Jeremy Ben Royston Boulter, ex-chrétien, Royaume-Uni (partie 1 de 7)
Description: L’islam évolue dans le cœur. Partie 1.
- par Jeremy Ben Royston Boulter
- Publié le 30 Jun 2014
- Dernière mise à jour le 30 Jun 2014
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Mon incroyance avant l’islam
À l’époque où j’ai épousé Anabela, une Portugaise, ma philosophie consistait à croire en Dieu en tant que Créateur et Puissance administrant l’univers, sans reconnaître mon obligation, comme être humain, de L’adorer. Je concevais par ailleurs Dieu comme une entité asexuée, ni masculine ni féminine.
J’étais pourtant né dans une famille catholique et on m’avait appris, au fil des ans, que Jésus était Dieu et que Marie était la mère de Dieu – des idées que je trouvais saugrenues et que j’avais donc de la difficulté à accepter. Je voyais plutôt Jésus et Marie comme des moyens d’atteindre Dieu et ma conception de Dieu rejoignait celle de l’Ancien Testament.
En grandissant, je commençai à désespérer de jamais comprendre la plupart des écrits de l’Ancien Testament. Il s’agit d’un texte très dense, dont les passages « prophétiques » semblent être rédigés au temps présent, i.e. s’adressant aux gens qui existaient il y a des milliers d’années et propres à leur réalité d’alors. Encore plus déroutants sont les commandements s’adressant non pas à des individus, mais à des villes ou à des nations entières. Dieu, par exemple, semble considérer Jérusalem comme son épouse et les actions de son peuple étaient en accord avec les siennes. Dieu la traite de prostituée et lui demande fréquemment de se repentir et de redevenir Sa reine. On peut dire la même chose de Jacob, qui prêta son nom à une nation, de sorte que certains passages s’adressent à Israël, nom équivalent à Jacob. Jacob symbolise ses descendants, divisés en deux camps, la tribu d’Éphraïm et la tribu de Juda. Les noms des descendants de Jacob reflètent la division parmi les enfants d’Israël, entre la cité-État de Sion et celle de Samarie.
D’autres passages semblent faire référence à des événements surnaturels. Élie enlevé par un char céleste et l’apparition de Dieu devant Israël semblent décrire des événements difficilement explicables. Comme d’autres religions décrivent des événements semblables avec leurs divinités, je commençai à soupçonner que ces histoires bibliques n’étaient autres que des légendes que l’on avait transcrites en leur donnant un semblant de cohérence.
En plus de ces soupçons que je nourrissais quant au caractère véridique des textes bibliques, j’en appris davantage sur les persécutions qui eurent lieu depuis l’époque médiévale, et plus particulièrement les croisades et l’inquisition, qui leur succédèrent. En fait, l’esprit de l’inquisition fut par la suite exporté dans le Nouveau Monde par les conquistadors Espagnols et les Portugais, cependant que les papes romains manœuvraient pour établir leur pouvoir en Europe par le biais d’un règne de terreur machiavélique. La famille Borgia en est un parfait exemple.
Enfin, j’appris les tentatives de l’Église pour mettre un frein à l’avancement scientifique et étouffer chaque nouvelle découverte et ce, jusqu’à l’époque de la Réforme.
Toutes ces informations m’amenèrent à croire que le Dieu de la Bible et les descriptions du Paradis et de l’Enfer enseignées par l’Église étaient de pures inventions destinées à subjuguer la majeure partie de la population, écrasée sous le pouvoir d’une élite minoritaire.
Confusion tortueuse
Il existe, chez l’homme, un besoin primaire d’adorer ce qui l’a créé, de se tourner vers Lui lorsqu’il en ressent le besoin. Et l’homme sait, tout au fond de lui, que rien ni personne d’autre que Lui ne peut être appelé en renfort ni être invoqué avec ardeur. J’ai entendu tant de gens s’exclamer, sous le coup de l’émotion : « Pour l’amour de Dieu! » ou « Mon Dieu! » ou « Mon Dieu, aide-moi! », L’implorant de tout leur cœur. Et pourtant, une fois que Dieu a répondu à leur appel et qu’ils se sentent à nouveau en sécurité, ils remercient les êtres vivants par l’intermédiaire desquels Dieu les a aidés ou même les divinités fabriquées de toutes pièces qu’ils ont normalement l’habitude d’adorer. Moi-même, lorsque j’étais égaré, je cherchais refuge dans ce que j’appelais la « Force » ou la « Puissance », que j’ai décrite plus haut, le Créateur unique et immatériel avec Lequel je croyais que les hommes communiquaient, chacun à sa façon, à un niveau tout personnel, sans intermédiaire aucun, ni parmi les vivants ni parmi les entités de l’invisible.
La route qui m’amena à cette conclusion fut longue et tortueuse, tissée de concepts que j’avais retenus en lisant des sciences-fictions et toutes sortes de théories de conspiration. J’avais lu, par exemple, « Chariots of the Gods » d’Erich Von Däniken et « The Philadelphia Experiment » de Charles Berlitz et William Moore. Le premier parlait de la religion comme d’une fabrication et le second m’ouvrit les yeux sur tout ce qui est étouffé par les gouvernements et l’élite de chaque société. Mais, comme il est impossible que toutes les nations et tous les gouvernements fassent partie de la même grande conspiration (si même une telle conspiration existe), le lieu le plus logique où aller chercher une confirmation ou une infirmation sur ma religion était les autres religions. Et, pour moi, les « autres religions » étaient l’hindouisme et ses dérivés, de même que le bouddhisme. C’est d’abord là que je cherchai.
La branche la plus visible de l’hindouisme, à Londres, où j’habitais, était celle des Krishnas, ces disciples vêtus d’orange, comme des moines, avec le crâne presque entièrement rasé. Mon adhésion à leur secte fut rapide et, même si le rituel de méditation me faisait me sentir bien, je constatai que le recours fréquent à ce rituel avait définitivement un effet calmant sur les fidèles – ce qui me confirma que cette secte cherchait avant tout à apaiser ses fidèles. Sa vision de la création du monde était plutôt répulsive. Selon les krishnas, le monde tire sa source des excréments du cadavre d’une énorme vache cosmique. Je quittai la secte aussi vite que j’y étais entré et me tournai vers le bouddhisme. Je savais que celui-ci était un lointain descendant de l’hindouisme et, pour cette raison, j’hésitais à l’essayer. Je fis des recherches sur ses concepts fondamentaux de la vie et de la vie après la mort. Je découvris que, comme l’hindouisme, il concevait l’au-delà comme une série de réincarnations et que nous étions donc prisonniers d’un cycle de vies interminable. Mais, plutôt que de chercher à faire un avec la conscience cosmique de Dieu (Nirvana), le bouddhisme cherche à atteindre l’illumination et la libération des cycles de naissances et de morts. Bref, le bouddhisme est une philosophie religieuse qui considère l’ego humain comme la seule divinité dominant la vie, dont le but ultime est un au-delà libre de toute divinité.
En cherchant à éliminer l’orientation de l’ego, le bouddhisme peut être assimilé au concept marxiste de « l’opium du peuple ». Il rend les individus dociles et malléables par l’élite de la société. Mais comment aller contre le système, justement? Allais-je trouver satisfaction dans les religions préhistoriques ou éteintes? L’une des formes de religion les plus reculées dont j’appris l’existence était le totémisme. Le totémisme pose comme principe l’existence d’un esprit équivalent à un signe, dans le monde réel, habituellement un animal. Une tribu entière peut posséder un totem spirituel collectif, par exemple un ours, mais chaque individu composant cette tribu peut également posséder un totem individuel (un loup, par exemple). De plus, si un individu a besoin d’aide pour traverser une épreuve, comme la chasse, par exemple, le totem de l’animal qu’il chasse peut être « consulté » afin qu’il donne des indications sur le lieu où se cache la proie.
Il y a une évidente connexion aux oracles dans les rituels totémistes, lesquels démontrent l’existence de forces occultes en ce monde. D’autres rituels servent à communiquer avec ces forces, tels l’astrologie ou l’animisme. Certains rituels appellent la terre Gaia, la mère de la nature, et s’attardent aux interactions entre les créatures du système écologique. J’aimais cette idée voulant que la terre puisse être considérée comme un individu viable qui doit être respecté et qui est en mesure de nous guider et de nous protéger, tout en châtiant ceux qui œuvrent à sa destruction. Il n’y a pas très longtemps, un type nommé James Lovelock fut en mesure d’exprimer cette façon de voir dans un ouvrage intitulé « The Revenge of Gaia », publié en 2006.
À l’époque, je trouvais que la terre était un lieu trop limité pour un créateur universel et c’est pourquoi je fus, un temps, attiré vers l’astrologie, car cette dernière se préoccupe surtout des cieux et les cieux sont bien plus vastes. L’astrologie attribue des significations particulières et des influences diverses aux corps célestes et à leur position dans le ciel au moment de la naissance d’une personne afin de déterminer quel sera son destin. Elle s’appuie également sur la position des corps célestes à tout moment pour faire des prédictions sur des événements terrestres, conseillant ainsi les gens sur les meilleures décisions à prendre. Je devins, durant un temps, un astrologue amateur, car j’aimais me sentir en contact avec une force universelle, par opposition à une force locale et limitée à la terre.
Puis, je fis la rencontre d’un homme qui me ramena vers ma religion initiale. Je ne me souviens plus de son nom, malheureusement, mais il était originaire d’Irlande et il était catholique, comme je l’avais été. Mais, contrairement à certains catholiques que j'allais plus tard rencontrer, ce n’était pas un catholique borné. Il m’avait abordé en me voyant lire un bouquin, assis sur une plage de l’Algarve, au Portugal. Ce bouquin s’intitulait Omega, de l’auteur Stewart Farrar, et abordait le thème de la magie et de la religion wicca. Nous eûmes une longue et profonde discussion, qui dura presque toute la journée. Il tenta de m’expliquer le concept de Dieu et reconnut que, comme moi, il ne croyait pas que Jésus fût Dieu. Pour lui, Dieu était une puissance immatérielle et invisible, qui régnait sur toute chose. Je lui décrivis comment je concevais l’essence de la divinité et ma relation avec elle. Je sentais que Dieu était « l’initiateur divin », qui se manifestait à nous par l’intermédiaire des lois naturelles. Je lui dis que je croyais que chaque monde était différent et agissait en fonction de ses lois propres, mais qu’il y avait une loi générale de l’univers, celle de Dieu. Suivre les lois naturelles était généralement une bonne chose, tandis qu’aller à leur encontre ne pouvait être que mauvais. Un exemple de suivre les lois naturelles pourrait être d’utiliser les médicaments naturels pour soigner les gens, tandis qu’aller à leur encontre serait de fabriquer, en usine, des agents chimiques imitant les effets des médicaments naturels; suivre les lois naturelles voudrait dire être environnementaliste, tandis qu’aller à leur encontre voudrait dire polluer délibérément, etc.
Tel est l’état d’esprit dans lequel j’étais lorsque j’épousai ma femme. Elle était catholique, mais non pratiquante. Avant longtemps, elle devint enceinte et notre premier enfant vint au monde.
Jeremy Ben Royston Boulter, ex-chrétien, Royaume-Uni (partie 2 de 7)
Description: L’islam évolue dans le cœur. Partie 2.
- par Jeremy Ben Royston Boulter
- Publié le 30 Jun 2014
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Revenir vers Dieu
Durant mes premières années de mariage, j’étais ami avec un type qui adorait faire de la randonnée en montagne et s’isoler, de temps en temps, pour pouvoir vivre nu. Il était à la fois naturaliste et naturiste et avait suffisamment d’influence sur ma femme et moi pour que nous finissions par le suivre dans la même direction. Alors quand Andrei Micael, mon fils, vint au monde, je souhaitai, pour lui, un baptême plus naturel que celui habituellement célébré dans une église par un prêtre catholique. Je voulais grimper en montagne et le tremper dans un ruisseau, comme Jean-le-Baptiste baptisait les repentants dans le Jourdain. Je n’avais pas encore réalisé, à cette époque, qu’un baptême devrait relever du choix de chaque personne devenue adulte et ne devrait pas être imposé à un enfant. Mon véritable baptême, j’allais le faire beaucoup plus tard, sur moi-même, le jour où je prendrais un bain rituel pour laver mes péchés passés après avoir accepté l’islam.
La mère de mon épouse commença à nous rendre visite régulièrement, durant l’été, la première fois pour voir Andrei, je crois. Comme mon épouse, elle était catholique. Mais, contrairement à mon épouse, elle croyait ardemment à l’intercession de Marie, la « mère de Dieu », de même qu’à l’intercession des saints et à celle de Jésus. Elle portait un crucifix au cou et visitait régulièrement les sanctuaires de Marie (comme le sanctuaire de Fatima et celui de Notre Dame de Lourdes) et accomplissait le pèlerinage au sanctuaire de Saint-Benoît chaque fois qu’elle venait à Braga, où mon épouse et moi habitions. Elle possédait une petite statue de Marie portant son enfant, qu’elle disposait sur un petit autel, dans le coin de sa chambre à coucher, et traînait toujours, dans son portefeuille, une vieille photo représentant une icône de Marie tenant une coupe contenant un cœur ensanglanté. Chaque soir, avant d’aller dormir, elle s’agenouillait devant le petit autel, dans le coin de sa chambre, et lorsqu’elle voyageait, elle sortait chaque soir la petite photo de son portefeuille et l’embrassait avant de commencer sa prière du soir.
Je trouvais personnellement ces actions insensées, allant totalement à l’encontre de mon concept primitif de la Puissance universelle, d’un Créateur unique et administrateur de l’univers, et même à l’encontre de Dieu, tel qu’Il est décrit dans la Bible. Je pris la décision de tenter de convaincre ma belle-mère d’abandonner son adoration d’idoles. Mais comment?
Retour vers la Bible
Je tentai d’abord d’utiliser la logique. Comment des personnes mortes pouvaient-elles entendre ses supplications? Et comment pouvait-elle être certaine de leur degré de piété de leur vivant? N’étaient-ce pas les hommes qui en avaient fait des « saints »? Ces saints n’étaient-ils pas, d’abord et avant tout, des êtres humains comme nous? Mais rien n’y fit. Je décidai donc d’utiliser ses propres écritures pour la convaincre, car je savais que le premier commandement, dans la Bible, est :
« Je suis l'Éternel ton Dieu qui t'ai fait sortir d'Égypte, du pays où tu étais esclave. Tu n'auras pas d'autre dieu que moi. Tu ne te feras pas d'idole ni de représentation quelconque de ce qui se trouve en haut dans le ciel, ici-bas sur la terre, ou dans les eaux plus bas que la terre. Tu ne te prosterneras pas devant de telles idoles et tu ne leur rendras pas de culte, car moi, l'Éternel, ton Dieu, je suis un Dieu qui ne tolère aucun rival. » (Exode 20:2-5)
Au fil des étés où j’eus sans relâche des discussions religieuses animées avec ma belle-mère, je réalisai à quel point la Bible contredisait les enseignements de l’Église sur la prétendue divinité de Jésus et affirmait à plus d’une reprise que Dieu est unique. La Bible se positionne clairement contre l’idolâtrie et l’intercession. C’est ainsi que ma croyance au Dieu d’Abraham augmenta peu à peu, malgré le fait que persistait, au fond de moi, la crainte que je puisse être dans l’erreur. Même si je croyais fermement en l’unicité de Dieu, il y avait encore une petite voix qui me disait : « Et si Jésus était vraiment assis sur le Trône, au Jour du Jugement? » Je me retrouverais alors dans le pétrin. Car les preuves, dans la Bible, étaient ambigües sur ce point, surtout dans les révélations de Saint Jean.
Dettes
Tel était mon état d’esprit lorsque je compris que j’allais devoir trouver un emploi qui me permettrait de payer les lourdes dettes qui pesaient sur moi comme un terrible fardeau. Je décidai de quitter mon emploi au British Council du Portugal et d’ouvrir une école de langues à Braga. Je souhaitais demeurer à proximité de chez moi pour être présent dans la vie de mon fils et contribuer à son éducation. Je décidai également d’acheter une maison plutôt que de gaspiller mon argent en location. Malheureusement, je ne connus pas de succès avec mon école de langues et je me retrouvai pris à payer une hypothèque pour ma maison sans revenus disponibles ou presque. Lorsque je fermai mon école, deux ans après son ouverture, j’eus la mauvaise idée de ne pas déclarer faillite et je me proposai comme enseignant d’anglais à la pige. Cela me permit tout juste de survivre, ce qui ne contribua aucunement à faire diminuer mes dettes. J’avais besoin d’un plan pour me sortir de cette situation. C’est alors que mon épouse me suggéra de chercher un emploi bien rémunéré à l’étranger, me rappelant que plusieurs femmes qu’elle connaissait avaient des maris qui travaillaient à l’étranger et qui avaient amassé suffisamment d’argent pour faire bâtir des maisons pour leurs familles dans leurs pays natal.
Le jour où je décidai de chercher un emploi à l’étranger qui me permettrait de payer mes dettes fut un jour très sombre, pour moi. J’étais très pessimiste, car ma situation avait atteint un point critique. J’étais incapable de respecter mes paiements hypothécaires ni de rembourser des emprunts que j’avais contractés pour acheter des appareils ménagers et une voiture, sans compter les dettes accumulées quand j’avais ouvert une école de langues que j’avais fait fonctionner à perte. Je me sentais envahi d’une grande tristesse et j’en vins presque à nourrir des idées suicidaires, pensant que la mort me libérerait de mes dettes. J’ignorais, à l’époque, que les dettes faisaient partie de ces choses qui pouvaient fermer les portes du Paradis à une personne et que la mort ne nous libère en rien de nos obligations.
Un soir, je m’agenouillai près de mon lit, face à l’Est, et parlai de mes problèmes à Dieu. Je lui dis que je me sentais totalement désespéré, que je n’arrivais plus à avancer, que je me voyais incapable de subvenir aux besoins de ma famille, que je n’en pouvais plus. Je Le suppliai de me faire sortir de cette situation et de nous accorder à une bonne vie, à ma famille et à moi. Je sentis vraiment qu’Il m’écoutait et cette impression soulagea mon cœur, qui trouva un certain apaisement. Je finis même par me sentir si rassuré que je pus, pour une fois, mettre ma tête sur l’oreiller et tomber endormi.
Les événements qui survinrent peu après, dans ma vie, me démontrèrent que Dieu avait exaucé mes prières. Pas plus tard que le lendemain, je trouvai, dans la EFL Gazette, plusieurs annonces d’offres d’emploi pour les membres du British Council. Lorsque je les montrai à mon épouse, elle me conseilla de chercher un emploi au Moyen-Orient ou en Extrême-Orient, là où les salaires sont relativement plus élevés. J’appliquai donc pour des postes à Oman, en Arabie, à Brunei, à Taiwan, au Japon et en Corée. Un employeur à Taiwan m’offrit un poste et, lorsque je fus accepté, je n’entendis plus parler de lui. Le British Council m’appela pour un entretien, mais ne retins pas ma candidature. Juste comme je commençais à sentir que toutes les portes se fermaient devant moi, un de mes derniers choix, une université en Arabie, m’offrit un poste de conférencier et je l’acceptai. Louanges à Dieu! Je crus qu’Il avait répondu à mes invocations au sujet de mes problèmes financiers, mais Il avait d’autres plans, pour moi. Un cadeau, en fait, un cadeau tout à fait inattendu.
Jeremy Ben Royston Boulter, ex-chrétien, Royaume-Uni (partie 3 de 7)
Description: L’islam évolue dans le cœur. Partie 3.
- par Jeremy Ben Royston Boulter
- Publié le 07 Jul 2014
- Dernière mise à jour le 07 Jul 2014
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Un nouveau départ
Quand mes amis apprirent que j’allais travailler dans le Golfe, je reçus d’eux un déluge de conseils bien intentionnés. On me dit que je m’ennuierais, en Arabie, que je n’allais rien y trouver à faire, que je m’y sentirais prisonnier, etc. On m’avertit que je serais traité comme un esclave et que les gens essaieraient de me tromper par tous les moyens; que l’atmosphère ne serait pas favorable à la création d’amitiés et que je m’y sentirais bien seul. Malgré tout, je savais qu’il s’agissait, pour moi, de la seule issue à mon problème d’endettement. Alors, comme j’avais fait chaque fois que j’avais émigré dans un nouvel endroit où la culture était différente de la mienne, je m’efforçai de faire fi de mes préjugés culturels et je partis avec l’intention de juger cette société sur ses qualités propres.
Dès mon arrivée, je fus agréablement surpris de l’accueil amical que me réservèrent la plupart des habitants locaux. Plutôt que les regards hautains, la morale douteuse et l’honneur chatouilleux auxquels je m’étais attendu, je fus accueilli avec chaleur, curiosité et générosité. Mes hôtes se mirent en quatre pour me faire plaisir, à moi, un étranger chez eux. Je ne prétends pas, toutefois, ne pas avoir croisé de nombreux hypocrites. Les travailleurs étrangers de pays comme le Pakistan, le Bangladesh et d’autres pays du même coin y sont sérieusement exploités et traités de façon injuste et misérable par la majorité des Arabes. Mais cette condescendance, on ne la dirigea jamais vers moi. Je dois toutefois dire que ce n’est ni leur culture ni leur société qui m’attirèrent vers l’islam. Car si j’avais jugé l’islam sur la base de leur culture, je crois bien que je me serais sauvé de cette religion en courant. Non, c’est autre chose qui m’attira vers l’islam.
La motivation
Le catalyseur qui me fit passer d’un homme vaguement religieux à un homme totalement soumis à Dieu fut un événement banal en apparence. À l’aéroport de Ha’il, qui était en réalité un tout petit aérodrome, je me retrouvai devant une grande pancarte de couleur verte sur laquelle était écrit : « The Ha’il islamic propagation and guidance office » (bureau de propagation islamique de Ha’il), suivi du numéro de téléphone dudit bureau, le tout en anglais. Je me souviens m’être étonné du fait que la pancarte était rédigée en anglais, mais je ne m’y attardai pas outre mesure.
La navette de l’université vint me chercher pour me conduire sur les lieux, où on me demanda de montrer mon passeport et de remplir un formulaire d’arrivée. On m’envoya ensuite chez le directeur du département d’anglais. Lorsque j’entrai dans son bureau, je me retrouvai devant un homme vêtu de la traditionnelle « robe » de ce pays. Mais, à mon œil inexercé, il n’avait pas l’air d’un Arabe. Il se sentit probablement mal à l’aise devant mon regard insistant, tandis que je cherchais à mettre le doigt sur ses véritables origines, mais il n’en laissa rien paraître. Je ne découvris que plus tard qu’il était en fait Gallois et qu’il s’était converti à Brunei avant de venir vivre en Arabie. Il me dit qu’il me laissait le reste de la semaine pour m’installer, ce qui signifiait que j’avais cinq jours, devant moi, avant de commencer à enseigner. Je m’installai assez rapidement, ce qui me laissa quatre jours de liberté. Puis, je me souvins de la pancarte en anglais que j’avais vue à l’aérodrome et commençai à réfléchir sur la religion du pays où je me trouvais.
Je connaissais la Bible et savais que la Torah en faisait partie. J’avais lu quelques livres hindous, dont la Bhagavad Gita, de même que de petits livres pratiques sur d’autres religions ou théories religieuses. Mais je n’avais jamais lu le Talmud, pas plus que le Coran. Pour une raison que j’ignore, j’avais toujours eu l’impression que ces deux livres étaient en quelque sorte « interdits » aux non-juifs et non-musulmans. Et je croyais qu’ils n’étaient disponibles que dans leurs langues d’origine, dont je ne connaissais rien. Mais le fait que cette pancarte était rédigée en anglais me fit entrevoir la possibilité de trouver une traduction anglaise du Coran au Bureau de propagation islamique. J’aurais ainsi l’occasion de lire le Coran et de juger par moi-même de la source de cette religion.
Je me rendis donc au centre-ville pour trouver l’endroit. Le centre-ville de Ha’il comprenait un bâtiment de six étages, qui occupait tout un pâté et que les résidents appelaient Al-Bourj, ce qui signifie « tour », car il s’agissait, en fait, de l’unique bâtiment de cette hauteur de toute la ville. En face du bourj se trouvait un marché alimentaire qui servait également de… lieu d’exécution, comme je l’appris plus tard. À une intersection, je trouvai la même pancarte que j’avais vue à l’aérodrome, cette fois sous forme de pancarte de signalisation, qui comprenait une flèche montrant la direction du bureau de la propagation. Mais, j’avais beau regarder dans la direction de la flèche, toutes les vitrines et les portes n’étaient identifiées qu’en arabe, ce qui ne m’avança guère. Toutes les boutiques étaient fermées, comme elles le sont toutes, l’après-midi; je ne pouvais donc interroger personne sur le lieu que je cherchais. Je n’avais aucune idée de l’heure à laquelle les boutiques devaient ouvrir à nouveau, alors je décidai de simplement retourner à mon appartement et me reposer, avec l’intention de tenter à nouveau de trouver le lieu le lendemain matin.
Le jour suivant, un mardi, je retournai en ville sitôt mon petit déjeuner terminé. Je me rendis près du bourj et, cette fois, je me plantai directement sous la pancarte avec la flèche indiquant l’immeuble en face et attendit qu’un policier passe par là. Lorsque j’en vis un passer de l’autre côté de la rue, à moto, je lui fis de grands signes pour qu’il s’arrête. Il s’arrêta immédiatement et tourna en ma direction, puis se stationna devant le marché alimentaire. Il s’approcha et, comme il ne parlait pas anglais, à force de gesticuler en lui montrant la pancarte et l’immeuble en face, je lui fis comprendre que je voulais savoir où se trouvait ce bureau. Il pointa un lieu de l’autre côté de la rue, mais je ne voyais rien qui ressembla à ce que je cherchais. Puis, il pointa avec insistance le toit d’une maison, en face, où je vis qu’on avait installé une pancarte similaire aux deux autres. Je me sentis vraiment ridicule; elle était devant moi depuis le début, mais je ne l’avais pas vue! Je traversai la rue et me retrouvai dans une sorte de grande librairie remplie de gens qui n’étaient manifestement pas Arabes. Je compris qu’il s’agissait de la librairie appartenant au bureau de propagation.
La rencontre
La librairie, donc, était remplie de gens et de livres écrits dans plusieurs langues, mais j’étais trop timide pour demander quelque renseignement que ce fût, car je craignais d’être mal compris. Je cherchai sur les tablettes, mais je ne vis aucun livre de bonne épaisseur et tous les titres en anglais parlaient de Jésus ou étaient des livrets explicatifs sur certains aspects particuliers de la religion. Je remarquai, au fond, près du comptoir, un escalier qui semblait mener au deuxième étage. Le policier m’avait indiqué, par des signes, que le Bureau de propagation était situé à l’étage. Alors, espérant vaguement y trouver une salle de lecture ou autre lieu semblable, je grimpai les marches, souriant, au passage, aux gens se trouvant derrière le comptoir pour pallier à mon incapacité totale à communiquer avec eux.
En haut de l’escalier se trouvait une grande pièce vide. Un peu plus loin, se trouvait une autre pièce avec une très grande table, au centre, et des étagères tout autour, mais contenant seulement quelques livres ici et là. Ces livres étaient tous en langues étrangères et je commençai à désespérer de trouver par moi-même ce que je cherchais. Enfin, un employé du bureau m’aperçut et me demanda ce que je cherchais ou ce que je faisais là ou quelque chose du genre (en fait, j’ignore ce qu’il me dit exactement, car il me parlait dans sa langue, dont je ne comprenais pas un mot). Je lui répondis, en anglais, que je cherchais une copie anglaise du Coran. Il me fit signe d’attendre, qu’il allait chercher quelqu’un. Alors j’attendis.
Un homme grand, barbu et de belle apparence entra dans la pièce où j’attendais. J’allais plus tard le connaître sous le nom d’Abou Abderrahman, mon maître et mentor, mais à ce moment-là, il n’était rien de plus qu’un autre « Saoudien » qui allait peut-être pouvoir m’aider dans ma quête. En anglais, il me demanda ce que je cherchais et je lui dis que je souhaitais lire le Coran.
« Pourquoi voulez-vous lire le Coran? », me demanda-t-il.
« J’aimerais le comparer à la Bible », lui répondis-je.
« Pourquoi? »
« Eh bien, vous savez, pour voir si les deux se ressemblent. »
« Êtes-vous intéressé à connaître l’islam? »
« Euh, oui, je présume. »
« Pourquoi ne lisez-vous pas ces brochures? », me demanda-t-il, en me montrant une brochure sur laquelle était écrit : « Qui est Dieu? ». Je ne souhaitais pas connaître le point de vue de l’islam sur la théologie ou la religion. Ce n’était pas ce que je cherchais. Je voulais lire leurs écritures divines pour voir si elles étaient comparables à la Bible.
« Non, je ne souhaite pas vraiment lire sur l’islam; j’aimerais avoir le livre qui en est la source », lui dis-je.
« Vraiment? », dit-il. « Il est préférable que vous en appreniez plus sur la religion avant de lire le Coran. »
« La religion ne m’intéresse pas comme telle », lui dis-je en espérant ne pas l’offenser. « Je veux seulement lire le Coran. »
« Le Livre n’est pas un jeu », dit-il.
« Je ne suis pas en train de jouer », lui dis-je. « Je suis réellement intéressé à découvrir ce qu’il contient. »
« D’accord, je vais voir ce que je peux faire », dit-il en me cédant le passage. Je le remerciai et il sortit de la pièce.
Jeremy Ben Royston Boulter, ex-chrétien, Royaume-Uni (partie 4 de 7)
Description: L’islam évolue dans le cœur. Partie 4.
- par Jeremy Ben Royston Boulter
- Publié le 07 Jul 2014
- Dernière mise à jour le 06 Jul 2014
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Le Livre
Lorsqu’il revint, il tenait dans sa main un livre épais recouvert d’une jaquette lustrée. Il me précisa qu’il ne s’agissait pas d’une traduction comme telle, mais d’une explication, en langue anglaise, du sens des versets du Coran. Je ne compris pas très bien ce qu’il cherchait à me dire et je lui réitérai que je souhaitais lire une traduction du Coran en langue anglaise. Il me dit qu’il s’agissait bien d’une traduction, mais qu’aucune traduction ne pouvait prétendre se comparer à l’original et que, pour cette raison, on appelait la traduction une explication du sens des versets.
Toujours sans trop comprendre, j’acceptai le livre qu’il me tendait. Je me dis que c’était toujours mieux que rien et il sembla entrevoir ce qui se passait dans ma tête. Comme je m’apprêtais à prendre le livre, il le ramena vers lui et me dit :
« Il y a trois – non, quatre – conditions que vous devez accepter avant que je ne vous donne ce livre. »
« Quelles conditions? », demandai-je, un peu nerveusement.
« Tout d’abord, ne déposez pas ce livre sur le sol, ni même sur une chaise. Vous pourriez, par mégarde, marcher ou vous asseoir dessus, ce qui serait irrespectueux envers ce livre sacré. »
Je pus aisément comprendre cette condition.
« Deuxièmement, je sais que certaines personnes ont pour habitude de lire lorsqu’elles sont aux toilettes. » Il avait raison; je le faisais moi-même à l’occasion.
« Ne faites pas cela avec le Coran », poursuivit-il. « L’endroit où vous vous soulagez n’est pas un lieu approprié pour le Coran. Ne le faites même pas entrer dans la pièce où se trouve la cuvette. » Bon, je comprenais ce qu’il voulait dire, même si je trouvais qu’il poussait un peu. Mais j’avais sincèrement l’intention de respecter cette condition; n’importe quoi pour enfin obtenir ce livre, me dis-je.
« Troisièmement, chaque fois que vous avez terminé de le lire, ne le laissez pas traîner. Rangez-le sur une étagère; c’est plus respectueux. » D’accord, pensai-je. Cela démontre que les musulmans tiennent vraiment à ce Coran et l’honorent beaucoup.
« Quatrièmement, essayez de ne pas laisser le Coran ouvert ou recto vers le bas pour retenir la page à laquelle vous êtes rendu. » Il commence à exagérer, me dis-je.
« Pourquoi? », lui demandai-je.
« La parole d’Allah ne doit pas faire face vers le bas, toujours vers le haut. Si vous voulez retenir votre page, un ruban est rattaché au livre pour servir de signet. » Bien sûr, me dis-je. C’était sans doute la raison pour laquelle la Bible en avait un également!
« J’accepte ces conditions », dis-je d’une voix ferme.
Il me demanda de revenir le voir pour le tenir à jour sur ma lecture, demande que je pris à la légère, sur le coup, et je sortis aussi vite que je pus. Je voulais retourner le plus rapidement possible chez moi et me plonger dans ce livre, surtout que le lendemain était un mercredi et ma dernière journée libre avant le weekend de ce pays qui a lieu le jeudi et le vendredi.
Le catalyseur
Durant toute la semaine suivante, je dévorai le Coran. Je commençai par la première page et lus, à rythme régulier, toute la deuxième sourate. D’une certaine manière, je m’attendais à ce que le livre constitue, entre autres, le récit de la vie de Mohammed, un peu comme les Évangiles ou comme les livres de Moïse, dans la Bible. Mais ce n’était pas le cas.
Dès le départ, je fus captivé par le fait que ce livre semblait s’adresser à moi directement. Il n’y avait pas de « Dieu a dit » ou « Le prophète a dit » telle et telle chose, comme si c’était rapporté par une tierce personne. J’avais vraiment l’impression de recevoir la révélation directement de Dieu Lui-même. Il me parlait à moi personnellement et Ses paroles avaient un effet direct sur mon cœur.
Bientôt, je me mis à pleurer, car je nous reconnaissais, moi et certains membres de ma famille, dans les descriptions des gens du Livre et de leurs croyances erronées et leur entêtement. Même certaines attitudes et points de vue des mécréants, des hypocrites et des polythéistes rejoignaient les miens et ceux de personnes que je connaissais. Mon cœur s’emplit de crainte à la perspective de ce qui attendait les membres de ma famille et de peur profonde devant ce qui m’attendait si je demeurais sur la voie que je suivais à ce moment-là.
Après avoir lu les longues sourates du début, al-Baqarah, al-‘Imran, an-Nisa, al-Ma’idah et al-An’am, je sautai plusieurs autres sourates, à la recherche de sourates plus courtes. Mais même les sourates plus courtes, celles qui contenaient une soixantaine de versets, reprenaient l’essentiel des longues sourates du début. Puis, quand j’arrivai vers la fin du livre, les sourates ne faisaient pas plus de deux ou trois pages, certaines à peine une page et demi. Et les sujets traités étaient plus ciblés.
Et, vers la toute fin, les sourates ne faisaient même pas une page et on en retrouvait parfois deux sur une seule page. À la fin, une des plus courtes sourates attira mon regard :
Dis : « Il est Dieu, l’Unique.
Dieu, le Seul à être imploré pour ce que nous désirons.
Il n’a jamais engendré et n’a pas été engendré.
Et nul ne peut L’égaler. »
C’était là le cœur du Coran, ce que je compris comme étant son véritable message. Et cela m’apparaissait tellement censé. Cela reflétait exactement ma façon de concevoir Dieu, dans la « religion » que je m’étais moi-même créée, en dépit de ce que ma religion d’origine, le christianisme, avait toujours voulu me faire croire au sujet de Jésus et de la trinité.
Le pur monothéisme
Était-ce bien vrai que tous les musulmans croient en un Créateur unique, qui est à la source de l’univers et qui l’administre? Était-il vrai que ce Dieu rejette totalement la notion de procréation divine? Cette religion confirmait-elle ce que j’avais toujours pensé depuis le début? Et si tel était le cas, cela ne signifiait-il pas qu’il y avait un devoir que j’avais négligé durant tout ce temps?
Ces pensées et interrogations se bousculaient dans mon esprit. Je ressentais le besoin de les clarifier et je décidai d’interroger les deux seuls musulmans avec lesquels j’étais un peu plus familier, deux collègues de l’université.
Je les croisai dans l’escalier menant à l’entrée du bâtiment et leur fit signe. Ils savaient que j’étais en train de lire le Coran et ils s’arrêtèrent avec plaisir, heureux de pouvoir m’aider en répondant à mes questions. Je m’excusai de prendre de leur temps et leur parlai de cette découverte que j’avais faite.
« Je lis votre Livre », leur dis-je, « et je suis tombée sur une sourate qui semble résumer le Coran tout entier. »
« De quelle sourate s’agit-il? », demanda Isma’il Rostron, le converti.
« Ici, à la fin, il est écrit :
Dis : « Il est Dieu, l’Unique.
Dieu, le Seul à être imploré pour ce que nous désirons.
Il n’a jamais engendré et n’a pas été engendré.
Et nul ne peut L’égaler. »
« N’est-ce pas le message principal de ce livre? »
« Oui, tout à fait », dit Isma’il..
« C’est drôle que tu dises cela », dit Jamal (c’était un Britannique d’origine pakistanaise et musulman de naissance).
« Il y a une histoire au sujet d’un des compagnons du Prophète, rapportée dans un hadith… »
« Quelle histoire? »
« Il y avait un homme, un commandant d’armée, qui avait pour habitude de mener ses compagnons en prière en récitant toujours la même sourate. Après avoir récité la fatiha, il complétait sa récitation avec « Dis : Il est Dieu, l’Unique… ». Lorsque les compagnons revinrent de campagne, ils s’en plaignirent au Prophète et celui-ci répondit : « Demandez-lui pourquoi il récite toujours ces versets. » Alors les gens allèrent le voir et lui demandèrent pourquoi. Le commandant répondit : « Parce qu’il s’agit de la description d’Allah et j’aime la réciter. » Alors ils retournèrent voir le Prophète pour lui rapporter sa réponse et celui-ci dit : « Dites-lui qu’Allah, le Très-Haut, l’aime. »
« Vraiment? », dis-je, un peu abasourdi par cette confirmation.
« Oui », dit Jamal. « Et il y a un autre hadith qui nous dit exactement à quelle proportion du message équivaut cette sourate du Coran. »
J’étais sur des charbons ardents.
« Un jour, un homme en entendit un autre réciter « Dis : « Il est Dieu, l’Unique… » encore et encore, aux petites heures du matin. Le matin venu, l’homme se rendit voir le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) et lui mentionna la chose en ayant l’air de la minimiser. Le Prophète dit : « Par Celui qui tient mon âme dans Sa main, cette sourate et son message équivalent au tiers du Coran. »
« Alors tu vois, tu avais raison. Cette sourate résume le message central du Coran », poursuivit-il.
J’étais désormais convaincu. Les musulmans croyaient vraiment à ce principe ; nul ne ressentait le besoin de se cacher derrière des intercesseurs ni d’avoir recours à une trinité pour tenter d’expliquer les choses.
« Et qu’en est-il des deux autres tiers? », demandai-je.
« Un tiers traite des histoires des prophètes et des leçons que nous devons tirer de leurs paroles et actions. »
« Que veux-tu dire? »
« Ce que les prophètes ont fait et dit, la façon dont ils ont prêché le message à leur peuple et la façon dont ils se sont comportés envers leur famille et leur communauté. »
« Je vois. Et l’autre tiers? »
« Ce sont les commandements d’Allah sur la façon dont nous devons mener notre vie, individuellement et collectivement », dit-il. « Des trucs comme les règles régissant le mariage, le divorce, les relations parents-enfants, la purification rituelle, la prière, le jeûne, le pèlerinage, le licite et l’illicite, les interdits alimentaires, les interactions sociales, la loi divine et le châtiment. »
Je décidai que j’en avais suffisamment entendu pour cette journée et que je devais aller réfléchir à tout cela.
Jeremy Ben Royston Boulter, ex-chrétien, Royaume-Uni (partie 5 de 7)
Description: L’islam évolue dans le cœur. Partie 5.
- par Jeremy Ben Royston Boulter
- Publié le 14 Jul 2014
- Dernière mise à jour le 14 Jul 2014
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Trois conditions
Je me mis à penser à la peine que je ressentais pour ma famille et je décidai d’attendre que trois conditions soient remplies avant d’embrasser l’islam.
1. Que mon épouse accepte cette religion elle aussi.
2. Qu’elle accepte d’abandonner son emploi et de venir vivre avec moi en Arabie.
3. Qu’un problème (personnel) entre elle et moi soit réglé.
Je me promis d’attendre que ces trois conditions soient remplies et fis le serment de ne pas embrasser l’islam avant qu’elles ne le soient.
Je commençai à parler de mes lectures à mon épouse. Même si je faisais des efforts pour ne pas paraître trop enthousiaste, mon étonnement par rapport à ce que j’avais découvert et mon accord total avec ces notions devaient certainement ne pas passer inaperçus. Je lui écrivis email par-dessus email et clavardai longuement avec elle sur msn. Je lisais constamment sur le sujet, entre autres sur internet, et je m’attardais aux arguments que les musulmans tiraient de la Bible pour appuyer l’islam. Mon enthousiasme d’avoir découvert que l’islam était, en quelque sorte, une extension de notre religion, mais purifiée de ses erreurs et de ses faussetés, dut l’affecter beaucoup, car elle manifesta une certaine consternation et elle finit par écrire : « Tu parles comme si ta conversion était chose faite. »
Suite à ce commentaire, je fis une pause, car je venais de réaliser que même si je ne l’avais pas prononcé avec ma bouche, j’avais déjà fait ce pas, dans mon cœur; et la réponse que je lui fis refléta cette réflexion :
« C’est effectivement chose faite. »
À partir de ce moment, mon épouse n’eut de cesse de me reprocher de ne pas l’avoir consultée avant de prendre une décision aussi importante. Et, chaque fois, je me défendais en lui répondant que je ne m’étais pas officiellement converti, mais que je l’avais fait dans mon cœur uniquement. Cette dispute fit dérailler mes efforts pour lui transmettre le message de l’islam et mena à des rencontres très tendues et pénibles lors des vacances, quand je rentrais chez moi, et au cours des trois étés suivants. Mais ça, c’est une autre histoire.
La mosquée et les orphelins
Entretemps, je fis pour la première fois l’expérience de prier avec des musulmans. Un weekend, en début de soirée, je revenais chez moi, à pied, d’un après-midi de shopping. J’avais acheté des vêtements similaires à ceux portés par les gens de la place et je voulais les étrenner. En fait, je portais une de ces robes pour hommes (thobe), que je venais juste d’acheter, et transportais dans un sac mes vêtements « occidentaux ». Le soleil était à l’ouest, au moment où je quittai le centre-ville, et pratiquement couché alors que j’étais à mi-chemin de chez moi. C’est alors que se fit entendre l’appel à la prière en provenance d’une petite mosquée de laquelle je m’approchais. Des gens fermèrent leurs volets et les marchands de rue recouvrirent de bâches leurs biens à vendre. Des hommes sortirent de tous les commerces et habitations environnants, se dirigeant en un flot continu vers l’une ou l’autre mosquée du voisinage. C’était impressionnant! Un seul appel en provenance du minaret et des milliers de réponses en un instant. Je décidai d’aller voir les gens prier pour me faire une idée de ce qu’était la prière, en islam.
Alors que la prière débutait, je tentai du mieux que je pus d’imiter les fidèles, autour de moi. Il y avait déjà deux rangs de formés et, lorsque les gens se joignaient à un rang, ils levaient les mains, puis les croisait sur leur poitrine. Cela me sembla facile à suivre et j’allai me placer dans un rang. Plusieurs enfants vinrent se mettre en rang à ma suite, formant un bout de rang un peu agité. Tandis que les hommes, autour de moi, s’inclinaient et se prosternaient, je copiai leurs mouvements, tout en jetant des regards furtifs, à gauche et à droite, pour voir si j’étais repéré. Nul ne me portait attention et chacun était concentré, les yeux baissés regardant un point invisible devant ses pieds. Leur communion avec Dieu était palpable et je tentai de me connecter à Dieu de la même façon, malgré le fait que je n’avais aucune idée de ce qu’ils disaient et de ce que je devais dire pour établir ce lien.
« Mon Dieu, aide-moi à remplir les conditions que je me suis imposées et convainc mon épouse (de se convertir). Guide-moi vers Toi et guide ma famille. Je crois en Toi, le Dieu unique, et je ne crois en aucun être humain en tant que divinité. »
Je répétai cette invocation, encore et encore, comme un mantra. Je ne crois pas avoir atteint le même degré de communion que les fidèles, autour de moi, mais je sentis un soulagement, dans mon cœur, une fois la prière terminée. Comme je remettais mes chaussettes et mes souliers, deux des enfants qui avaient prié près de moi vinrent me voir.
"Anta Muslim? Limada tusalli? ‘adam wa’dha al yedduka al yameen ala shimal."
Les enfants avaient repéré que j’étais un véritable blanc-bec et doutaient que je fusse réellement musulman. Ils me montrèrent comment j’aurais dû positionner mes mains, comment j’aurais dû me prosterner et m’incliner, comment j’aurais dû positionner mes pieds, etc. Évidemment, je ne comprenais pas l’arabe, mais j’avais compris, par leurs signes, qu’ils estimaient que j’avais besoin d’un certain entraînement avant de prétendre passer pour un véritable membre de la congrégation. Ils me firent signe de les suivre jusqu’à leur domicile afin que leur frère aîné puisse me parler.
Devant leur porte, j’hésitai à entrer, méfiant. Alors un des enfants revint et me fit signe d’entrer. Je le suivis dans un couloir et il me fit signe d’entrer dans une pièce, à droite, dans laquelle je pénétrai en traversant un rideau de perles. La pièce était en fait un petit salon, dont le sol était recouvert de coussins, typique des maisons arabes. Un jeune adolescent, qui avait peut-être 15 ou 16 ans, se leva et vint me saluer.
Il était très hospitalier, mais ne put m’aider à comprendre ce que les enfants essayaient de me dire. Il me servit du café arabe, dans de petites tasses, et me proposa quelques dattes. Je me demandai tout à coup pourquoi c’étaient les enfants qui me recevaient chez eux; où étaient les parents?
« Où sont papa et maman? » demandai-je.
Soit il ne comprit pas, soit il lui était impossible de l’expliquer par signes. Il me fit signe d’attendre, alors je me dis qu’ils allaient peut-être arriver bientôt. Mais plutôt que les parents, c’est un autre jeune homme, à peine sorti de l’adolescence, qui vint nous rejoindre. Il parut surpris de me voir assis dans le salon avec son frère et nous échangeâmes quelques mots.
« Ameriki? »
Je secouai la tête : « Non, British ».
« Bienvenue, bienvenue », me dit-il en anglais. « Café? »
Je secouai à nouveau la tête; j’en avais assez bu.
Il se leva et me fit signe de le suivre. « Tawadha », dit-il, ce qui signifiait « allons faire nos ablutions ». Il frotta ses mains ensemble, comme s’il les lavait. « Laver, aller masjid ».
Il voulait que nous nous préparions à nous rendre à la mosquée pour la prière du soir.
Une fois à l’extérieur, il me dit : « Mettre votre main », soulevant ma main droite « sur ça », ajouta-t-il, la plaçant par-dessus ma main gauche, puis les soulevant les deux pour les coller sur ma poitrine. Nous étions en train de traverser la rue et il s’était arrêté en plein milieu pour me montrer comment positionner mes mains, comme s’il n’y avait aucune voiture autour de nous. Il me montra à prier en levant ses deux mains près de ses oreilles. « Faites comme moi! »
À la mosquée, je me mis en rang à côté de lui et l’imitai du mieux que je pouvais.
Lorsque nous retournâmes chez lui, le repas était servi sur une grande nappe à même le sol. Je lui demandai : « votre maman? »
Je me dis que le mot « maman » était un mot international pour désigner une mère et qu’il comprendrait. Il secoua la tête et mima la position du sommeil et fit un mouvement vers le bas avec sa paume ouverte. « Baba wa mama fiy mout,yarhamhummullah. Ma sœur fait manger. »
Ils étaient donc orphelins et ce jeune homme avait, avec sa sœur, la responsabilité d’élever sa famille. Comme il s’exprimait difficilement en anglais, la conversation fut très décousue. Il demanda : « Vous aimez islam? »
Je lui fis signe que oui.
« Pourquoi vous pas musulman? »
Je lui dis que j’avais besoin de temps pour réfléchir.
Il m’offrit de me ramener chez moi et j’acceptai. « Vous besoin aide, vous visiter nous », me dit-il au moment où je descendais de voiture.
Je le remerciai.
Puis, des paroles que j’allais entendre des milliers de fois, dans ce pays, sortirent de sa bouche : « Besoin service? »
La gentillesse et la générosité de cette famille orpheline restèrent tout au fond de mon cœur. J’avais été très touché par leur bonté et apprécié leurs efforts sincères pour me guider. Mais la personne qui eut le plus grand impact sur moi était un homme dont j’allais bientôt faire la rencontre. C’était un Iranien séjournant en Arabie et cherchant à obtenir la citoyenneté américaine et il s’apprêtait à arriver dans ma vie à l’improviste.
Jeremy Ben Royston Boulter, ex-chrétien, Royaume-Uni (partie 6 de 7)
Description: L’islam évolue dans le cœur. Partie 6.
- par Jeremy Ben Royston Boulter
- Publié le 14 Jul 2014
- Dernière mise à jour le 13 Jul 2014
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Ali Jamily
Ali Jamily était le quatrième collègue musulman « occidental » duquel je faisais connaissance. Il arrivait tout juste des États-Unis. Il avait conduit jusque chez nous depuis Jeddah et la première chose qu’il avait faite, en arrivant en Arabie, avait été de visiter la maison de Dieu et de circuler autour (ce qui est appelé le petit pèlerinage, ou Oumrah). C’était là une des caractéristiques d’Ali, avec lequel j’allais plus tard me lier d’amitié : son obsession avec la Maison de Dieu (Kabah) et le fait d’aller la visiter le plus souvent possible. Il portait des verres fumés et avait une apparence « cool ». Une autre chose que j’allais apprendre de lui était son admiration pour les normes sociales et légales américaines, qu’il comparait aux normes saoudiennes en dépréciant celles-ci. Et pourtant, sous cet extérieur « occidental » se cachait un cœur qui aimait Dieu passionnément. Peu de temps après avoir fait ma connaissance, il me demanda si je connaissais l’islam et je lui dis que j’avais lu le Coran. Évidemment, il me demanda tout de suite si j’avais l’intention de me convertir et je lui parlai des trois conditions que je souhaitais voir se réaliser avant de me convertir.
« Mais est-ce que ça va bien? », me demanda-t-il. « Tu ne peux imposer des conditions à Dieu! » « Tu devrais te prosterner tout de suite et implorer Son pardon! Si tu es convaincu que l’islam est la vérité, prononce ton attestation de foi maintenant! »
« Pourquoi ne puis-je établir des conditions? », demandai-je. « Je veux que ma famille soit musulmane; est-ce trop demander? »
« Dieu guide qui Il veut. Refuses-tu réellement de répondre à Son appel pour des raisons familiales? Même le Prophète (que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui) n’a jamais pu guider toute sa famille vers l’islam et son oncle est mort mécréant malgré le fait qu’il était à son chevet et l’implorait de prononcer l’attestation de foi », me dit-il.
« Mais j’aimerais en parler avec ma famille avant! », lui dis-je, pensant à part moi-même que ma famille était en droit de connaître les raisons qui m’amèneraient à prendre une décision aussi importante que de me convertir à une autre religion.
« Et si tu mourais avant de te convertir? », me demanda-t-il. « Si tu meurs alors que tu connaissais la vérité tout en la refusant, tu iras certainement en Enfer! As-tu une idée à quel point tu es chanceux? Ce n’est pas tout le monde à qui Dieu décide d’ouvrir les yeux; tu n’as pas le droit de refuser la chance qu’Il t’offre », ajouta-t-il.
Sur le coup, je fus décontenancé par son attitude. Mais, plus tard, en y repensant, je me dis qu’il avait peut-être raison et que je serais stupide de laisser passer cette chance.
Ma déclaration d’islam
L’étape suivante, pour moi, consistait donc à retourner au Bureau de propagation de la foi et à leur demander comment embrasser l’islam. Lorsque j’entrai dans ce bureau pour la deuxième fois, on me regarda avec surprise et confusion. Je présume qu’il n’y avait pas beaucoup d’Européens blancs qui se présentaient ainsi à leur bureau et je vis qu’ils me sondaient, tentant de deviner pourquoi j’étais là.
Un Indien, Shaykh Farooq, parla le premier.
« Que voulez-vous? »
Son anglais était bon. Toutefois, j’étais aussi étonné qu’ils ne comprennent pas pourquoi j’étais venu les voir qu’ils l’étaient de me voir là. Lorsque je lui expliquai pourquoi j’étais là, il me dit que je devais recevoir des explications détaillées sur ce qu’était l’islam et connaître les conditions de la déclaration de foi.
Cela m’apparut de mauvais augure. Je m’étais attendu à ce qu’on m’accueille à bras ouverts et qu’on me fasse prononcer sur-le-champ l’attestation de foi, mais ils insistèrent sur le fait que j’avais besoin d’être informé en détail sur l’islam.
Deux autres personnes m’avaient précédé dans le bureau, deux personnes originaires des Philippines qui souhaitaient elles aussi se convertir à l’islam. David était un chrétien pratiquant qui avait connu l’islam dans le cadre des leçons d’arabe qu’il prenait au centre de propagation. Par coïncidence, c’était l’électricien qui s’occupait du complexe d’habitation dans lequel je résidais. John, quant à lui, venait se convertir parce que sa femme était musulmane. David, son ami, l’avait littéralement traîné jusqu’au bureau.
Quelqu’un décida de nous faire revenir tous les trois pour prononcer ensemble l’attestation de foi devant deux témoins musulmans, après quoi nous serions officiellement musulmans. Ils nous dirent qu’un prêcheur serait présent le weekend suivant, le jeudi, après la prière du midi.
Le jeudi suivant, comme David et moi habitions le même complexe, John vint nous y rejoindre et nous nous rendîmes ensemble au Bureau de propagation. Ils nous conduisirent dans une grande salle de séjour sur le sol de laquelle il y avait des coussins. Shaykh Ehab, ou Abou Abderrahman, tel que je le connaissais depuis qu’il m’avait donné une traduction du Coran, et Shaykh Farooq, que j’avais rencontré quelques jours auparavant, étaient présents et nous attendaient. Puis, Shaykh Ibrahim, le dirigeant du Bureau de propagation de Ha’il, fit entrer deux hommes que je ne connaissais pas. On nous dit qu’il s’agissait de volontaires. Shaykh Sa’oud travaillait pour la compagnie d’électricité saoudienne et Shaykh AbdoulAziz pour la compagnie de téléphone saoudienne. C’est Shaykh Sa’oud qui prit la parole.
Il nous expliqua que l’islam est une religion monothéiste et que décider de s’y convertir était une grande décision à prendre. Une fois converti, nous ne pourrions plus songer à revenir en arrière et si nous revenions en arrière, nous serions soumis à la peine de mort pour apostasie.
Je répondis que je comprenais le sérieux de ma démarche.
Puis, il nous parla des six principes de la foi. « D’abord, vous devez savoir et croire, dans votre cœur et dans vos prières, qu’Allah est votre Dieu et qu’il n’y a pas d’autre divinité à part Lui. »
« Voilà la principale raison pour laquelle je suis ici », me dis-je en moi-même.
Il poursuivit : « Cela signifie que vous ne devez utiliser aucun objet ni aucune image pour vous aider à vous concentrer dans votre adoration, car ce sont des idoles. Et votre adoration ne doit se faire qu’envers Dieu, sans aucun intermédiaire humain ou spirituel, fut-il prophète, prêtre, ange ou élément naturel. Comprenez-vous bien ce que je vous dis? »
Nous acquiesçâmes.
Il poursuivit : « Vous devez croire aux anges, qui sont les messagers et serviteurs de Dieu. Ils transmettent Sa parole aux prophètes et font tout ce qu’Il leur commande, sur terre et dans les cieux. »
Nous approuvâmes de la tête. C’étaient les anges qui avaient détruit Sodome et Gomorrhe, sur le commandement de Dieu et les anges, encore, qui avaient annoncé à Marie la naissance de Jésus.
« Et vous devez croire au message de Dieu tel qu’écrit dans le Coran, ainsi qu’aux messages envoyés aux prophètes précédents et que l’on retrouve dans la Torah, les Psaumes et l’Évangile. Nous croyons que tous ces livres ont été révélés par Dieu. »
« Oui », pensai-je.
« Croyez-vous que ces messages furent révélés par Dieu, à Ses prophètes, par l’intermédiaire des anges? »
Nous approuvâmes.
« Les musulmans croient en tous les prophètes; ce sont eux qui nous ont transmis le message de Dieu depuis Adam. Mohammed fut le dernier prophète envoyé par Dieu et le Coran est le dernier message révélé à l’humanité. Et vous devez croire que Jésus, que la paix soit sur lui, n’est pas Dieu ni le fils de Dieu. C’est un homme, comme nous, créé par Dieu, dans le ventre de Marie, et un messager de Dieu, comme Mohammed, que la paix et les bénédictions de Dieu soient sur lui. Qu’en dites-vous? »
« Jésus était un prophète comme Mohammed », dit David. J’approuvai de la tête. « C’est évident », pensai-je.
« Vous devez également croire que nous serons ressuscités, au Jour du Jugement, et que dans l’au-delà, nous serons envoyés dans l’une des deux destinations finales : le Paradis ou l’Enfer. Telle est la base de notre libre-arbitre; nous choisissons où nous irons selon les actions que nous accomplissons ici-bas. »
C’était là une partie intégrante de la croyance chrétienne, alors je n’eus aucun mal à l’assimiler. Nous approuvâmes tous.
Jeremy Ben Royston Boulter, ex-chrétien, Royaume-Uni (partie 7 de 7)
Description: L’islam évolue dans le cœur. Partie 7.
- par Jeremy Ben Royston Boulter
- Publié le 21 Jul 2014
- Dernière mise à jour le 21 Jul 2014
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« Enfin, vous devez croire en la prédestination, aussi appelée « destin ». Tout ce qui vous arrive, en ce monde, c’est par la volonté d’Allah. Si vous en êtes satisfaits, vous dites « alhamdoulillah » (gloire à Dieu). Et si vous en êtes attristés, il s’agit d’une épreuve ou d’un châtiment. Même si c’est le cas, vous dites quand même « alhamdoulillah » (gloire à Dieu) et vous vous repentez et corrigez votre conduite. Mais surtout, vous devez faire preuve de patience et espérer que quelque chose de meilleur vienne croiser votre chemin. »
Cette notion, je dois l’avouer, m’était difficile à saisir. Même les compagnons avaient demandé au Prophète : « Pourquoi nous efforcer de faire le bien si nous ne pouvons éviter notre destin? Devons-nous cesser nos efforts et nous résoudre à simplement espérer et faire confiance en Allah? »
Sa réponse se résumait à ne pas baisser les bras et à continuer d’accomplir de bonnes actions. Nous usons de notre libre-arbitre et décidons des actions que nous posons. Et Allah, connaissant d’avance l’usage que nous ferons de notre libre-arbitre, nous a déjà destinés au Paradis ou à l’Enfer. Nous ne connaissons pas notre destin, alors nous devons toujours nous efforcer de faire le bien à tout moment, au cas où la mort viendrait nous chercher à l’improviste.
Même si ce dernier point était loin d’être clair, pour moi, les cinq premiers points l’étaient. Et, tous trois, David, John et moi, dîmes que nous étions prêts à prononcer la shahadah.
On nous la fit prononcer chacun notre tour en nous demandant de répéter les paroles suivantes :
"Ash-shaddou an laa ilaha illa Allah, wa ash-shaddou ana Mohammadan nabiyyan wa rasoulou Llah."
Un bain purificateur et une nouvelle vie
On nous expliqua que quiconque prononçait la shahadah, non seulement devenait-il musulman, mais Allah lui promettait le Paradis, même si ses bonnes actions étaient peu nombreuses. Puis on nous dit : « Maintenant, vous devez aller prendre un bain et accomplir votre première prière rituelle, qui sera celle du midi, suivie de celle de l’après-midi. Yousouf vous montrera comment faire. »
Avant que Yousouf ne commence à nous montrer comment faire, les frères présents vinrent nous faire l’accolade et nous féliciter tous les trois. Puis, on me posa une question qu’on allait me poser souvent, par la suite, si souvent que j’allais finir par croire qu’il s’agissait d’un élément essentiel de ma conversion à l’islam. « Par quel nom te feras-tu appeler, maintenant que tu es musulman? »
« Pourquoi devrions-nous changer de nom? »
« Vous commencez une nouvelle vie, comme un enfant qui naît. Vous n’êtes vieux que d’une minute! »
Eh bien, je n’avais choisi aucun nom parce que je n’y avais même pas pensé. Mais quand vint le temps de signer le certificat de conversion, je choisis un nom – une action que je regrettai plus tard. David et John gardèrent leur nom, simplement traduit, en arabe, par Daoud et Yahya.
Il faisait encore jour, il était près de trois heures et demie. Yousouf était un prêcheur chinois et travaillait au Bureau de propagation. Il nous montra à faire nos ablutions en nous expliquant chaque étape. C’était plus clair que ce que m’avaient montré les orphelins.
Il s’assura que je faisais le tout correctement, puis me conseilla d’aller aux toilettes. « Quand tu pries, tu dois avoir le moins de distractions possible, comme la faim et la soif, ou encore l’envie d’aller aux toilettes. Tu dois faire attention aux flatulences, car elles rompent ton état de pureté obtenu par les ablutions et t’obligent à refaire tes ablutions. »
Il me dit de prendre mon bain rituel après être allé aux toilettes. Ce bain me purifierait et symboliserait mon entrée dans l’islam, tout en me préparant pour mes prières de l’après-midi. J’y vis un rappel de ce que Jean-le-Baptiste exigeait de ceux qui souhaitaient entrer dans la religion qu’il prêchait. Il ne s’agissait pas, toutefois, de simplement verser de l’eau sur la tête, mais de s’immerger complètement dans l’eau. Mais comme il n’y a pas de cours d’eau en Arabie, on me dit de procéder en quatre étapes. D’abord, laver les parties intimes, puis faire les ablutions comme pour la prière rituelle. Puis, laver tout mon corps en puisant l’eau d’une bassine en commençant par le côté droit, puis le gauche. Et, enfin, verser un pichet rempli d’eau sur ma tête, en m’assurant que toutes les parties de mon corps soient touchées par l’eau. Je fis comme il me dit de faire et revins le voir pour accomplir ma première prière en tant que musulman.
Yousouf nous appela près de lui et nous dit qu’il allait nous mener en prière puisque c’était la première fois.
Pour accomplir la prière, en islam, il faut faire face à la Mecque, où se trouve la Kabah. La prière consiste à se tenir debout, mains sur le torse, à s’incliner une fois par unité de prière, à se prosterner deux fois par unité et à s’asseoir sur ses talons (plusieurs fois durant la prière). J’ai rédigé les grandes lignes de la prière rituelle, incluant les récitations et les invocations, dans un autre article sur la purification et la prière.
L’histoire de ma conversion à l’islam se termine avec cette première prière rituelle. De nombreuses épreuves et tribulations suivirent, mais ça, c’est une autre histoire. Si vous ressentez le besoin ou l’envie de vous convertir à l’islam, rappelez-vous que l’islam est un refuge spirituel et l’assurance du soutien d’Allah. Mais c’est aussi le début de nombreuses épreuves, dans votre quotidien, car Allah fait de la vie du croyant une épreuve constante. Les problèmes que vous connaissez, en ce monde, ne disparaîtront pas parce que vous vous convertissez à l’islam; mais ils diminueront petit à petit avec l’aide d’Allah. Alors soumettez-vous et soyez patient et Allah vous inclura parmi ceux qui seront récompensés doublement. Je vous laisse avec mes versets préférés du Coran, tirés de la 28e sourate :
« Nous leur avons déjà fait parvenir Notre parole afin qu’elle leur serve de rappel. Ceux à qui Nous avions donné les Écritures [avant le Coran] croient à ce dernier. Et quand on le leur récite, ils disent : « Nous y croyons. Il s’agit bien de la vérité émanant de notre Seigneur. Avant même sa révélation, nous étions soumis (à Dieu). » Voilà ceux qui recevront une double récompense pour leur patience, pour avoir répondu au mal par le bien, et pour avoir dépensé (en charité) de ce que Nous leur avons attribué. Et quand ils entendent des futilités, ils s’en détournent en disant : « À nous nos actions et à vous les vôtres. Que la paix soit sur vous! » (Puis en eux-mêmes se disent) : « Nous n’allons pas débattre avec des ignorants! » (Coran 28:51-55)
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