Bilal Ibn Rabah (partie 1 de 2): De l’esclavage à la liberté

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Description: Même sous la torture, cet homme refuse de renier sa nouvelle religion.

  • par Aisha Stacey (© 2014 IslamReligion.com)
  • Publié le 26 May 2014
  • Dernière mise à jour le 02 Jun 2014
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« J’étais là… quand Mohammed, le messager de Dieu, vint parmi nous.  J’ai entendu ce qu’il a dit et j’ai été témoin de ses actions… ».  Ainsi commence un livre sur la vie de l’un des plus proches compagnons du prophète Mohammed, Bilal Ibn Rabah.

Bilal-Ibn-Rabah1.jpgBilal était un esclave noir, fils d’esclaves, et il était originaire d’Abyssinie (Éthiopie d’aujourd’hui).  Né dans l’esclavage, il est fort probable qu’il ne s’attendait pas à ce que la vie lui offre beaucoup plus que du travail acharné, de la douleur et de l’amertume.  Il ne savait pas qu’il serait témoin, au cours de sa vie, d’un événement historique sans précédent.  Il était esclave dans la ville de la Mecque lorsqu’un homme illettré se mit à appeler les gens à n’adorer que Dieu, de manière exclusive.  Cet homme, c’était Mohammed, le messager de Dieu (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) et le message qu’il allait transmettre, au nom de Dieu, était destiné à l’humanité tout entière, jusqu’à la fin des temps.

Lorsqu’une personne est pauvre, affamée, terrifiée, abattue et brisée, un message fondé sur les concepts de miséricorde, de pardon et de justice peut être très séduisant.  Les parias de la société furent les premiers à trouver réconfort dans le message de Mohammed.  Bilal, qui fut probablement le premier Africain à se convertir à l’islam, accepta son message avec enthousiasme.  Il ne le savait pas encore, mais cette décision allait lui coûter beaucoup de souffrances.  Comme un homme en train de se noyer qui s’agrippe à une bouée, il s’agrippa aux paroles de Dieu, qui finirent par lui sauver la vie.

Bilal entendit les paroles de Mohammed qui affirmait que Dieu est unique, qu’Il est Tout-Puissant et Miséricordieux, mais il entendit également les paroles de son maître.  Oumayya ibn Khalaf, un riche Mecquois, s’inquiétait de la possibilité que son gagne-pain, qui était lié à l’adoration d’idoles, soit menacé par le message prêché par Mohammed.  Il en parla avec d’autres personnes aussi inquiètes que lui, leur disant : « Mohammed n’a jamais été un menteur, un magicien ou un fou, mais c’est ainsi que nous devrons désormais le décrire jusqu’à ce que nous arrivions à détourner de lui ceux qui s’emballent pour sa religion. »

Selon le biographe Ibn Ishaq, entre autres, Bilal souffrit énormément après avoir répondu favorablement au message de Mohammed.  Il fut battu sans merci, traîné par le cou, dans les rues et les collines de la Mecque, et soumis à de longues périodes sans nourriture et sans eau.  On rapporte que son maître, Oumayya ibn Khalaf, « le faisait sortir au moment le plus torride de la journée, dans une vallée, le projetait au sol, sur le dos, et ordonnait que l’on dépose un énorme rocher sur sa poitrine.  Puis, il disait à Bilal : « Tu resteras ici jusqu’à ce que tu meures, à moins que tu ne renies Mohammed et accepte d’adorer à nouveau al-Lat et al-Ouzza ».  Mais Bilal refusait de renier l’islam et, en proie à de terribles souffrances, ne faisait que répéter le même mot : ahad (i.e. un seul Dieu).

La nouvelle de l’esclave qui criait « Dieu est unique! » sous la torture vint rapidement aux oreilles du prophète Mohammed et de ses compagnons.  Abou Bakr, un ami intime de Mohammed et un riche marchand, fut envoyé vérifier la véracité de cette nouvelle.  Il se rendit sur les lieux et vit Bilal en train d’être torturé.  Il se précipita vers les tortionnaires et dit à Oumayya : « N’as-tu aucune crainte de Dieu pour torturer ce pauvre homme de la sorte!? »  Oumayya répondit : « Tu fais partie de ceux qui l’ont corrompu de la sorte; alors sauve-le donc de cette situation! »  Abou Bakr dit : « Alors vends-le-moi.  Quel est ton prix? »  Oumayya était lui aussi un marchand et ne perdait jamais une occasion de faire du profit.  Il lui demanda donc le prix fort.  Puis, pour humilier Bilal, il ajouta : « Je te l’aurais vendu même si tu ne m’avais offert qu’une once d’or. »  Abou Bakr répondit : « Je te l’aurais acheté même si tu m’avais demandé cent onces d’or. »

Chez Abou Bakr, Bilal fut libéré (de son état d’esclave) et traité aux petits soins; il recouvra bientôt la santé.  Lorsqu’il se sentit assez bien pour sortir, on l’emmena chez le Prophète et, à partir de ce jour, il le fréquenta régulièrement, lui apporta son soutien et l’aida à appeler les gens vers l’islam.  À l’époque du Prophète, l’esclavage était mondialement répandu et largement accepté.  Les lois de l’islam visèrent d’abord et avant tout l’émancipation des esclaves.  Dieu nous dit, dans le Coran, que l’expiation pour plusieurs types de péchés est la libération d’un esclave.  Et si cela est fait de bon cœur, c’est considéré comme un acte de piété.

Bilal aimait beaucoup se trouver en compagnie de Mohammed et devint très proche de lui.  Plusieurs hadiths mentionnent que Bilal avait l’honneur de réveiller le Prophète chaque matin et qu’il passait le plus de temps possible en sa compagnie.  L’histoire de Bilal est souvent rappelée pour illustrer l’importance du pluralisme et de l’égalité raciale en islam.  Mais surtout, c’est l’exemple même d’un homme dont toute la valeur se résumait à sa piété, sans égard pour sa race, son ethnie ou son statut social.

Dans la deuxième partie, nous en apprendrons plus sur Bilal, sur la migration des musulmans à Médine et sur le grand honneur qui lui fut accordé, lui, l’ancien esclave d’Abyssinie.

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Bilal Ibn Rabah (partie 2 de 2): Le premier muezzin de l’islam

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Description: Du gouffre de l’esclavage à la hauteur des minarets.

  • par Aisha Stacey (© 2014 IslamReligion.com)
  • Publié le 02 Jun 2014
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Bilal-Ibn-Rabah2.jpgL’histoire de la conversion à l’islam de Bilal ibn Rabah est une histoire percutante, où s’entremêlent esclavage, islam, torture et liberté.  Elle nous parle de racisme tout en étant une leçon de pluralisme et elle nous enseigne que la piété est la seule qualité permettant de mesurer la réelle valeur d’une personne.  L’histoire de Bilal, c’est aussi l’histoire de l’adhan (appel à la prière), car Bilal fut le premier muezzin de l’islam.[1]

À travers le monde, l’un des plus puissants symboles de l’islam est l’appel à la prière.  La voix du muezzin résonne à travers les villes et les champs, sur les plages et dans les vallées.  Lorsqu’on l’a entendu ne serait-ce qu’une fois, on n’oublie jamais le son du adhan et nombreux sont ceux qui ont embrassé l’islam après avoir été séduits, au départ, par l’appel à la prière.  Adhan, qui signifie « annonce » n’est mentionné qu’une seule fois dans le Coran, mais cela ne l’empêche pas de faire partie intégrante de la vie du musulman.

Pour ceux nés au sein de l’islam, c’est souvent la première chose qu’ils entendent.  Car immédiatement après la naissance, le père de l’enfant, ou toute autre personne importante dans la vie du nouveau-né, prend ce dernier dans ses bras et lui chuchote les paroles de l’adhan dans l’oreille droite.  La prière est annoncée, par l’intermédiaire de l’adhan, cinq fois par jour, que ce soit du haut des minarets ou encore des téléphones et des ordinateurs des particuliers.  Lorsqu’un musulman entend l’adhan, il se prépare alors à aller prier. 

Parce que Bilal possédait une superbe et puissante voix, il eut l’honneur d’être le premier homme à appeler les croyants à la prière en faisant l’adhan du haut d’un minaret.

 « Ô vous qui croyez!  Lorsque vous entendez l’appel à la prière, le vendredi, empressez-vous d’aller invoquer Dieu et délaissez toute transaction commerciale.  Cela est bien meilleur pour vous, si vous saviez! » (Coran 62:9)

En l’an 622, le prophète Mohammed, Bilal et la majeure partie de la communauté musulmane naissante émigrèrent à Médine.  C’est là que le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) établit la nation musulmane.  Bilal était le plus souvent à ses côtés et, tel que le rapporta un commentateur : « Chaque événement dans la vie de Mohammed fut un événement dans la vie de Bilal ».  On rapporte que Bilal était si proche du Prophète que c’est lui qui était chargé de le réveiller le matin.

Selon des hadiths authentiques, le prophète Mohammed souhaitait trouver un moyen d’inviter les musulmans à venir prier ensemble, à des heures déterminées, et il voulait quelque chose d’unique.  C’est à ce moment qu’Abdoullah bin Zaid, un de ses compagnons, lui parla d’un rêve qu’il avait fait.

« J’ai vu, en rêve, un homme qui portait deux pièces de vêtement de couleur verte et qui tenait une cloche à la main.  Je lui dis : « Ô serviteur de Dieu, souhaites-tu vendre cette cloche? ».  Il me demanda : « Que comptes-tu faire avec? ».  Je lui répondis : « Nous l’utiliserons pour appeler les gens à la prière. »  Il dit : « Je vais te montrer quelque chose de mieux que cela. »  Je lui dis : « D’accord. »  Et il dit : « Dis : Allahou akbar, allahou akbar! (Dieu est grand!  Dieu est grand!)… »[2]

Dieu est grand!  Dieu est grand!  J’atteste qu’il n’y a pas de divinité à part Dieu et que Mohammed est Son messager.  Venez prier!  Venez prier!  Venez vers le salut!  Venez vers le salut!  Dieu est grand!  Dieu est grand!  Il n’y a pas de divinité à part Dieu. [3]

Le hadith se poursuit : « Le prophète Mohammed écouta le récit du rêve et dit : « C’est un rêve authentique (i.e. un rêve envoyé par Dieu).  Va chercher Bilal,  raconte-le-lui et apprend-lui les paroles afin qu’il puisse appeler les gens à la prière, car il a une belle voix. »  Alors j’allai voir Bilal, lui racontai mon rêve et il fit l’appel à la prière.  Omar ibn al-Khattab entendit l’appel alors qu’il se trouvait chez lui.  Il se précipita à l’extérieur, traînant son manteau derrière lui et s’exclama, en voyant le Prophète : « Par Celui qui t’a envoyé avec la vérité, ô Messager de Dieu, j’ai fait le même rêve! »  Mohammed fut heureux de l’entendre et dit : « Gloire à Dieu ».[4]

Durant la décennie suivant la migration à Médine, Bilal suivit le Prophète dans toutes ses expéditions militaires et eut l’honneur de porter son épée.  Il combattit lors de la bataille de Badr, au cours de laquelle il eut l’occasion de tuer son ancien maître, Oumayya ibn Khalaf.  Bilal fut aussi présent à la bataille d’Ouhoud et à la bataille des tranchées.

La vie de Bilal, après sa conversion à l’islam, fut parsemée de moments de bonheur.  Mais son heure la plus mémorable est certainement celle qui eut lieu en l’an 630, lors de ce qui est considéré comme un des moments les plus bénis de l’histoire de l’islam.  Après que l’armée musulmane eut conquis la Mecque, Bilal monta sur le toit de la Kabah, la maison de Dieu, pour faire l’appel à la prière (adhan); c’était la première fois que l’adhan résonnait dans la ville la plus sacrée de l’islam.

Après la mort de Mohammed, Bilal ne fut plus jamais le même.  Le lendemain de sa mort, il monta au sommet du minaret pour appeler les fidèles à la prière de l’aube.  Mais, alors qu’il prononçait l’adhan, il éclata en sanglots et des torrents de larmes se mirent à rouler sur ses joues.  Il parvint à terminer l’adhan d’une voix affaiblie par l’émotion.  Après cela, il cessa complètement de faire les appels à la prière à Médine.

Continuer de vivre à Médine, avec tous les souvenirs qui y étaient rattachés, lui fut beaucoup trop pénible; il partit donc vivre ailleurs.  Plus tard, alors qu’il visitait Médine, les petits-fils de Mohammed lui demandèrent de faire l’adhan et il accepta.  Une foule de souvenirs se bousculèrent alors en sa mémoire et ceux qui avaient connu les jours glorieux en compagnie de Mohammed, l’époque où la voix de Bilal retentissait cinq fois par jour, ne purent retenir leurs larmes.

On croit que Bilal est mort en Syrie entre 638 et 642.  Dans son ouvrage intitulé « Tarikh al-Khulafa », Imam al-Souyouti écrit : « Il (Bilal) est mort à Damas alors qu’il avait un peu plus de soixante ans. »  D’autres croient qu’il serait mort à Médine.  Mais ce dont nous sommes certains, c’est de sa destination éternelle au Paradis, car le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) l’appelait « l’homme du Paradis ».[5]



Note de bas de page:

[1]Celui qui fait l’appel à la prière du haut du minaret.

[2]Ahmad, At-Tirmidhi, Abou Daoud, & Ibn Majah

[3]Traduction française

[4]Ahmad, At-Tirmidhi, Abou Daoud, & Ibn Majah

[5] Sahih Mouslim

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