Stephen Schwartz, journaliste, États-Unis
Description: Trouvant une consolation dans ce jardin de paix de l’islam, un journaliste et auteur américain raconte sa conversion à cette religion.
- par Stephen Schwartz
- Publié le 24 Jun 2013
- Dernière mise à jour le 24 Jun 2013
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Je suis un auteur et journaliste américain. En 1997, à l’âge de 49 ans et après 30 ans de recherche, d’étude et d’expériences de vie, je décidai d’embrasser l’islam. Et cette décision ne fut pas sans rejaillir sur plusieurs aspects de ma vie.
J’ai grandi dans un environnement qui pourrait paraître comme très étrange à la plupart des Américains. Mon père était juif et ma mère était la fille d’un prêtre protestant fondamentaliste très connu. Mon père, plus jeune, avait été un yeshiva bocher, i.e. qu’il avait étudié la religion juive. Ma mère avait été élevée dans une maison où on lisait régulièrement la Bible et elle connaissait très bien l’Ancien et le Nouveau Testaments.
La foi de chacun de mes parents fut sévèrement testée par les événements des années 30. Ma mère abandonna le christianisme pour protester contre les attaques nazies contre les juifs, qu’on lui avait appris à considérer comme « le peuple original de Dieu ». Plus tard, elle décida de se convertir au judaïsme.
Mes parents, même s’ils croyaient profondément en la religion juive, furent longtemps influencés par les idées du parti communiste. Tel était le grand paradoxe de leur vie. Mais bien qu’ils vacillaient constamment entre le radicalisme libéral et la religion de Dieu, ils n’épousèrent jamais un sionisme extrême.
De mon côté, le conflit israélo-palestinien m’a toujours beaucoup peiné et je souhaite, depuis toujours, voir la justice et l’amitié régner entre ces deux peuples.
Plus jeune, je fus un gauchiste radical. J’aimais, par ailleurs, écrire de la poésie et, bien que rebuté, en quelque sorte, par la confusion et l’amertume que ressentaient mes parents vis-à-vis de la religion, je croyais tout de même en Dieu.
Ma première véritable quête de vérité me dirigea vers l’Église catholique. Sans m’y convertir, je fus grandement impressionné par la littérature mystique catholique.
J’appris, par ailleurs, que derrière les glorieuses œuvres des mystiques catholiques espagnols se cachait l’histoire de l’islam en Espagne et que l’islam avait laissé un bel héritage en ces lieux. Je me rendis en Espagne à plusieurs reprises, à la recherche des traces laissées par la longue présence musulmane dans la péninsule ibérique. En tant qu’écrivain, je m’intéressai à cette histoire durant de nombreuses années et m’attardai quelque peu sur l’œuvre des poètes troubadours, fortement influencés par l’islam.
En 1979, je me mis à l’étude de la kabbale, ou mysticisme juif. Là encore, je découvris une influence islamique, qui s’y était infiltrée à travers le judaïsme.
Mais l’événement qui fut décisif dans mon cheminement vers l’islam survint en 1990, lorsque je me rendis dans les Balkans en tant que journaliste. Je visitai Sarajevo et rédigeai divers comptes-rendus sur la guerre en Bosnie.
À Sarajevo, je découvris des choses étonnantes. J’y trouvai un avant-poste de l’islam en Europe, dans un environnement où je ne me sentais pas comme un touriste, où je pouvais avoir des échanges simples et directs avec des musulmans et des gens versés en religion. J’y découvris de la très belle poésie et de la musique exprimant les valeurs de l’islam avec grâce et affection.
J’avais découvert « le jardin du vieil imam », pour citer un vers d’une chanson bosniaque populaire, les vestiges de la grande période de règne ottoman dans les Balkans et son immense contribution à la civilisation islamique.
Je lus des passages du Coran et visitai des monuments islamiques, lors de mes voyages dans les Balkans. Je revenais sans cesse dans le « jardin » et finalement, décidai d’y entrer pour de bon.
Après m’être converti à l’islam, je pris mon temps pour en informer mes amis, mes voisins, mes collègues de travail et ma famille. Je ne voulais surtout pas provoquer de conflits ni susciter de controverses et je tenais à ce qu’on comprenne le sérieux de ma démarche. Il m’importait de me comporter de façon à mettre en valeur toute la beauté de l’islam, pour le bien de la communauté musulmane et pour améliorer les relations entre croyants.
Depuis, je n’ai pas eu trop de problèmes, à part d’occasionnelles remarques cinglantes. Selon mes constatations, mes collègues, à la salle de nouvelles, semblent apprécier d’avoir, dans leur entourage, quelqu’un qui peut leur fournir des informations plus exactes sur certains sujets. D’autres personnes se sont montrées étonnées, mais respectueuses. Elles semblent comprendre que ce n’est pas une question de politique ou de recherche d’attention, mais le résultat d’une longue quête personnelle.
Pour être parfaitement honnête, je crois aussi que les non-musulmans me voient comme quelqu’un qui a été profondément affecté par ses expériences dans les Balkans et que cette décision (de me convertir) prend une autre signification dans ce contexte.
Mais j’explique toujours aux gens que je ne suis pas musulman pour des raisons politiques ou humanitaires, mais plutôt parce que le message du prophète Mohammed (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) est clair et convaincant.
Comme je l’ai mentionné plus haut, je trouve que plusieurs des aspects positifs du judaïsme et du christianisme, tels que nous les connaissons aujourd’hui, sont un reflet de l’influence de l’islam.
J’ai mentionné le catholicisme espagnol. Je crois que la raison pour laquelle les catholiques espagnols vivent leur foi de manière plus intense que les autres catholiques est la présence de l’héritage islamique dans leur culture. Les croisades et l’inquisition n’ont pas réussi à éteindre cette flamme, peu importe à quel point certains la croient diminuée.
Je crois sincèrement que sans la tolérance des dirigeants arabes, en Espagne, et sans la généreuse protection des califes ottomans, le judaïsme aurait pu disparaître de la planète. Car les historiens juifs d’aujourd’hui reconnaissent que le judaïsme serait bien différent, de nos jours, sans les conséquences positives découlant du fait, pour les juifs, d’avoir vécu dans un environnement musulman.
L’aspect de l’islam qui m’impressionna le plus est l’emphase mise sur la paix intérieure découlant de la soumission à la volonté de Dieu. Et cette paix, je l’ai vue reflétée dans la politesse, la courtoisie, la simplicité et la sincérité des musulmans bosniaques qui avaient vécu les pires tourments, sans jamais se départir de leur sérénité.
Cette sérénité m’a rendu la vie plus facile. Quand je me sens troublé et que je dois faire face aux épreuves du quotidien, ou quand je me sens anxieux et inquiet au sujet de l’avenir, ou quand je n’obtiens pas ce que je souhaite, je pense à ces musulmans que j’ai connus, en Bosnie, à leur calme et à leur unité, lors des prières en congrégation et, par-dessus tout, aux paroles apaisantes du Coran.
Je crois que les plus importantes contributions que peut apporter l’islam aux États-Unis ont trait à la justice raciale et à la moralité publique. Malcolm X a lui-même affirmé que la solution aux problèmes raciaux des États-Unis se trouvait dans l’islam. Et je crois que l’islam peut aussi apporter une solution au problème moral des États-Unis.
Avant que je ne devienne musulman, j’étais impressionné par les valeurs des musulmans que je connaissais, aux États-Unis, et par la force morale des musulmans des Balkans face aux terribles épreuves qu’ils subissaient. Aujourd’hui, je dois admettre que je suis attristé devant les profondes divisions de la oummah (communauté musulmane internationale) et de voir les musulmans se quereller sur toutes sortes de sujets. Je m’inquiète aussi de l’incapacité des musulmans à faire plus pour les victimes de la guerre des Balkans.
L’islam a apporté beaucoup de paix et de beauté dans ma vie. Les années qui me restent à vivre seront dédiées, si Dieu le veut, à travailler à Son service. Je me suis personnellement engagé à aider à la reconstruction des mosquées de Bosnie et du Kosovo.
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