Nier Dieu, nier la réalité: pourquoi nous n’avons pas besoin de preuves de l’existence de Dieu (partie 3 de 3)
Description: L’existence de Dieu n’a pas besoin d’être prouvée. Partie 3 : l’existence de Dieu est enracinée dans la nature innée de l’homme.
- par Hamza Andreas Tzortzis
- Publié le 11 Apr 2016
- Dernière mise à jour le 17 Apr 2016
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Notre nature innée (fitrah)
L’idée des croyances de base et des certitudes immédiates au sujet de l’existence de Dieu correspond à la tradition islamique au sujet de la fitrah. La fitrah est un terme arabe qui fait référence à la nature innée, à la disposition naturelle de l’être humain. Cette nature innée reconnaît Dieu et ressent le besoin de L’adorer.[1] Le prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) a dit, dans un hadith authentique : « Chaque enfant naît en état de fitrah. Ce sont ses parents qui, plus tard, en font un juif, un chrétien, un zoroastrien… »[2]
Le sujet de la fitrah a été amplement discuté par les érudits musulmans. L’érudit Ibn Taymiyyah (14e siècle) a dit : « La reconnaissance d’un créateur est fermement enracinée dans le cœur de tous les hommes… cela fait partie des nécessités indispensables de la création… ». Al-Raghib al-Asfahani, un érudit du 12e siècle, a quant à lui écrit que la connaissance de Dieu « est profondément enracinée dans l’âme ».[3]
Malgré cela, la fitrah peut être « voilée » ou « corrompue » par diverses influences extérieures. Ces influences, tel qu’indiqué dans les hadiths, peuvent inclure l’influence parentale ou encore celle de la société et des pairs. Ces influences peuvent recouvrir d’une ombre la fitrah et ainsi l’empêcher de reconnaître la vérité. À cet égard, Ibn Taymiyyah affirme que lorsque l’état naturel d’une personne est altéré, cette personne peut avoir besoin de preuves supplémentaires de l’existence de Dieu.
« La reconnaissance d’un Créateur et de Sa perfection est innée et nécessaire en ce qui concerne celui dont la disposition est demeurée intacte. Et souvent, quand la disposition innée est altérée… plusieurs personnes peuvent avoir besoin de preuves supplémentaires. »[4]
Ces autres preuves peuvent inclure l’argument rationnel. Ibn Taymiyyah affirme que l’être créé « sait, par l’entremise de sa raison, qu’il a un créateur ».[5] Cependant, ces arguments rationnels doivent être conformes à la théologie de l’islam et ne pas être fondés sur des prémisses qui la contredisent. De ce point de vue, il est important de savoir que la croyance en Dieu n’est pas déduite de preuves inductives, déductives, philosophiques ou scientifiques. Ce genre de preuves vient, certes, éveiller la fitrah présente chez l’homme, cette disposition naturelle à croire en Dieu. Par ailleurs, un principe-clé veut que les arguments coraniques retirent le voile ou l’ombre qui recouvrait la fitrah. Ces arguments incluent la réflexion, la méditation et l’introspection :
« Ainsi exposons-Nous les révélations aux gens qui réfléchissent. » (Coran 10:24)
« Il y a vraiment là un signe pour les gens qui réfléchissent. » (Coran 16:69)
« Ont-ils été créés à partir de rien? Ou sont-ils eux-mêmes les créateurs? Ou ont-ils créé les cieux et la terre? En fait, ils ne sont sûrs de rien ! » (Coran 52:35-36)
Preuves soutenant le concept de Fitrah
Il est intéressant de noter que le concept de fitrah est soutenu par des preuves psychologiques, sociologiques et anthropologiques. En voici quelques exemples :
·Preuve psychologique: l’érudite Olivera Petrovich a mené des recherches sur le lien entre la psychologie de l’être humain et l’existence de Dieu. Elle conclut que la croyance en un Dieu non-anthropomorphique est quelque chose de naturel chez l’être humain et que l’athéisme est une psychologie apprise.
« La possibilité que certaines croyances religieuses soient universelles (i.e. la croyance de base en un Dieu non-anthropomorphique en tant que créateur du monde naturel) semble avoir une base empirique beaucoup plus solide que ce que l’on peut déduire des textes religieux. Certaines découvertes effectuées suite à des recherches sur la compréhension religieuse précoce concordent avec d’autres sphères de la recherche sur le développement, ce qui suggère des vérités cognitives universelles dans un nombre de domaines liés à la connaissance humaine… »[6]
·Preuve sociologique: le professeur Barrett, dans son ouvrage intitulé Born Believers: The Science of Children’s Religious Belief (Croyants-nés: la science des croyances religieuses chez les enfants), a étudié le comportement et les affirmations d’un groupe d’enfants. Il en a conclu que les enfants croient en ce qu’il nomme « la religion naturelle », i.e. l’idée qu’une entité a créé l’univers tout entier et que cette entité ne peut être humaine (elle ne peut donc qu’être divine et surnaturelle).
« Les recherches scientifiques sur l’esprit en développement des enfants et sur les croyances surnaturelles suggèrent que les enfants acquièrent normalement et rapidement un esprit facilitant la croyance au surnaturel. Surtout au cours de la première année suivant la naissance, ils font la distinction entre les agents et les non-agents, les agents, ici, étant les êtres capables de se déplacer de manière déterminée pour atteindre un but. Peu de temps après leur premier anniversaire, les bébés semblent comprendre que les agents et non les forces naturelles et les objets ordinaires, sont capables de créer de l’ordre à partir du désordre… Cette habileté à comprendre la fonction et le but, doublée de la compréhension que l’ordre provient d’êtres dotés d’esprits, fait des enfants des êtres susceptibles de percevoir les phénomènes naturels comme des phénomènes intentionnellement créés. Qui est le Créateur? Les enfants savent que les gens qui les entourent ne sont pas de bons candidats. Ce doit donc être Dieu… Les enfants naissent croyants de ce que j’appelle la religion naturelle… »[7]
·Preuve anthropologique: Considérez l’athéisme de la Russie et de la Chine communistes. Il subsistait, dans ces pays, des signes de ce que l’on appelle un instinct d’adoration, une stupeur mêlée d’admiration devant un être supérieur, appelée fitrah, en islam. Par exemple, leurs grandes statues de Staline et de Lénine étaient presque révérées par les gens. Lorsque vous étudiez les autres cultures, vous voyez cet instinct d’adoration transparaître, et cet instinct se manifeste même au sein des cultures athées.
Bref, nier Dieu revient à nier la réalité du monde qui nous entoure. Nous avons parlé des certitudes immédiates et affirmé que la réalité du monde qui nous entoure en fait partie, bien que nous n’en ayons pas de preuve. C’est pourquoi nier Dieu, qui est une certitude immédiate, revient à nier la réalité.
Et cela fut confirmé dans le Coran il y a plus de 1400 ans:
« Peut-il y avoir un doute au sujet de Dieu, Créateur des cieux et de la terre? » (Coran 14:10)
Note de bas de page:
[1]Selon Ibn Qayyim, la fitrah est une prédisposition innée à reconnaître Allah, Son unicité et l’islam (al-Asqalani, Fathul Bari, p. 198).
[2] Sahih Mouslim
[3]al-Dharee’ah p. 199
[4]Majmu’ al-Fatawa 6/73
[5] Nubuwwat, 266
[6]Les enfants en bas âge ont une croyance naturelle en Dieu. The Age National (Australie) http://www.theage.com.au/national/infants-have-natural-belief-in-god-20080725-3l3b.html. 17 Décembre 2014.
[7] Justin L. Barrett. Born Believers: The Science of Children’s Religious Belief. Free Press. 2012, pp. 35 – 36.
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