.
En octobre 1997, ma meilleure amie m’accompagna au centre islamique de Melbourne (rue Jeffcott) pour y prononcer ma shahadah. J’appréhendais quelque peu le moment, mais après qu’une sœur m’eût fait reconnaître les articles de la foi un par un, je sus qu’il ne me restait plus qu’à prononcer l’attestation à voix haute. Je pleure encore en repensant à ce moment. Je dus faire tomber le mur mental qui m’avait empêchée d’accepter l’islam jusque-là. La sœur me demanda de répéter après elle en arabe. Dès qu’elle prononça le premier mot, je me mis à pleurer. Je ne peux expliquer ce que je ressentis à ce moment-là. Mon amie était assise à côté de moi, mais un peu en retrait; je ne le réalisai pas sur le coup, mais elle pleurait avec moi. Je sentais qu’il y avait beaucoup de pouvoir dans les paroles elles-mêmes et autour de moi, dans la pièce, tout en me sentant moi-même très faible.
Je sais que ma famille se demande s’il ne s’agit que d’une période à travers laquelle je passe, comme d’autres périodes avant cela. J’ai encore tant à apprendre, mais il y a une chose que j’aimerais que les gens sachent : c’est que je sais, alhamdoulillah (gloire à Allah) que l’islam est une bénédiction pour l’humanité. Plus vous en apprendrez sur cette religion, incha’Allah, plus vous découvrirez la beauté de l’islam.
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