Éthique commerciale en islam (partie 1 de 2): Achats et ventes

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Description: L’éthique commerciale en islam et les conseils du prophète Mohammed sur les achats et les ventes.

  • par Aisha Stacey (© 2019 IslamReligion.com)
  • Publié le 29 Jul 2019
  • Dernière mise à jour le 15 Sep 2020
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Qu’est-ce que l’éthique commerciale?

Business-Ethics-in-Islam-part-1.jpgL’éthique commerciale comprend un ensemble de valeurs morales et de normes corporatives qui existent au sein des organisations commerciales (tout en variant d’une organisation à une autre).  Dans les grandes compagnies, les juristes d’entreprise définissent l’éthique commerciale comme l’intérêt d’une entreprise de se conformer à la loi. L’éthique commerciale peut également varier d’une personne à une autre; les gens d’affaires peuvent adhérer à diverses définitions de l’éthique et ne pas forcément voir du même œil ce qui se fait et ce qui ne se fait pas.  Parfois, la ligne séparant le moral de l’immoral se brouille et cela peut mener à des dilemmes éthiques.

Dans un scénario d’affaires, tenter de choisir une action plutôt qu’une autre est souvent plus problématique qu’il n’y paraît.  C’est pourquoi la plupart des pays ont des lois et des règlements sur les pratiques commerciales et c’est pourquoi les organisations commerciales établissent souvent des codes de conduite, ou normes éthiques, auxquels doivent adhérer les membres.  Dans le monde moderne, les affaires commerciales font souvent face à divers dilemmes d’ordre éthique et, sans règlements clairs, de diverses situations particulières peuvent découler des conséquences très différentes.  Ceux qui font des affaires doivent faire face à de nombreuses situations qui ont besoin d’être régies par des règles éthiques.  Ces situations incluent, sans s’y limiter, le harcèlement sexuel, l’intimidation sur les lieux de travail, la discrimination basée sur le genre ou la race, les conflits d’intérêt, le détournement de fonds et la pollution environnementale.

L’accent que met l’islam sur le comportement éthique

Le comportement moral et éthique est un trait conducteur en islam, une religion qui s’adresse à tous sans exception, en tous lieux et à toutes les époques.  Alors que les lois et règlements changent d’un pays à l’autre et d’une organisation à l’autre, les normes islamiques sont immuables.  L’équité, la justice, le respect et l’honnêteté font partie du comportement islamique et ne sont pas restreints aux affaires commerciales.  Il demeure que le commerce et le fait d’avoir un gagne-pain et de gagner sa vie sont des concepts importants en islam.  Le musulman doit se montrer scrupuleusement honnête et juste dans toutes les transactions auxquelles il participe et il le fait parce qu’il sait que Dieu l’observe en tout temps et qu’Il le jugera sur la base de ses actions.

Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) est le meilleur exemple à suivre.  En plus d’avoir été prophète, législateur, homme d’État, général militaire et père de famille, il fut aussi un homme d’affaires accompli.  Ce sont ses enseignements que les musulmans suivent, sachant qu’ils ne peuvent déplaire à Dieu en suivant les enseignements de Son prophète.  Dieu ne nous a pas laissés à nous-mêmes afin que nous avancions à tâtons pour découvrir quel est le meilleur mode de vie; Il nous a donné le Coran et un Prophète pour nous guider vers ce qu’il y a de meilleur, pour nous, en ce monde et dans l’au-delà.  Si nous suivons les principes et les lignes directrices de l’islam, nous ne pouvons qu’être honnêtes et justes dans toutes nos transactions avec autrui.  Un principe général, en islam, veut que tout soit permis sauf ce qui est explicitement interdit.  Cela concerne tout ce qui touche à la vie sur terre et, combiné aux codes moral et éthique, en islam, cela apporte au musulman un sens des responsabilités et un devoir de transparence dans tous les aspects de sa vie.

Avant d’être prophète, Mohammed était un homme d’affaires. Jeune, il travailla pour son oncle Abou Talib et son premier contact avec sa première épouse fut lorsqu’elle l’embaucha, sur la base de son intégrité et de son honnêteté, pour diriger ses caravanes commerciales.  L’islam reconnaît le commerce comme partie intégrante de la vie sur terre.  Quand on demanda au Prophète quelle était l’une des meilleures façons de gagner sa vie, il répondit « travailler avec ses mains et être un commerçant honnête ».[1] C’est pourquoi le Coran et les hadiths contiennent de nombreuses références au commerce et divers conseils sur les meilleures façons de faire des affaires, conseils qui sont toujours applicables 1400 ans plus tard.

Le prophète Mohammed a souligné l’importance cruciale de l’honnêteté dans toutes les transactions commerciales.  Il a dit : « Le commerçant honnête est associé aux prophètes, aux vertueux et aux martyrs. »[2]  Il a également dit : « Dieu démontre de la miséricorde envers ceux qui démontrent de la gentillesse lorsqu’ils vendent, lorsqu’ils achètent et lorsqu’il récupère une dette. »[3]

      Acheter et revendre est une façon, pour une personne, de gagner sa vie, de soutenir sa famille et de redonner à la communauté sous forme de charité.  Juste magasiner à votre marché local fait de vous une personne impliquée dans une transaction commerciale.  Le prophète Mohammed marchandait, mais il ne cherchait jamais à minimiser la valeur d’une marchandise.  Un marchand ne devrait jamais tenter de tromper un acheteur en lui faisant payer un prix beaucoup plus élevé que la valeur de la marchandise.

Piété et charité

      Le prophète Mohammed a conseillé aux marchands d’être toujours honnêtes et de donner régulièrement en charité. « Les deux partis, dans une transaction, ont le loisir d’annuler cette transaction jusqu’à ce qu’ils se séparent. S’ils sont honnêtes et qu’ils révèlent certains défauts de la marchandise, leur transaction sera bénie.  Mais s’ils mentent et cherchent à dissimuler certains défauts de la marchandise, la bénédiction, sur leur transaction, sera effacée. »[4]  Le Prophète avait également compris que le fait, pour certains, d’être impliqués dans une transaction commerciale les mettait souvent dans des situations où Dieu était relégué au dernier plan, dans leurs pensées immédiates.  Il dit : « Ô marchands! Le fait de vendre implique souvent de vains discours et des serments, alors faites en sorte de donner également en charité. »[5]

Le prophète Mohammed a interdit un truc bien connu des marchands qui consiste à affirmer aux éventuels acheteurs qu’un prix plus élevé leur a été offert pour une marchandise donnée afin de les presser à acheter.6  Il voulait que les croyants soient connus pour leur honnêteté et leur générosité et c’est pourquoi il les pressait de donner un peu plus lorsqu’ils pesaient ou mesuraient.  Et il conseillait à ceux à qui on devait de l’argent ou des biens de se montrer patients et indulgents, et même de libérer le débiteur de sa dette si les circonstances le permettaient.  L’équité, la bonté, l’honnêteté et la générosité étaient des traits constamment encouragés chez les croyants.  Le prophète leur dit : « Quiconque souhaite que Dieu le sauve de la calamité du Jour de la Résurrection doit laisser plus de temps au débiteur en mauvaise situation financière ou le décharger de sa dette. » [6]

 



Note de bas de page:

[1] Imam Ahmad

[2] At-Tirmidhi

[3] Sahih Al-Boukhari

[4] Sahih Al-Boukhari, Sahih Mouslim

[5] At-Tirmidhi, Abou Daoud et d’autres

6 Sahih Al-Boukhari

[6] Sahih Mouslim

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L’éthique commerciale en islam (partie 2/2) : L’intérêt et autres pratiques prohibées

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Description: Discussion sur l’intérêt et ses effets sur la société et un coup d’œil sur la tromperie et autres pratiques commerciales prohibées par l’islam.

  • par Aisha Stacey (© 2019 IslamReligion.com)
  • Publié le 19 Aug 2019
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Qu’est-ce que l’intérêt?

Business-Ethics-in-Islam-part-2.jpg     L’éthique commerciale, en islam, inclut l’interdiction de l’intérêt (riba, en arabe) sous toutes ses formes.  Cela a d’ailleurs souvent valu à l’islam le qualificatif de religion rétrograde.  Mais, comme nous le verrons, l’interdiction de l’intérêt est aussi pertinente, de nos jours, qu’elle l’était lorsque Dieu a confirmé Son aversion pour cette pratique conçue pour voler de l’argent à ceux qui peuvent le moins se permettre d’en perdre.

Dans les pays occidentaux, l’usure est définie comme une pratique consistant à prêter de l’argent à des taux d’intérêt déraisonnables, qui dépassent habituellement les taux légaux.  C’est vu comme une pratique immorale et contraire à l’éthique qui ne fait qu’enrichir le prêteur.  À l’origine, cependant, l’usure ne signifiait que l’intérêt sous toutes ses formes et l’islam utilise toujours cette définition.

En islam, l’intérêt (l’usure) est connu sous le nom de riba, mot qui signifie excès, en loi islamique, et qui fait référence à tout argent payé ou reçu en plus du remboursement d’un prêt ou en échange d’une commodité.  Selon l’islam, l’usure est un péché grave.  Charger des intérêts à quiconque est interdit.  Il faut également souligner que l’usure (riba), en islam, inclut aussi des pratiques telles que l’échange simultané de biens qui ne sont pas de la même valeur ou en même quantité.

Dieu connaît parfaitement l’être humain et a établi, dans le Coran et dans les enseignements du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui), les meilleures façons de faire des affaires, incluant la meilleure façon de prêter de l’argent.  La bonne façon de prêter de l’argent consiste à faire preuve de bonté envers un autre être humain et c’est pourquoi cela n’inclut pas le fait de lui charger des intérêts sur le prêt qu’on lui fait.

« Dieu a permis le commerce mais interdit l’intérêt (riba)… » (Coran 2:275)

« Ô vous qui croyez!  Craignez Dieu et laissez tomber ce qui vous est dû de l’intérêt, si vous êtes (vraiment) croyants. » (Coran 2:278)

Pourquoi l’intérêt est-il interdit?

L’islam interdit l’intérêt sous toutes ses formes à cause du tort qu’il cause aux individus et à la société dans son ensemble.  L’intérêt provoque une distribution inégale de la richesse et des ressources et élargit le gouffre entre les riches et les pauvres.  Il concentre la richesse entre les mains d’une poignée d’individus et de sociétés et n’est point utilisé pour le bien général de la communauté.  Le prophète Mohammed a maudit celui qui consomme l’intérêt, celui qui le paie, celui qui le met par écrit et ceux qui se portent témoins d’un contrat avec intérêts et les a tous inclus dans le péché qui est commis.[1]

Une société islamique est fondée sur la fraternité, l’empathie, la bonté et la justice.  Alors si une personne a besoin d’argent ou d’un prêt, quiconque possède suffisamment d’argent devrait répondre à ce besoin afin d’assurer la cohésion de la communauté et par amour pour Dieu.  L’islam juge sévèrement ceux qui sont impliqués dans des transactions avec intérêts, car ils encouragent un système basé sur l’égoïsme, l’exploitation et l’oppression.  Dans les sociétés où le système bancaire avec intérêts est la norme, les riches sont rarement enclins à aider les pauvres; ils sont le plus souvent préoccupés par leurs propres désirs.  Et ceux qui offrent des prêts à intérêts en dehors du système bancaire sont considérés comme des requins parce que trop souvent, ils forcent les débiteurs à les rembourser en usant de violence et d’intimidation.

Autres pratiques commerciales prohibées

Parmi les autres pratiques commerciales prohibées, on retrouve la tromperie, les jeux d’argent et la vente de biens ou de services illicites.  Le terme gharar, en arabe, fait référence à la tromperie, à l’incertitude et au risque.  En islam, c’est un concept qui est utilisé pour mesurer la légitimité et qui a trait à des ventes ou des investissements hasardeux ou risqués, aux ventes à découvert, aux ventes de marchandises dont la qualité est douteuse, aux jeux d’argent et aux contrats qui ne sont pas rédigés en termes légaux clairs.  Le gharar est interdit à cause de l’injustice et de la tromperie qui y sont rattachés.  Alors qu’il s’exprimait contre le fait de vendre des oiseaux encore dans le ciel, des poissons encore dans la mer ou encore un veau toujours dans le ventre de sa mère, on interrogea le prophète Mohammed à savoir s’il est permis de vendre quelque chose qui n’est pas encore en notre possession.  Il répondit : « Ne vendez rien qui ne soit déjà avec vous. »[2]

Parmi les autres pratiques commerciales prohibées, on retrouve la tromperie, les jeux d’argent et la vente de biens ou de services illicites.  Le terme gharar, en arabe, fait référence à la tromperie, à l’incertitude et au risque.  En islam, c’est un concept qui est utilisé pour mesurer la légitimité et qui a trait à des ventes ou des investissements hasardeux ou risqués, aux ventes à découvert, aux ventes de marchandises dont la qualité est douteuse, aux jeux d’argent et aux contrats qui ne sont pas rédigés en termes légaux clairs.  Le gharar est interdit à cause de l’injustice et de la tromperie qui y sont rattachés.  Alors qu’il s’exprimait contre le fait de vendre des oiseaux encore dans le ciel, des poissons encore dans la mer ou encore un veau toujours dans le ventre de sa mère, on interrogea le prophète Mohammed à savoir s’il est permis de vendre quelque chose qui n’est pas encore en notre possession.  Il répondit : « Ne vendez rien qui ne soit déjà avec vous. »

Tous les jeux de hasard sont également interdits, car ils créent de l’inimitié entre les gens.  Le commerce (achat ou vente) de biens et services jugés illicites par l’islam sont également interdits.  Cela inclut, sans s’y limiter, le porc, l’alcool et les drogues, de même que tout objet lié à d’autres cultes et à l’idolâtrie. 

Dieu et Son messager vous ont interdit la vente (et la consommation) du vin, de la viande d’animaux trouvés morts, du porc et des idoles.[3]

« Ô vous qui croyez!  Les boissons alcoolisées, les jeux de hasard, les autels dressés pour les idoles et les flèches de divination ne sont que des abominations, des œuvres de Satan.  Éloignez-vous-en, si vous tenez à la réussite. » (Coran 5:90)

Entreposer des biens en grandes quantités, et plus particulièrement de la nourriture, dans l’espoir qu’ils deviendront rares et qu’ils verront, par conséquent, leurs prix augmenter, est également une pratique interdite en islam.  Le prophète Mohammed a appelé ceux qui se comportent ainsi des pécheurs.  Il a dit : « Le commerçant qui entrepose des biens pour en faire augmenter le prix est un pécheur. »[4]

Système bancaire islamique

Le système bancaire islamique fonctionne selon les lignes directrices établies par le Coran et les hadiths du prophète Mohammed.  Depuis les débuts de l’islam et à travers le Moyen-Âge, le système bancaire islamique a été la base sur laquelle s’appuyait le monde financier islamique.  Il a probablement influencé certains aspects du système bancaire occidental, qui s’est développé autour de la Méditerranée.  Pour faire de l’argent sans avoir recours au système d’intérêts, les banques islamiques utilisent des programmes de participation dans divers fonds.  Ainsi, si une banque islamique prête de l’argent à un commerce, elle ne lui chargera pas d’intérêt, mais prendra une part des profits du commerce.  Si le commerce n’est pas rentable et fait faillite, la banque aura partagé ce risque et ne tirera pas de profit de son prêt.

Jusqu’à récemment, les musulmans, qui vivent dans un monde dominé par un système bancaire basé sur les intérêts, trouvaient difficile de gérer leurs finances en respectant les lois de l’islam.  De nos jours, cependant, il existe plus de 300 banques islamiques réparties dans 51 pays.[5] De plus, certaines banques traditionnelles ont ouvert des succursales respectant les principes financiers islamiques afin de desservir une clientèle musulmane grandissante.

Il existe donc plus d’options, de nos jours, pour les musulmans.  Et si certains musulmans se sentent confus devant les choix offerts, il y a des conseillers financiers musulmans pour les guider, de même que divers sites internet réputés.  Bien comprendre les règles éthiques commerciales islamiques nous aide à prendre des décisions éclairées et conformes aux lois de notre religion.



Note de bas de page:

[1] Sahih Mouslim

[2] Abou Daoud

[3] Sahih Boukhari, Sahih Mouslim

[4] Sahih Mouslim

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