Le judaïsme (partie 4 de 4): Si semblables et pourtant différents
Description: Les similitudes et l’histoire communes à l’islam et au judaïsme.
- par Aisha Stacey (© 2015 IslamReligion.com)
- Publié le 02 Nov 2015
- Dernière mise à jour le 02 Nov 2015
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Dans les trois articles précédents sur le judaïsme, nous avons appris, entre autres, que le judaïsme et l’islam ont beaucoup en commun. Le paysage politique du 21e siècle semble présenter les juifs et les musulmans comme des ennemis jurés alors que ce n’est pas tout à fait le cas. Les deux religions partagent une histoire commune et, à certains moments, au cours de l’histoire, leurs fidèles ont vécu, travaillé et coopéré ensemble. Plusieurs musulmans se demandent pourquoi les juifs ne voient pas l’islam comme une extension de leur religion et pourquoi, par conséquent, ils ne l’embrassent pas. En réalité, de nombreux juifs ont déjà fait ce pas, mais il est vrai que la vaste majorité s’y refuse. Dans ce dernier article, nous continuerons d’étudier les similitudes entre les deux religions et nous jetterons un regard sur leurs interactions historiques.
Le judaïsme et l’islam partagent un même héritage traditionnel. Les deux religions partagent presque tous les mêmes prophètes et reconnaissent Abraham comme ancêtre. Les deux prêtent les mêmes attributs à Dieu, dont ceux de Créateur, d’Administrateur, de Juge et de Pardonneur. Les deux religions voient Dieu comme à la fois Omnipotent et Omniscient. Les affinités entre les deux religions se poursuivent au niveau des valeurs morales, du respect pour la vie et pour les parents, des dons de charité et des bonnes actions. Même leurs croyances au sujet des derniers moments de l’humanité sont similaires. Le judaïsme et l’islam enseignent tous deux que même si le clairon marquant la fin des temps retentit et qu’une personne tient à la main une graine qu’elle s’apprêtait à mettre en terre, elle devrait la semer quand même. Enfin, il y a de nombreux points communs théologiques et politiques entre les deux religions.
Selon la Torah, Abraham est l’ancêtre des juifs par l’intermédiaire de son fils Isaac, né de Sarah, afin de remplir une promesse faite dans la Genèse. Selon la tradition islamique, le prophète Mohammed est un descendant d’Ismaël, également fils d’Abraham. La tradition juive reconnaît elle aussi que les descendants d’Ismaël sont les Arabes.
« Abraham est le père des prophètes; tous les prophètes envoyés après lui faisaient partie de ses descendants. Il eut deux fils, faits également prophètes par Dieu : Ismaël, aïeul des Arabes (et parmi les descendants duquel Dieu envoya le prophète Mohammed), et Isaac, à qui Dieu envoya un fils qui devint le prophète Jacob (aussi connu sous le nom d’Israël) et du nom duquel furent nommés les Enfants d’Israël et leurs prophètes. »[1]
« Et Nous lui avons donné Isaac et Jacob, que Nous avons tous deux guidés. Et Nous avions guidé Noé, auparavant ; et de sa descendance, (Nous avons guidé) David, Salomon, Job, Joseph, Moïse et Aaron. C’est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants. Et Zacharie, Jean, Jésus et Élie : chacun d’eux était du nombre des vertueux. Et Ismaël, Élisée, Jonas et Lot : Nous avons favorisé chacun d’eux sur (Nos) autres créatures, de même qu’une partie de leurs ancêtres, de leurs descendants et de leurs frères, et Nous les avons choisis et guidés vers le droit chemin. » (Coran 6:84-87)
Historiquement, les juifs et les musulmans ont toujours partagé une culture commune et prospéré ensemble, parfois des siècles durant. Ce lien fut évident durant les 700 années de règne musulman en Espagne (Andalousie). Là, les juifs occupèrent certains des plus importants postes politiques, certains furent médecins pour les dirigeants musulmans et d’autres furent les auteurs de profondes théories philosophiques. Moïse Maïmonide rédigea son Guide des Égarés, une explication philosophique des écritures, à Cordoue. Une statue en son honneur y est toujours érigée. Les juifs firent de grandes percées en mathématiques, en astronomie, en philosophie et en chimie; cette époque est parfois appelée l’âge d’or de la culture juive. En 1492, quand l’Andalousie fut envahie par les catholiques et que les leaders musulmans furent destitués, les juifs et les musulmans fuirent ensemble en Afrique du Nord, en Égypte, en Palestine, en Syrie et en Irak.
« Dieu ne vous interdit pas d’être bons et justes envers ceux qui ne vous ont pas combattus à cause de votre religion et qui ne vous ont pas expulsés de vos demeures. Car Dieu aime ceux qui traitent (les autres) de façon équitable. Il vous interdit seulement de prendre pour alliés ceux qui vous ont combattus à cause de votre religion et qui vous ont expulsés de vos demeures ou ont aidé à votre expulsion. Et ceux qui les prennent pour alliés… les voilà les véritables injustes. » (Coran 60: 8-9)
Le traitement des juifs et des chrétiens par les musulmans est bien documenté. Le calife Omar, sous lequel Jérusalem fut conquise environ six ans après la mort de Mohammed, émit un décret visant à protéger les sites religieux chrétiens en plus d’inviter 70 familles juives de Tibériade à venir s’installer à Jérusalem, d’où les Romains les avaient expulsées. Les juifs et les musulmans ont beaucoup en commun et leur croyance commune la plus importance est celle en l’unicité de Dieu (monothéisme pur).
Avec tant de similitudes, on pourrait se demander pourquoi il n’y pas plus de juifs qui se convertissent à l’islam. Dans les premiers temps de l’islam, plusieurs juifs se sont convertis à l’islam et l’un d’eux en particulier, Abdoullah Ibn Salam, devint un proche compagnon du prophète Mohammed. Son histoire détaillée se trouve sur ce site (note en bas de page).[2]
Voici une courte liste de juifs qui se sont convertis à l’islam :
·Rashid-al-Din Hamadani, physicien persan du 13e siècle.
·Yaqoub ibn Killis, vizir égyptien du 10e siècle.
·Leila Mourad, chanteuse et actrice égyptienne des années 40 et 50.
·Lev Nussimbaum, écrivain, journaliste et orientaliste du 20e siècle.
·Jacob Querido, successeur du messie juif auto-proclamé Sabbatai Zevi (17e siècle).
·Ibn Sahl de Séville, poète andalou du 13e siècle.
Nous savons peu de choses sur le nombre de juifs convertis à l’islam, de nos jours. Leur nombre pourrait être plus élevé qu’on ne le croit si l’on considère que l’islam, selon Pew[3], est une religion dont le nombre de fidèles augmente de 2,9% par année, ce qui est un rythme plus rapide que celui de la population mondiale, qui augmente de 2,3% annuellement.
Des données provenant de l’état d’Israël suggèrent que le taux de conversion à l’islam chez les juifs de ce pays a doublé au cours des dernières années. « Les juifs qui se sont convertis ont avoué l’avoir fait après avoir pris la décision d’approfondir leur connaissance de l’islam. Plusieurs se sont dit déçus par le judaïsme » a affirmé un membre sénior de la cour islamique. Et ils se convertissent en dépit du fait que le ministère des affaires religieuses israélien et le ministère de l’Intérieur leur rendent la tâche difficile. Un converti raconte : « Ils m’ont fait courir dans tous les sens, me faisant bondir d’un bureau à l’autre. Ils m’ont fait voir un psychiatre pour s’assurer que je n’avais pas reçu un lavage de cerveau. Ils ont tout fait pour que je désespère et que je retourne au judaïsme. »[4]
Lorsque l’on considère les similitudes entre les deux religions, une conversion de ce genre peut paraître comme un tout petit pas à faire. Mais compte tenu de l’atmosphère politique et sociale régnant à l’heure actuelle, ceux qui choisissent de le faire font preuve d’un courage remarquable.
Note de bas de page:
[1] Tiré de Usool al-Deen al-Islami par Shaykh Muhammad ibn Ibraaheem al-Tuwayjri.
[2] (http://www.islamreligion.com/articles/4703/viewall/)
[3] Le Pew Research Centre est un groupe de réflexion américain basé à Washington, D.C. qui fournit des informations sur divers sujets et diverses tendances qui façonnent les États-Unis et le monde en général.
[4] (http://www.ynetnews.com/articles/0,7340,L-3274735,00.html)