Jésus - fils de Dieu? (partie 1 de 2): la signification de « fils de Dieu »
Description: Une étude du concept de fils de Dieu à partir de sources chrétiennes. La signification de l’expression « fils de Dieu » dans l’Ancien et le Nouveau Testaments.
- par Laurence B. Brown, MD
- Publié le 12 May 2008
- Dernière mise à jour le 27 Nov 2011
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« La différence la plus frappante entre un chat et un mensonge est qu’un chat n’a que neuf vies. »
—Mark Twain, Pudd’nhead Wilson’s Calendar
Fils de Dieu, fils de David ou fils de l’Homme? Jésus est appelé « fils de David » quatorze fois dans le Nouveau Testament, entre autres dans Matthieu 1:1. L’évangile selon Luc mentionne 41 générations entre Jésus et David, tandis que Matthieu en mentionne 26. Comme Jésus n’est qu’un lointain descendant, on ne peut donc l’appeler « fils de David » que de façon métaphorique. Mais comment sommes-nous censés comprendre le titre de « fils de Dieu »?
Le « trilemme », une approche fréquemment utilisée par les missionnaires chrétiens, propose que « Jésus était soit un lunatique, soit un menteur, ou alors fils de Dieu, comme il l’affirmait ». Pour le bien fondé de l’argument, admettons que Jésus n’était ni un lunatique ni un menteur. Admettons également qu’il était exactement ce qu’il affirmait être. Mais qu’était-ce, au juste? Jésus s’est lui-même appelé « fils de l’Homme » de façon régulière, en insistant parfois sur ce terme; mais où s’est-il attribué le nom de « fils de Dieu »?
Faisons marche arrière une minute. Quel sens doit-on donner, tout d’abord, à l’expression « fils de Dieu »? Aucune secte chrétienne ne serait prête à affirmer que Dieu a pris épouse et qu’Il a eu un enfant. De plus, laisser sous-entendre que Dieu se serait accouplé avec un des éléments de Sa création dépasse tellement les limites de la tolérance religieuse que cela équivaut à dégringoler la pente escarpée du blasphème.
Les principes de la doctrine chrétienne ne nous offrent aucune explication acceptable à ce sujet et la seule façon qu’ils aient trouvée de clore le débat est en faisant allusion, une fois de plus, au grand mystère de la foi. Mais les musulmans leur rappellent alors la question posée par Dieu Lui-même, dans le Coran :
« … comment aurait-Il un enfant alors qu’Il n’a pas de compagne ? » (Coran 6:101)
… et certains leur répondent : « Mais Dieu est capable de tout! ». La position islamique, cependant, est que Dieu ne fait rien que l’on pourrait juger inconvenable et qu’Il ne fait que des choses qui siéent à Sa majesté. Du point de vue islamique, le caractère de Dieu fait partie de la totalité de Son Être et il est en harmonie avec Sa majesté.
Alors encore une fois, quel sens doit-on donner à l’expression « fils de Dieu »? Et d’abord, si Jésus avait un droit exclusif au titre, pourquoi trouve-t-on dans la Bible des versets tels que : « Car Je suis un père pour Israël, et Éphraïm est Mon premier-né. » (Jérémie 31:9) et « Ainsi parle l'Éternel : « Israël est Mon fils, Mon premier-né. » (Exode 4:22) Dans le contexte de Romains 8:14, qui dit : «… car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu », plusieurs érudits concluent que « fils de Dieu » est une expression métaphorique et que, comme christos, elle ne sous-entend pas une exclusivité. Après tout, le Oxford Dictionary of the Jewish Religion confirme qu’en langue juive, l’expression « fils de Dieu » est clairement utilisée de façon métaphorique. Quant à lui, le Hasting’s Bible Dictionary, au sujet de la citation suivante : « L’expression « fils de Dieu », que l’on retrouve de façon occasionnelle dans la littérature juive, biblique et post-biblique, ne signifie en aucun cas la descente physique, [sur terre], de Dieu Lui-même » commente comme suit :
En langue sémitique, « fils de Dieu » est utilisé au sens large pour indiquer une relation morale plutôt que physique ou métaphysique. Ainsi, les « fils de Bélial » (Juges 19:22, etc) sont des hommes mauvais et non pas des descendants de Bélial. Alors un « fils de Dieu » est un homme, ou même un peuple, qui reflète le caractère de Dieu. Il n’existe pratiquement aucune preuve voulant que l’expression ait été utilisée dans les cercles juifs du Messie, et son utilisation dans un sens allant au-delà de la relation morale aurait été contraire au monothéisme juif.[1]
Quoi qu’il en soit, la liste des candidats au titre de « fils de Dieu » commence avec Adam, si l’on se fie à Luc 3:38 : « …Adam, qui était lui-même fils de Dieu… »
Ceux qui réfutent cela en citant Matthieu 3:17 (« En même temps, une voix venant du ciel fit entendre ces paroles: « Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, celui qui fait toute Ma joie. ») oublient que la Bible accorde à plusieurs personnes le titre de « fils de Dieu », dont Israël et Adam. II Samuel 7:13-14 et I Chroniques 22:10 vont tous deux comme suit : « C'est lui qui construira un temple en Mon honneur et Je maintiendrai à toujours son trône royal. Je serai pour lui un père, et il sera pour Moi un fils. »
Des nations entières sont appelées « fils » ou « enfants » de Dieu. Par exemple :
Genèse 6:2 – « les fils de Dieuvirent que les filles des hommes étaient belles… »
Genèse 6:4 – « À cette époque-là, il y avait des géants sur la terre, et aussi après que les fils de Dieu se furent unis aux filles des hommes… »
Deutéronome 14:1 – « Vous êtes les enfants de l'Eternel votre Dieu. »
Job 1:6 – « Or, un jour, les fils de Dieuse rendirent au conseil de l'Éternel… »
Job 2:1 – « Un autre jour, où les fils de Dieu se rendirent au conseil de l'Éternel… »
Job 38:7 – « … quand les étoiles du matin éclataient, unanimes, dans des chants d'allégresse, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie? »
Philippiens 2:15 – « …pour être irréprochables et purs, des enfants de Dieu sans tache au sein d'une humanité corrompue et perverse. »
1 Jean 3:1-2 – « Voyez combien le Père nous a aimés pour que nous puissions être appelés enfants de Dieu! (…) Mes chers amis, dès à présent nous sommes enfants de Dieu. »
Dans Matthieu 5:9, Jésus dit : « Heureux ceux qui répandent autour d'eux la paix, car Dieu les reconnaîtra pour ses fils. » Plus loin, dans Matthieu 5:45, Jésus explique à ses disciples la façon d’acquérir de nobles qualités et ajoute : « Ainsi vous vous comporterez vraiment comme des enfants de votre Père céleste. » Notez qu’il ne dit pas mon Père (de façon exclusive), mais votre Père…
Copyright © 2007 Laurence B. Brown; publié avec sa permission.
Le texte qui précède est un extrait du livre de Laurence B. Brown, MisGod’ed, qui doit bientôt paraître accompagné de sa suite, God’ed. Ces deux livres se trouvent sur le site du Dr Brown, www.Leveltruth.com . On peut contacter le Dr Brown à l’adresse suivante : BrownL38@yahoo.com
Jésus - fils de Dieu? (partie 2 de 2): « fils » ou « esclave »?
Description: Une étude du concept de fils de Dieu à partir de sources chrétiennes. Partie deux : analyse des mots, à l’origine grecs et hébreux, qui ont plus tard été traduits par « fils ».
- par Laurence B. Brown, MD
- Publié le 12 May 2008
- Dernière mise à jour le 12 May 2008
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Le clergé chrétien reconnaît clairement que Jésus ne s’est jamais lui-même attribué le titre de « fils de Dieu », mais prétend que d’autres l’ont fait. Il y a une explication à cela.
Lorsque l’on étudie les différents manuscrits qui composent le Nouveau Testament, on découvre que ce titre attribué à Jésus provient de mauvaises traductions de deux mots grecs, pais et huios, qui ont tous deux été traduits comme « fils ». Mais cette traduction paraît sournoise. Le mot grec pais provient de l’hébreu ebed, dont le sens premier est « serviteur » ou « esclave ». Ainsi, la traduction première de pais theou est « serviteur de Dieu »; mais le traduire par « fils de Dieu » ou « enfant de Dieu » est franchement tiré par les cheveux. Selon le Theological Dictionary of the New Testament, « … le mot original hébreu pais, dans l’expression pais theou, i.e. ebed, a une signification qui met l’accent sur la notion de relation personnelle, et son sens premier est « esclave ».[1]
Cela est d’autant plus intéressant que ça rejoint parfaitement la prophétie Ésaïe 42:1, confirmée par Matthieu 12:18 : « Voici mon serviteur [du mot grec pais], que je soutiens, celui que j'ai choisi, qui fait toute ma joie. » Peu importe quelle version française de la Bible on lit, le mot « serviteur » se retrouve dans chacune. Si l’on considère que le but de la révélation est de clarifier la vérité provenant de Dieu, ce passage peut paraître comme une disgracieuse verrue sur le visage de la doctrine soutenant l’idée de Jésus comme fils de Dieu. Après tout, quel meilleur endroit Dieu aurait-Il pu choisir, dans la Bible, pour présenter Jésus comme Son fils? Quel meilleur endroit pour dire : « Voici Mon fils, que J’ai engendré… »? Mais Il ne l’a pas dit. D’ailleurs, cette doctrine ne reçoit de soutien ni dans les paroles de Jésus ni dans celles de Dieu rapportées dans la Bible, et on peut se demander pourquoi. À moins, bien entendu, que Jésus n’ait été que le serviteur de Dieu décrit dans le verset d’Ésaïe.
Quant à l’utilisation religieuse du mot ebed, « … le terme sert d’expression d’humilité et est utilisé par le vertueux vis-à-vis de Dieu. »[2] De plus, « après l’an 100 avant Jésus-Christ, pais theou est le plus souvent utilisé dans le sens de « serviteur de Dieu » (réf. Moïse, les prophètes et les trois enfants – Bar. 1:20; 2:20; Dan. 9:35). »[3] Une personne peut facilement s’enliser dans une telle doctrine : « Sur huit endroits où cette expression est reprise, une réfère à Israël (Luc 1:54), deux à David (Luc 1:69; Actes 4:25), et les cinq autres à Jésus (Matt. 12:18; Actes 3:13, 26; 4:27, 30)…. Les rares fois où Jésus est appelé pais theou, on a manifestement affaire à l’ancienne tradition. »[4]
Le terme n’était donc pas exclusivement attribué à Jésus, et là où il était utilisé, il provenait « manifestement » de « l’ancienne tradition ». De plus, si la traduction avait été honnête, elle aurait traduit le même terme de la même façon dans tous les cas; mais tel n’a pas été le cas. Par exemple, là où on a traduit pais par « serviteur » dans le cas de David (Actes 4:25 et Luc 1:69) et d’Israël (Luc 1:54), on l’a traduit par « fils » ou « enfant » dans le cas de Jésus (Actes 3:13; 3:26; 4:27; 4:30). Un tel traitement préférentiel est peut-être justifiable d’un point de vue canonique, mais totalement illogique.
Enfin, on ne peut passer sous silence un intéressant parallèle, ici : « Ainsi, l’expression grecque pais tou theou (serviteur de Dieu) possède exactement la même connotation que le nom musulman Abdallah – serviteur d’Allah. »[5]
Ce parallèle est d’autant plus étonnant que le Coran relate que Jésus s’est lui-même identifié comme Abdallah (qu’on écrit aussi Abdoullah); abd signifie esclave ou serviteur, en arabe, et donc Abd-Allah signifie « esclave » ou « serviteur d’Allah ». Selon l’histoire relatée dans le Coran, la vierge Marie est retournée vers les siens en portant Jésus, nouvellement né, dans ses bras, et ces derniers l’accusèrent de l’avoir conçu hors mariage. Mais, parlant à même le berceau, produisant ainsi un miracle qui allait donner du poids à ses affirmations, le bébé Jésus défendit la vertu de sa mère en disant : « Inni Abdoullah », ce qui signifie « Je suis en réalité le serviteur d’Allah ». (Coran 19:30)
Traduire par « fils » (au sens littéral) le mot grec huios, que l’on retrouve dans le Nouveau Testament, est également incorrect. À la page 1210 du Theological Dictionary of the New Testament, de Kittel et Friedrich, le sens que l’on donne au mot huios varie entre le littéral (Jésus, fils de Marie), le quelque peu métaphorique ( les enfants de la maison – Matt. 17:25-26), le poliment métaphorique ( les élus de Dieu considérés comme des fils d’Abraham – Luc 19:9), le familièrement métaphorique ( les croyants comme fils de Dieu – Matt. 7:9 et Héb 12:5), le spirituellement métaphorique (comme dans Jean 19:26, où Jésus décrit à Marie son disciple préféré et l’appelle son « fils ») et l’aveuglément métaphorique : les « fils du royaume » (Matt. 8:12), « fils de paix » (Luc. 10:6), « enfants de lumière » (Luc. 16:8), « enfants de ce siècle » (Luc. 16:8) et « fils du tonnerre » (Marc 3:17)
C’est comme si ce mot incompris, que l’on traduit par « fils », porte en lui, en lettres majuscules, le sens de MÉTAPHORE! Ou, comme Stanton l’affirme de façon éloquente : « La majorité des érudits s’accordent pour dire que le mot araméen ou hébreu derrière la traduction « fils » signifie en réalité « serviteur ». Alors tandis que l’Esprit descend sur Jésus, lors de son baptême, il entend une voie, venue d’en haut, s’adresser à lui en ces termes : « Voici mon serviteur … Mon élu… J'ai mis Mon esprit sur lui. » (Ésaïe 42:1) Et bien que Marc 1:11 et 9:7 affirment que Jésus a été envoyé par Dieu comme Son fils bien-aimé, ces versets mettent l’accent sur le rôle de Jésus en tant que serviteur de Dieu plutôt que comme fils de Dieu. »[6]
Copyright © 2007 Laurence B. Brown; publié avec sa permission.
Le texte qui précède est un extrait du livre de Laurence B. Brown, MisGod’ed, qui doit bientôt paraître accompagné de sa suite, God’ed. Ces deux livres se trouvent sur le site du Dr Brown, www.Leveltruth.com . On peut contacter le Dr Brown à l’adresse suivante : BrownL38@yahoo.com
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