Jeremy Ben Royston Boulter, ex-chrétien, Royaume-Uni (partie 3 de 7)
Description: L’islam évolue dans le cœur. Partie 3.
- par Jeremy Ben Royston Boulter
- Publié le 07 Jul 2014
- Dernière mise à jour le 07 Jul 2014
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Un nouveau départ
Quand mes amis apprirent que j’allais travailler dans le Golfe, je reçus d’eux un déluge de conseils bien intentionnés. On me dit que je m’ennuierais, en Arabie, que je n’allais rien y trouver à faire, que je m’y sentirais prisonnier, etc. On m’avertit que je serais traité comme un esclave et que les gens essaieraient de me tromper par tous les moyens; que l’atmosphère ne serait pas favorable à la création d’amitiés et que je m’y sentirais bien seul. Malgré tout, je savais qu’il s’agissait, pour moi, de la seule issue à mon problème d’endettement. Alors, comme j’avais fait chaque fois que j’avais émigré dans un nouvel endroit où la culture était différente de la mienne, je m’efforçai de faire fi de mes préjugés culturels et je partis avec l’intention de juger cette société sur ses qualités propres.
Dès mon arrivée, je fus agréablement surpris de l’accueil amical que me réservèrent la plupart des habitants locaux. Plutôt que les regards hautains, la morale douteuse et l’honneur chatouilleux auxquels je m’étais attendu, je fus accueilli avec chaleur, curiosité et générosité. Mes hôtes se mirent en quatre pour me faire plaisir, à moi, un étranger chez eux. Je ne prétends pas, toutefois, ne pas avoir croisé de nombreux hypocrites. Les travailleurs étrangers de pays comme le Pakistan, le Bangladesh et d’autres pays du même coin y sont sérieusement exploités et traités de façon injuste et misérable par la majorité des Arabes. Mais cette condescendance, on ne la dirigea jamais vers moi. Je dois toutefois dire que ce n’est ni leur culture ni leur société qui m’attirèrent vers l’islam. Car si j’avais jugé l’islam sur la base de leur culture, je crois bien que je me serais sauvé de cette religion en courant. Non, c’est autre chose qui m’attira vers l’islam.
La motivation
Le catalyseur qui me fit passer d’un homme vaguement religieux à un homme totalement soumis à Dieu fut un événement banal en apparence. À l’aéroport de Ha’il, qui était en réalité un tout petit aérodrome, je me retrouvai devant une grande pancarte de couleur verte sur laquelle était écrit : « The Ha’il islamic propagation and guidance office » (bureau de propagation islamique de Ha’il), suivi du numéro de téléphone dudit bureau, le tout en anglais. Je me souviens m’être étonné du fait que la pancarte était rédigée en anglais, mais je ne m’y attardai pas outre mesure.
La navette de l’université vint me chercher pour me conduire sur les lieux, où on me demanda de montrer mon passeport et de remplir un formulaire d’arrivée. On m’envoya ensuite chez le directeur du département d’anglais. Lorsque j’entrai dans son bureau, je me retrouvai devant un homme vêtu de la traditionnelle « robe » de ce pays. Mais, à mon œil inexercé, il n’avait pas l’air d’un Arabe. Il se sentit probablement mal à l’aise devant mon regard insistant, tandis que je cherchais à mettre le doigt sur ses véritables origines, mais il n’en laissa rien paraître. Je ne découvris que plus tard qu’il était en fait Gallois et qu’il s’était converti à Brunei avant de venir vivre en Arabie. Il me dit qu’il me laissait le reste de la semaine pour m’installer, ce qui signifiait que j’avais cinq jours, devant moi, avant de commencer à enseigner. Je m’installai assez rapidement, ce qui me laissa quatre jours de liberté. Puis, je me souvins de la pancarte en anglais que j’avais vue à l’aérodrome et commençai à réfléchir sur la religion du pays où je me trouvais.
Je connaissais la Bible et savais que la Torah en faisait partie. J’avais lu quelques livres hindous, dont la Bhagavad Gita, de même que de petits livres pratiques sur d’autres religions ou théories religieuses. Mais je n’avais jamais lu le Talmud, pas plus que le Coran. Pour une raison que j’ignore, j’avais toujours eu l’impression que ces deux livres étaient en quelque sorte « interdits » aux non-juifs et non-musulmans. Et je croyais qu’ils n’étaient disponibles que dans leurs langues d’origine, dont je ne connaissais rien. Mais le fait que cette pancarte était rédigée en anglais me fit entrevoir la possibilité de trouver une traduction anglaise du Coran au Bureau de propagation islamique. J’aurais ainsi l’occasion de lire le Coran et de juger par moi-même de la source de cette religion.
Je me rendis donc au centre-ville pour trouver l’endroit. Le centre-ville de Ha’il comprenait un bâtiment de six étages, qui occupait tout un pâté et que les résidents appelaient Al-Bourj, ce qui signifie « tour », car il s’agissait, en fait, de l’unique bâtiment de cette hauteur de toute la ville. En face du bourj se trouvait un marché alimentaire qui servait également de… lieu d’exécution, comme je l’appris plus tard. À une intersection, je trouvai la même pancarte que j’avais vue à l’aérodrome, cette fois sous forme de pancarte de signalisation, qui comprenait une flèche montrant la direction du bureau de la propagation. Mais, j’avais beau regarder dans la direction de la flèche, toutes les vitrines et les portes n’étaient identifiées qu’en arabe, ce qui ne m’avança guère. Toutes les boutiques étaient fermées, comme elles le sont toutes, l’après-midi; je ne pouvais donc interroger personne sur le lieu que je cherchais. Je n’avais aucune idée de l’heure à laquelle les boutiques devaient ouvrir à nouveau, alors je décidai de simplement retourner à mon appartement et me reposer, avec l’intention de tenter à nouveau de trouver le lieu le lendemain matin.
Le jour suivant, un mardi, je retournai en ville sitôt mon petit déjeuner terminé. Je me rendis près du bourj et, cette fois, je me plantai directement sous la pancarte avec la flèche indiquant l’immeuble en face et attendit qu’un policier passe par là. Lorsque j’en vis un passer de l’autre côté de la rue, à moto, je lui fis de grands signes pour qu’il s’arrête. Il s’arrêta immédiatement et tourna en ma direction, puis se stationna devant le marché alimentaire. Il s’approcha et, comme il ne parlait pas anglais, à force de gesticuler en lui montrant la pancarte et l’immeuble en face, je lui fis comprendre que je voulais savoir où se trouvait ce bureau. Il pointa un lieu de l’autre côté de la rue, mais je ne voyais rien qui ressembla à ce que je cherchais. Puis, il pointa avec insistance le toit d’une maison, en face, où je vis qu’on avait installé une pancarte similaire aux deux autres. Je me sentis vraiment ridicule; elle était devant moi depuis le début, mais je ne l’avais pas vue! Je traversai la rue et me retrouvai dans une sorte de grande librairie remplie de gens qui n’étaient manifestement pas Arabes. Je compris qu’il s’agissait de la librairie appartenant au bureau de propagation.
La rencontre
La librairie, donc, était remplie de gens et de livres écrits dans plusieurs langues, mais j’étais trop timide pour demander quelque renseignement que ce fût, car je craignais d’être mal compris. Je cherchai sur les tablettes, mais je ne vis aucun livre de bonne épaisseur et tous les titres en anglais parlaient de Jésus ou étaient des livrets explicatifs sur certains aspects particuliers de la religion. Je remarquai, au fond, près du comptoir, un escalier qui semblait mener au deuxième étage. Le policier m’avait indiqué, par des signes, que le Bureau de propagation était situé à l’étage. Alors, espérant vaguement y trouver une salle de lecture ou autre lieu semblable, je grimpai les marches, souriant, au passage, aux gens se trouvant derrière le comptoir pour pallier à mon incapacité totale à communiquer avec eux.
En haut de l’escalier se trouvait une grande pièce vide. Un peu plus loin, se trouvait une autre pièce avec une très grande table, au centre, et des étagères tout autour, mais contenant seulement quelques livres ici et là. Ces livres étaient tous en langues étrangères et je commençai à désespérer de trouver par moi-même ce que je cherchais. Enfin, un employé du bureau m’aperçut et me demanda ce que je cherchais ou ce que je faisais là ou quelque chose du genre (en fait, j’ignore ce qu’il me dit exactement, car il me parlait dans sa langue, dont je ne comprenais pas un mot). Je lui répondis, en anglais, que je cherchais une copie anglaise du Coran. Il me fit signe d’attendre, qu’il allait chercher quelqu’un. Alors j’attendis.
Un homme grand, barbu et de belle apparence entra dans la pièce où j’attendais. J’allais plus tard le connaître sous le nom d’Abou Abderrahman, mon maître et mentor, mais à ce moment-là, il n’était rien de plus qu’un autre « Saoudien » qui allait peut-être pouvoir m’aider dans ma quête. En anglais, il me demanda ce que je cherchais et je lui dis que je souhaitais lire le Coran.
« Pourquoi voulez-vous lire le Coran? », me demanda-t-il.
« J’aimerais le comparer à la Bible », lui répondis-je.
« Pourquoi? »
« Eh bien, vous savez, pour voir si les deux se ressemblent. »
« Êtes-vous intéressé à connaître l’islam? »
« Euh, oui, je présume. »
« Pourquoi ne lisez-vous pas ces brochures? », me demanda-t-il, en me montrant une brochure sur laquelle était écrit : « Qui est Dieu? ». Je ne souhaitais pas connaître le point de vue de l’islam sur la théologie ou la religion. Ce n’était pas ce que je cherchais. Je voulais lire leurs écritures divines pour voir si elles étaient comparables à la Bible.
« Non, je ne souhaite pas vraiment lire sur l’islam; j’aimerais avoir le livre qui en est la source », lui dis-je.
« Vraiment? », dit-il. « Il est préférable que vous en appreniez plus sur la religion avant de lire le Coran. »
« La religion ne m’intéresse pas comme telle », lui dis-je en espérant ne pas l’offenser. « Je veux seulement lire le Coran. »
« Le Livre n’est pas un jeu », dit-il.
« Je ne suis pas en train de jouer », lui dis-je. « Je suis réellement intéressé à découvrir ce qu’il contient. »
« D’accord, je vais voir ce que je peux faire », dit-il en me cédant le passage. Je le remerciai et il sortit de la pièce.
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